Samedi soir, 350 drones chorégraphiés par les artistes David Brognon et Stéphanie Rollin illumineront le ciel de Luxembourg, pour un spectacle inédit mêlant art contemporain et musique électronique. Ils racontent.
Ils estiment n’être qu’un «petit maillon dans la chaîne». Pourtant, samedi soir, David Brognon et Stéphanie Rollin vont offrir au Grand-Duché son deuxième spectacle de drones, à l’occasion du Trounwiessel.
Quatre ans après celui de Differdange, où 50 appareils avaient survolé la Cité du Fer aux couleurs de Noël en reproduisant des motifs spéciaux pour les fêtes de fin d’année.
Samedi soir, ils seront sept fois plus nombreux au-dessus du cimetière Notre-Dame dans la capitale. Du jamais vu dans le pays. Si le temps le permet. «La pluie ne pose pas trop de problème, c’est surtout le vent. On croise les doigts», nous confie Stéphanie Rollin, à quelques jours de l’échéance.
350 drones viendront donc illuminer le ciel de Luxembourg et surtout, raconter une histoire… «C’est plus intéressant de dérouler une histoire que de faire un diaporama», expliquent les deux compères, connus essentiellement pour leurs expositions d’art contemporain.
Deux destinées
C’est d’ailleurs pour ce registre qu’ils ont été contactés par Laurent Loschetter, cofondateur et codirecteur de l’Atelier, chargé d’organiser l’événement dans la capitale.
«Il cherchait quelqu’un pour ajouter une touche d’art contemporain, en plus de la musique, du théâtre, de la danse, déjà programmés. Mais il ne savait pas encore complètement comment.» Très vite, le duo repère le spectacle de drones et s’y intéresse de plus près.
Si l’Atelier y voyait davantage «un interlude», une «transition entre deux shows», David et Stéphanie veulent monter d’un cran. Et prennent les choses en main, sans avoir jamais travaillé avec cette technologie auparavant.
«C’est une première! Mais nous avions déjà réalisé pas mal de travaux avec de la lumière. Et puis, c’est bien de sortir de sa zone de confort, ça apporte de l’expérience pour d’autres projets», souligne Stéphanie, le sourire aux lèvres.
Le duo propose ainsi d’ajouter un nombre conséquent de drones et de raconter une histoire liée à la transmission, à la destinée, des thèmes qu’il affectionne particulièrement.
«Si la destinée est une notion à géométrie variable pour le commun des mortels, elle est une réalité palpable pour la noblesse européenne», expliquent-ils.
Un show «cosmique» et «généreux»
C’est via les lignes de la main du Grand-Duc Henri et du futur Grand-Duc Guillaume que la métaphore du «chemin tracé» sera reprise samedi soir. Une «chance» pour David et Stéphanie : «Ce sont les vraies lignes présentes dans leurs paumes qui seront présentées au public. C’est très intime, ils nous ont vraiment fait confiance.»
«Deux destins, à jamais liés et chorégraphiés dans le ciel de Luxembourg», c’est la promesse faite par les artistes qui travaillent sur ce projet depuis le mois de mars.
Si aucun visuel n’a pour l’heure été révélé (hormis quelques slides lors de la conférence de presse de la Ville, la semaine passée), David et Stéphanie promettent d’ores et déjà un show «très très beau» : «généreux» pour elle, «cosmique» pour lui.
Il faut dire que les drones prendront leur envol juste au-dessus du cimetière Notre-Dame, à Luxembourg. Un petit clin d’œil voulu par les artistes, qui fait référence aux lucioles présentes majoritairement au printemps dans cette zone.
«Elles montent dans le ciel et le show commence», glisse Stéphanie, qui admet avoir «analysé les différentes fréquences» de l’insecte pour un rendu le plus fidèle possible.
Le tout sera sublimé par la musique du producteur luxembourgeois Napoleon Gold, dont l’électro organique (percussions, claviers, samples vocaux) accentuera la dimension narrative. Mais aussi par la violoniste Solomiya Storozhynska.
Toujours dans la lumière
Un spectacle de près de dix minutes, qui reprendra quelques éléments du Grand-Duché (une carte du pays, une couronne, etc.), mais qui restera tout de même le plus narratif possible.
«Les gens ont besoin de voir des choses qu’ils connaissent, c’est normal, mais nous n’avons pas stylisé le Pont Rouge par exemple!», plaisante David.
Au-delà de la technique, nouvelle pour les deux artistes, c’est surtout le fait de vouloir proposer une histoire «qui ne s’arrête jamais», qui a été le plus compliqué. En effet, les spectacles de drones prennent souvent des moments de pause afin que les appareils se regroupent pour offrir une nouvelle figure.
Dans le show proposé samedi, rien ne se passera dans le noir. «Il n’y aura aucune coupure. La difficulté était là : il faut que quelque chose se passe, le temps qu’une autre forme apparaisse.»
Une prise de risque qu’assument David et Stéphanie, qui sentent toutefois la pression monter, vu la teneur de l’événement. «Faire un projet pour cette occasion-là, en tant que Luxembourgeois, c’est toujours chouette. Et si ça se passe mal, on part dès le lendemain à 5 h pour une exposition à Rome, heureusement!» Reste à voir si la météo sera à la hauteur de cette promesse lumineuse.