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Les lanceurs de pierres de l’A1 risquent lourd


Voici les 75 cailloux que les deux jeunes avaient encore dans leur sac lorsqu'ils ont été arrêtés en flagrant délit sur le pont d'autoroute le 9 décembre 2015. (photo Fabienne Armborst)

Le parquet a requis douze et huit ans de réclusion contre les deux jeunes qui ont visé il y a un an le pare-brise de plusieurs véhicules circulant sur l’A1.

« Même s’ils ont lancé des pierres sans hésiter et qu’ils se sont acharnés pendant cinq jours, le parquet estime qu’il n’y a pas eu l’intention de tuer quelqu’un. » Telle était la position du représentant du ministère public dans son réquisitoire, vendredi matin. En face de lui, il avait exposé les 75 cailloux qui avaient été saisis dans le sac des deux jeunes prévenus Kevin H. (21 ans) et Pasquale R. (27 ans), le soir de leur arrestation.

Entre le 5 et le 9 décembre 2015, les deux jeunes hommes avaient jeté des cailloux, des bouteilles, mais également un seau sur l’autoroute A1, entre le rond-point Irrgärtchen et le tunnel de Howald. Ce sont avant tout des pare-brise qui avaient été visés. Par chance, aucun conducteur ou passager n’avait été blessé.

La première plainte avait été déposée le 6 décembre 2015 à la police. Il avait fallu quelques jours avant que les différents commissariats recoupent les incidents. Le 9 décembre au soir, plusieurs patrouilles de police avaient été mobilisées dans les environs d’Itzig. Les jeunes hommes avaient été arrêtés en flagrant délit sur le pont d’autoroute.

«Ils se sont concertés sur ce qu’ils allaient faire»

Deux mineurs avaient, par ailleurs, été présents à ces actions nocturnes. « Le fait qu’ils ne se trouvent pas aujourd’hui sur le banc des prévenus ne veut pas dire que le parquet leur fait une faveur. Ils comparaîtront devant le juge de la jeunesse », soulève le représentant du ministère public.

Pour le substitut, les prévenus étaient organisés : « Ils n’ont pas jeté des cailloux qu’ils ont trouvés au bord de l’autoroute. » Et ce n’est pas par hasard qu’ils se seraient retrouvés sur le pont au-dessus de l’A1. « Ils se sont concertés sur ce qu’ils allaient faire le soir avant de se rendre sur place. Ils se sont concertés aussi sur ce qu’ils allaient jeter. Et puis ils sont allés chercher les gants à la station-service et les cailloux à un certain endroit », considère-t-il.

Dans son réquisitoire, le parquet a qualifié le prévenu Kevin H. de « force motrice », d’ « organisateur, instigateur et provocateur ». En tenant compte de cette circonstance aggravante, il a fini par requérir contre Kevin H., pour la «destruction volontaire aggravée de propriétés mobilières», douze ans de réclusion. Contre le second prévenu, Pasquale R., huit ans ont été requis. « L’infraction qui manque dans le livre rouge (NDLR : le code pénal), la mise en danger de la vie d’autrui, aurait mis dans le mille », a-t-il noté au passage.

Tout au plus une infime partie de sursis

Toujours selon le parquet, une infime partie de la peine de réclusion pourrait être assortie d’un sursis probatoire. Il propose d’assortir le sursis des deux obligations suivantes : éviter le milieu de la drogue et poursuivre une activité professionnelle ou scolaire. À noter que depuis leur arrestation, les deux hommes au casier bien rempli sont incarcérés à Schrassig.

En tout début d’audience vendredi, la parole était à l’avocat du prévenu Pasquale R. Me Philippe Stroesser a employé trois adjectifs pour décrire les actes : « Stupides, inconscients, dangereux ». Puis il a noté qu’au Luxembourg, on n’a jamais eu une telle affaire au tribunal. « En France, il y a certaines jurisprudences : les tribunaux français n’ont jamais retenu la tentative d’homicide volontaire », a-t-il ajouté.

Le fait que les prévenus aient filmé leurs actes avec leurs smartphones, montre, selon l’avocat, le contexte dans lequel les bêtises ont été réalisées. « Mon client se fait entraîner, il fait une bêtise après l’autre sans réfléchir. Mais il n’est pas l’initiateur. » Selon Me Stroesser, la prise de conscience de son client a été tardive, mais réelle. Il demande que le tribunal assortisse la peine de son client d’un sursis probatoire partiel. Ce qui lui permettrait de régler son problème d’addiction à la marijuana. Une demande que le parquet a finalement partiellement suivie dans son réquisitoire.

Le 19 janvier, la 9e chambre criminelle rendra son jugement.

Fabienne Armborst