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Les lanceurs de pierres de l’A1 risquent gros


Plusieurs véhicules circulant sur l'A1 avaient été endommagés entre le 5 et le 9 décembre 2015. (photo police grand-ducale)

Poursuivis pour tentative de meurtre, les deux jeunes hommes qui avaient lancé des pierres sur des voitures sur l’A1 ont dû s’expliquer jeudi à la barre.

Entre le 5 et le 9 décembre 2015, plusieurs voitures circulant en soirée sur l’autoroute A1 entre le rond-point Irrgärtchen et le tunnel de Howald avaient été endommagées après avoir reçu des cailloux gros comme un poing sur leur pare-brise. Par chance, aucun occupant des véhicules n’avait été blessé.

« Je revenais du Kirchberg et je roulais en direction de Howald. Je faisais du 110  km/h quand, d’un seul coup, cela a fait boum. Mon pare-brise était brisé. J’étais sous le choc. » Plusieurs conducteurs dont le véhicule avait été la cible des jets de pierres début décembre 2015 ont témoigné, jeudi après-midi, à la barre.

« Cela a fait un terrible boum. Je pensais que ma voiture avait explosé », raconte le trentenaire qui a découvert un immense trou dans son capot après avoir été caillassé le 8 décembre. Non seulement des voitures avaient été endommagées, mais le 6  décembre, c’est un bus avec une vingtaine de personnes à son bord qui avait été visé.

Le car revenait du marché de Noël de Dresde quand le conducteur a eu cette grosse frayeur. « J’avais vu quelque chose bouger sur le pont , se souvient-il. Et puis, la bouteille a frappé dans le pare-brise .» Le conducteur avait réussi à garder la ligne droite. Sur demande du parquet, il a répondu qu’un bus pouvait aussi se retourner.

Arrêtés avec 75  cailloux dans un sac plastique

Les deux prévenus, Pasquale R. (27  ans) et Kevin H. (21  ans), qui comparaissent depuis mercredi devant la 9 e chambre criminelle pour tentative de meurtre, avaient été interpellés par les forces de l’ordre quelques jours après que les premiers incidents eurent été signalés à proximité d’un pont d’autoroute de l’A1. Les deux jeunes hommes avaient été arrêtés en flagrant délit, le 9  décembre.

Ce soir-là, plusieurs patrouilles de police avaient été mobilisées. Vers 20  h  40, une voiture avait été repérée dans un chemin de champ, à Itzig. Deux personnes en étaient sorties avec un sac plastique à la main. Une fois sur le pont d’autoroute, elles avaient commencé à jeter les cailloux. « Lors de l’interpellation, les deux hommes avaient encore 75 gros cailloux dans le sac. Deux à quatre pierres avaient déjà été jetées », a indiqué le policier, jeudi à la barre.

Après l’audition des témoins, c’était au tour des prévenus de s’expliquer. « Qui a eu cette idée de jeter les pierres? », a lancé la présidente à Pasquale R. « L’idée de jeter quelque chose sur les voitures venait de Kevin. Mais pour les cailloux c’était moi , affirme le prévenu. On n’avait pas l’intention de blesser quelqu’un. » Il poursuit : « Le premier jour, on a juste jeté des bouteilles depuis le bord de l’autoroute. L’objectif était de viser les containers des camions. »

Quand la présidente lui a fait remarquer que sa version ne correspondait pas exactement à ce qui avait été déclaré devant le juge d’instruction, il a rétorqué : « Madame, vous voulez savoir combien de joints on a fumés tous les jours? »

Selon Pasquale R., c’est seulement le deuxième jour qu’ils ont été chercher des cailloux et se sont placés sur le pont. Le policier avait signalé qu’ils étaient équipés de gants. « Avant de ramasser les cailloux, on a été chercher des gants dans une station-service pour ne pas nous salir les mains. Car le sol était mouillé. »

« On n’avait pas de but. On avait fumé 15 à 20 joints. Madame, on n’avait pas les idées claires . Sinon, nous n’aurions jamais fait cela. C’était idiot. Aujourd’hui, je regrette ce que j’ai fait », termine le prévenu qui, par le passé, a déjà été condamné à huit et neuf mois de prison pour extorsion et pour vol avec violence.

«On n’a pas eu le temps de regarder la vidéo»

Le deuxième prévenu n’est pas non plus un inconnu de la justice. « J’ai tellement d’affaires. Je n’arrive plus à suivre », a lâché Kevin H. au cours de son audition, hier. Comme pour son complice, pour lui les joints fumés à l’époque expliqueraient beaucoup de choses.

Les deux jeunes hommes avaient également filmé leurs actes avec leurs smartphones. « Et qu’est-ce que vous vouliez faire avec la vidéo? », insiste la présidente. « On n’a pas eu le temps de la regarder .» « Le but n’était pas de tuer des gens », enchaîne-t-il. « Et c’était quoi le but ?», insiste la présidente. Mais la réponse, la chambre criminelle l’attend toujours. Les différentes parties civiles réclament aujourd’hui un total de près de 10  000  euros de dommages et intérêts.

Dans sa plaidoirie, Me Philippe Penning a demandé de ne pas retenir la tentative de meurtre, mais uniquement la destruction de propriétés mobilières. « Ils ne cherchaient pas la mort de quelqu’un. Ce sont des adolescents qui ont fait une bêtise énorme. Mais on en est resté aux dommages matériels », a plaidé l’avocat à la défense de Kevin H. M e Penning a demandé une peine assortie du sursis probatoire pour son client.

En début d’audience, la chambre criminelle a rendu sa décision sur l’incident des menottes, qui avait marqué l’audience de la veille. Elle s’est déclarée incompétente pour ordonner aux membres de l’escorte d’enlever les menottes aux prévenus.

Le procès se poursuivra le vendredi 9 décembre à 9  h avec la suite des plaidoiries et le réquisitoire du parquet.

Fabienne Armborst