Les sections jeunesse des autres grands partis politiques ont fait alliance pour revendiquer des actions immédiates et concrètes en faveur du logement. Des mesures à prendre, si possible, avant les élections.
Un tel attelage n’est pas inédit dans les annales politiques. Par le passé, les sections jeunesse des quatre grands partis représentés à la Chambre ont déjà fait cause commune. C’était pour la libéralisation du cannabis, et depuis, un projet de loi est sur les rails. Cette fois, les jeunes chrétiens-sociaux, libéraux, verts et socialistes s’unissent pour adresser un message à leurs aînés concernant le logement.
Le sujet est autrement plus grave et préoccupant que la fumette et les revendications à la hauteur du défi à relever. Les jeunes qui ne peuvent pas compter sur l’aide financière de leurs proches n’ont plus les moyens de se loger au Luxembourg et c’est un drame. Les jeunes politiciens exigent du gouvernement qu’ils prennent encore des mesures au cours de cette législature, même s’il reste très peu de temps pour agir. «On ne peut pas attendre qu’un nouveau gouvernement se forme», insiste Michael Agostini, président des jeunes démocrates (JDL). L’urgence de la situation ne tolère pas six mois de plus sans prendre des mesures et les jeunes en soufflent quelques-unes. Quatre au total, une pour chaque représentant des partis engagés côte à côte pour ce nouveau combat.
Certes, la situation du marché de l’immobilier est inextricable pour de nombreux candidats, depuis bien longtemps. Si les jeunes réagissent aujourd’hui et dans l’urgence absolue, «c’est parce que la situation a atteint son apogée avec la hausse des taux d’intérêt», explique Alex Donnersbach du CSJ. S’y ajoute la baisse des investissements qui fait craindre le pire : moins de logements construits et un risque de chômage pour les professionnels du bâtiment.
Les jeunes proposent donc de doter suffisamment le Fonds spécial de soutien au développement du logement pour acheter jusqu’à 1 500 logements sur le marché privé en état futur d’achèvement. Si le gouvernement y songeait, les jeunes fixent un nombre. «L’État, en collaboration avec les communes, doit investir de manière anticyclique», suggère Michael Agostini.
«Il y a 3 000 hectares de réserves foncières»
Cet investissement profiterait non seulement aux entreprises artisanales, mais s’inscrirait également dans une politique de construction de logements durables basée sur le modèle viennois, dans lequel le secteur public possède ou gère une partie du marché du logement et a donc une influence sur les ventes et la location.
Il va sans dire que les acquisitions doivent se faire au prix de revient, estiment les quatre représentants des jeunes, en précisant que cette mesure doit être limitée dans le temps et soumises à des conditions strictes, afin d’éviter que l’État ne contribue à la hausse des prix des terrains.
Seconde proposition : la mobilisation rapide de terrains constructibles ces dix prochaines années. La taxe foncière sur le non-bâti n’incite pas les propriétaires à lâcher du lest et il en faudrait plus pour les convaincre de construire. «Il y a 3 000 hectares de réserves foncières», rappelle Alex Donnersbach. De quoi accueillir 300 000 habitants.
«L’impôt à la mobilisation de terrains devrait prendre effet au bout d’un an et atteindre son montant maximum au bout de cinq ans», illustre Alex Donnersbach. Par exemple, sur un terrain d’un are dans la Ville de Luxembourg, l’impôt de mobilisation est fixé à un montant annuel de 5 000 euros au bout de cinq ans.
Obtenir un prêt
Concernant le «taux super-réduit» de 3 %, les jeunes proposent de porter le plafond de 50 000 euros à 125 000 euros lors de l’achat et de la rénovation d’un logement et de faire passer le «Bëllegen Akt» de 30 000 à 50 000 euros. «L’objectif de cette mesure est de rendre à nouveau accessible le marché immobilier, notamment pour les jeunes et primo-acquéreurs, et par la même occasion de le dynamiser à nouveau», explique Fabricio Costa, président de déi jonk gréng.
Pour conclure, Max Molitor, président des jeunes socialistes, prône l’augmentation substantielle de la garantie de l’État, soumise à conditions, pour les prêts immobiliers, qui doit être ajustée aux prix actuels du marché.
«Cette garantie de l’État pour les prêts immobiliers permet notamment aux jeunes disposant de peu de capitaux d’obtenir plus facilement un prêt auprès de la banque, mais le montant maximum de cette garantie, qui était fixé il y a des années à environ 150 000 euros, ne correspond plus à la réalité des prix d’aujourd’hui», observe-t-il.
Les aînés sont prévenus, surtout les partis de la coalition qui sont appelés à agir encore davantage avant les prochaines élections.
La révolte des jeunes