Les Israéliens votent depuis mardi matin pour élire leur Parlement, des législatives qui décideront si l’indétrônable Benjamin Netanyahu poursuit son long règne ou si l’heure du changement est venue avec le novice Benny Gantz.
Quelque 6,3 millions d’électeurs sont appelés jusqu’à 22h (21h au Luxembourg) à élire les 120 députés qui les représenteront à la Knesset.
Le pays retiendra son souffle à la fermeture des bureaux de vote quand seront publiés les premiers sondages. L’issue aura été incertaine jusqu’au bout entre les listes des deux Benjamin : le Likoud (droite) de « Bibi » Netanyahu et l’alliance Bleu-blanc (centre-droit) de « Benny » Gantz.
Les Israéliens ont, pour bon nombre d’entre eux, pris dès les premières heures après l’ouverture à 7h (6h au Luxembourg) le chemin des bureaux de vote dressés pour la plupart dans les écoles du pays.
Après une campagne acrimonieuse, les sentiments exprimés reflètent la diversité des opinions sur la voie à suivre pour leur pays et sur l’avenir du Premier ministre sortant, en poste depuis une décennie.
Faute de faire apparaître des différences de programme significatives, le scrutin a toutes les allures d’un référendum sur la personne de cette figure dominante de la politique israélienne, adorée des uns, détestée des autres, et ne laissant personne indifférent.
Benjamin Netanyahu, 69 ans, dont plus de 13 années au total passées au pouvoir à mener les opérations militaires de son pays et à parler d’égal à égal aux grands de ce monde, brigue un cinquième mandat.
«Bibi» pourrait battre le record de longévité de Ben Gourion
Si le président Reuven Rivlin, au vu de la composition du Parlement, lui confiait la tâche de former le prochain gouvernement, il ravirait en juillet le record de longévité à l’historique David Ben Gourion.
Face à lui, son principal challenger, Benny Gantz, 59 ans, ancien parachutiste, ancien commandant d’une unité de forces spéciales et ancien chef d’état-major, n’était pas encore entré en politique il y a moins de six mois.
Pour Benny Gantz, il s’agit avant tout de mettre fin aux années de divisions et de corruption incarnées par le Premier ministre sortant. Pour Benjamin Netanyahu lui-même, personne mieux que lui ne garantit la sécurité et la prospérité de son pays.
La victoire lui semblait assurée quand, en décembre, il a provoqué ces élections anticipées avant l’échéance de novembre 2019.
Depuis, Benny Gantz s’est lancé et a construit une liste solide avec, aux cinq premières places, trois anciens commandants des armées (photo affiche de droite), un ancien ministre des Finances et l’ancien chef de la centrale syndicale nationale.
Et, en février, le procureur général a annoncé son intention d’inculper Benjamin Netanyahu pour corruption, fraude et abus de confiance dans trois affaires de dons reçus de la part de milliardaires, d’échanges de bons procédés entre gouvernants et patrons, et de tentatives de collusion avec la presse.
Les derniers sondages autorisés mettaient vendredi le Likoud et Bleu-blanc au coude-à-coude. Mais, avec une trentaine de sièges prédits à chacun, l’un et l’autre restaient loin de la majorité absolue (61 sur 120) et devraient s’allier à d’autres formations pour gouverner.
Au cours des derniers jours d’une campagne où le Likoud aura lâché un feu roulant d’attaques contre Benny Gantz, Benjamin Netanyahu aura continué à se prévaloir de ses réussites diplomatiques et de sa proximité avec le président Donald Trump.
Le Golan sur un plateau
En pleine campagne, ce dernier a fait ce qui a été largement considéré comme un cadeau à Benjamin Netanyahu en reconnaissant la souveraineté israélienne sur la partie du Golan syrien annexée par l’État hébreu.
Comme en 2015, dans ce qui ressemble fort à un appel du pied à l’électorat de droite, Benjamin Netanyahu a sorti une surprise de dernière minute en se disant prêt, au mépris d’un large consensus international, à annexer les colonies israéliennes de Cisjordanie, territoire palestinien occupé depuis plus de 50 ans par Israël.
Chef d’une coalition gouvernementale réputée la plus à droite de l’histoire d’Israël, Benjamin Netanyahu pourrait rempiler à la tête d’une coalition encore plus droitière.
La grande question de ces élections est de savoir s’il aura réussi à convaincre les électeurs de fermer les yeux sur la suspicion et l’opportunisme associés à son nom, et sur une rhétorique volontiers décriée comme antiarabe.
AFP