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Les habitants de la Gare ne lâchent rien : «Ce qu’on veut, c’est un plan d’action» 


«Sans soutiens politique et policier, on ne peut rien faire», déplorent les habitants.

Quatre mois après la manifestation de 500 riverains à Luxembourg, la mobilisation ne faiblit pas du côté de Bonnevoie et de la Gare. Les riverains veulent voir les promesses électorales se concrétiser.

Alors que leur quotidien est empoisonné par l’insécurité liée au trafic et à la consommation de drogue, commerçants et habitants de Luxembourg-Gare se montrent déterminés à sauver leur quartier : ils viennent d’obtenir l’autorisation de battre une nouvelle fois le pavé, le 3 février prochain, après une première manifestation cet automne, histoire de ne pas laisser retomber le soufflé médiatique. Ils espèrent ainsi maintenir la pression sur les autorités, avec qui ils souhaitent construire des solutions pérennes.

Après les promesses de la double campagne électorale de 2023, tous attendent maintenant de les voir se concrétiser : «Les paroles, c’est bien. Mais nous, ce qu’on veut, c’est un plan d’action», résume Graziela Bordin, l’une des porte-paroles du collectif qui s’est monté l’année dernière, et qui fédère désormais plus de 700 personnes sur les réseaux sociaux.

«C’est de pire en pire»

Car il ne s’est pas passé grand-chose depuis leur mobilisation, il y a quatre mois. Du moins au plan politique, parce que dans la rue, d’après les riverains, la présence des dealers a encore gagné du terrain : «Les points de deal se multiplient depuis deux mois, ce n’est pas acceptable», se désole la jeune femme.

Et elle n’est pas la seule : sur le groupe, les témoignages abondent à longueur de messages, décrivant la désertion des renforts policiers qui avaient été envoyés au moment de la rentrée – et du coup d’envoi de la campagne des législatives.

«C’est de pire en pire. Le trafic s’est étalé à tous les coins de rue : dans l’avenue de la Gare, rue Joseph Junck, ou encore rue Origer», témoigne Laurence Gillen, membre du collectif. «Un vrai marché de la drogue à ciel ouvert», déplore-t-elle.

Des solutions à long terme

À la suite de leur lettre ouverte adressée début décembre au nouveau gouvernement, les habitants ont reçu une réponse en quelques lignes du Premier ministre, Luc Frieden, et de la ministre de la Justice, Elisabeth Margue, tous deux assurant prendre ce dossier «très au sérieux».

Pas de quoi convaincre le collectif : «On veut savoir quelle stratégie ils comptent mettre en œuvre, avec quels objectifs, quels moyens, et dans quels délais», martèle Gabriela Bordin, réclamant des solutions à long terme doublées d’une prise en charge adéquate pour les personnes dépendantes.

Des mesures qui tardent à venir

Car les quelques mesures figurant au programme gouvernemental apparaissent floues pour le moment. Si les habitants sont nombreux à attendre la création d’une police municipale, ils insistent sur le fait que seuls des effectifs suffisants et un quadrillage régulier des points les plus critiques permettront de mettre fin au trafic sous leurs fenêtres.

En attendant, c’est le statu quo. «Sans soutien politique et policier, on ne peut rien faire», regrette Laurence Gillen, alors que l’idée d’une patrouille citoyenne non armée fait désormais son chemin au sein du groupe.

Quant au recours à la comparution immédiate ou au renforcement du Platzverweis, les habitants restent méfiants, s’inquiétant de savoir où vont atterrir les personnes délogées de leurs halls d’entrée : «Va-t-on juste les déplacer ailleurs, ou réellement les prendre en charge?», interroge Graziela Bordin.

Organisé et pacifique

Enfin, l’extension de la vidéosurveillance envisagée par les autorités n’emporte pas l’adhésion. Le collectif a pu se rendre compte ces dernières années que cela n’empêche pas le trafic, mais ne fait que le déplacer.

Les actions à venir tout comme le niveau de mobilisation auront leur importance pour peser au niveau politique. «On a montré qu’on est organisé et pacifique, et on compte continuer comme ça», annonce la porte-parole, qui invite les riverains à se rassembler le samedi 3 février en fin de matinée (l’horaire exact n’est pas encore connu) pour se faire entendre à nouveau.

Le 23 septembre, les habitants avaient frappé fort en défilant jusqu’au centre-ville pour réclamer plus de sécurité.