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Les forêts luxembourgeoises émettent trop de CO2


La mortalité dans nos forêts a provoqué une hausse des émissions de CO2. 

Nos forêts subissent les contrecoups des aléas du changement climatique. Pire, en 2025, nos forêts ont émis plus de CO2 qu’elles n’en ont absorbé !

Le ministre de l’Environnement, du Climat et de la Biodiversité, Serge Wilmes, en collaboration avec l’Administration de la nature et des forêts, a présenté ce jeudi les résultats du troisième cycle de l’Inventaire forestier national (IFN 3).

La même étude a eu lieu en 2000, 2010 et 2023. Ces données sont indispensables pour orienter la politique forestière et garantir une gestion durable des forêts. Le document a été réalisé entre janvier 2023 et juillet 2024 sur 1 845 points d’échantillonnage par des bureaux d’études spécialisés dans le domaine forestier.

L’objectif : renseigner en détail sur l’état des forêts luxembourgeoises et met en lumière les défis liés au changement climatique. Un document très important quand on sait que nos forêts sont soumises aux aléas du changement climatique, à un stress hydrique intense lors des périodes de fortes chaleurs ou de canicule.

Les résultats de l’IFN 3 montrent que la superficie forestière est restée stable au fil des années, couvrant actuellement environ 35 % du territoire, soit 92 250 hectares. Il y a une répartition équilibrée entre forêts publiques (49,5 %) et privées (50,5 %).

Les efforts d’adaptation des peuplements forestiers engagés depuis deux décennies portent leurs fruits selon le ministère qui a commenté le document : la part des essences feuillues a progressé de 66 % en 2010 à 75 % en 2023, et la structure des forêts s’est enrichie, avec une plus grande diversité des essences et une augmentation des peuplements à plusieurs strates.

Les épicéas en souffrance

Malheureusement, des signaux préoccupants apparaissent dans le document, explique le ministère de l’Environnement. Ainsi, l’accroissement en volume de bois sur pied, bien qu’il ait augmenté par rapport à 2000, ce paramètre a diminué par rapport à 2010, avec les peuplements feuillus montrant une diminution en accroissement en volume de -21 % et les peuplements résineux une diminution de -32 %.

De même en ce qui concerne le volume de bois, qui avait progressé de 18 % entre 2000 et 2010 et se situe aujourd’hui plus qu’à 6 % en dessous du niveau de 2010. Au total, sur les 23 dernières années, la croissance globale du stock de bois n’a été que de 11 %, malgré un vieillissement des peuplements et une augmentation du diamètre moyen des arbres.

Par ailleurs, entre 2010 et 2023, le volume de croissance de la forêt a diminué de 25 % par rapport à la période 2000-2010. Les calamités, les dépérissements et les conditions météorologiques défavorables expliquent ce recul ajoute le ministère. Plus inquiétant encore, selon le ministère : entre 2010 et 2023, les forêts luxembourgeoises ont émis plus de carbone qu’elles n’en ont absorbé, devenant une source nette d’émissions de CO2 en raison des dommages climatiques et des récoltes des peuplements d’épicéas envahis par le bostryche.

En effet, les sécheresses prolongées ont entraîné une mortalité accrue et une prolifération des bostryches, faisant passer les coupes rases d’épicéas de 850 hectares lors de l’IFN 2 à 2 050 hectares lors de l’IFN 3.

Face à ces défis, le ministre Serge Wilmes a souligné la nécessité d’adapter la gestion forestière aux nouvelles réalités climatiques afin de garantir des forêts stables, diversifiées et résilientes, capables de fournir tous les services écosystémiques et de soutenir la filière bois. Les mesures prioritaires incluent le renforcement de la diversité et de la complémentarité des essences, le maintien de la diversité génétique, l’augmentation de la diversité des structures, l’amélioration de la résistance des arbres aux perturbations et l’adaptation des infrastructures aux conditions futures.

Le Luxembourg s’est doté en 2023 d’un nouveau Code forestier (loi du 23 août 2023), qui instaure les principes d’une gestion durable pour l’ensemble des forêts, publiques et privées. Sur la base des résultats de l’IFN 3, le ministère finalise actuellement le programme forestier national en concertation avec tous les acteurs du secteur.

Pour accompagner les propriétaires privés dans la conversion des peuplements, un régime d’aides spécifique a été mis en place. Serge Wilmes a lancé un appel à la mobilisation collective pour préserver nos forêts pour les générations futures.

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