Il y a 100 ans, le Luxembourg accordait le droit de vote aux femmes. Le pays, comptant alors parmi les précurseurs, se classe aujourd’hui 69e en matière de représentation égalitaire au Parlement.
Il y a tout juste un siècle, le 8 mai 1919, le Luxembourg adoptait le suffrage universel pur et simple et attribuait, de fait, le droit de vote aux femmes. Une avancée dans le processus démocratique (le droit de vote était jusqu’alors réservé aux hommes s’acquittant d’un certain impôt) et un pas historique en faveur de l’égalité des femmes et des hommes au Grand-Duché.
Afin d’honorer les pionnières et pionniers de cette lutte, le gouvernement a décidé d’organiser différentes manifestations tout au long de l’année 2019, parmi lesquelles une exposition itinérante intitulée «100 ans de démocratie au féminin», qui retrace les grandes étapes en matière de droit des femmes (réforme du droit matrimonial, inscription du principe d’égalité dans la Constitution…) et met en avant quelques figures historiques. Citons, entre autres, la militante Marguerite Mongenast-Servais qui s’est battue pour le droit de vote des femmes, ou Marguerite Thomas-Clement, première femme députée au Parlement luxembourgeois.
Dans ce même esprit, une séance académique sera organisée le 22 mai au Cercle Cité de Luxembourg au cours de laquelle l’historienne Birte Förster, de l’université de Brême, tiendra un exposé intitulé «Glücksfall für Luxemburg. Die Einführung des Frauenwahlrechts im Mai 1919» («Coup de chance pour le Luxembourg. L’introduction du suffrage féminin en mai 1919»).
Cet anniversaire est aussi et surtout l’occasion de rappeler que les droits des femmes sont des acquis fragiles, et l’égalité avec les hommes est encore loin d’être absolue, y compris dans un pays comme le Luxembourg.
Dans la loi et dans les faits
Pour preuve, le Grand-Duché se classe 69e sur le plan mondial en matière de représentation égalitaire au Parlement. Lors des dernières législatives, seulement 12 femmes (sur 60 parlementaires) ont été élues à la Chambre (elles sont 15 depuis l’instauration du nouveau gouvernement en décembre 2018).
«L’engagement pour l’égalité entre femmes et hommes, en droit et dans les faits, doit continuer. Ainsi, le centenaire sera aussi l’occasion pour rappeler que la démocratie est un concept qui nécessite la participation tant de femmes que d’hommes à part égale», a insisté la ministre de l’Égalité entre les femmes et les hommes, Taina Bofferding, lors du lancement officiel des festivités, mardi.
La ministre souhaite tout particulièrement sensibiliser les jeunes à la question de l’égalité entre les sexes, afin de permettre un changement en profondeur des mentalités et, donc, de la société tout entière. Ils seront le cœur de cible de la plupart des activités prévues sur cette thématique : un concours de chansons, le festival Rock de Rack (le 17 octobre), ou encore des activités pédagogiques de mi-juin à octobre via la camionnette Mega Jumper.
«Il y a eu des luttes derrière ces acquis et c’est important de montrer aux plus jeunes qu’il faut se battre pour les obtenir et les conserver. Ils ne sont pas automatiques, a déclaré la ministre. C’est aussi l’occasion de rappeler que l’égalité des chances est bien fixée dans nos lois et inscrite dans notre Constitution, mais l’égalité sur le terrain, dans les faits, dans la vie quotidienne, est encore à acquérir. La participation politique, l’égalité salariale, la représentativité des femmes dans les postes à responsabilités, les stéréotypes et les préjugés, la lutte contre le sexisme et la violence domestique sont toujours des sujets sur lesquels il faut travailler.»
Tatiana Salvan