Un rapport luxembourgeois publié ce jeudi révèle que les femmes sont encore peu présentes parmi les personnes évoquées dans les médias et les journalistes.
Dans le cadre du Global Media Monitoring Project 2025 (GMMP), la plus grande étude internationale sur le genre dans les médias d’information, le Liser, avec le Conseil national des femmes de Luxembourg (CNFL) et le CID-Fraen an Gender, a réalisé une étude sur la place des femmes dans les médias luxembourgeois.
L’étude se base sur une journée témoin «ordinaire», celle du 6 mai 2025. Seize médias répartis dans 4 catégories (presse, radio, TV et internet) ont ainsi été analysés. Cela représente 179 articles et reportages, 526 personnes évoquées et 187 journalistes. Et sans surprise : les femmes sont largement sous-représentées.
Trente pour cent des personnes évoquées
En effet, la présence des femmes parmi les personnes figurant dans les actualités (sujets et sources) est moindre par rapport à celle des hommes. Sur l’ensemble des personnes identifiées lors de l’étude, seulement 30% d’entre elles étaient des femmes.
Leur nombre est tout de même en constante progression. Pour la première édition du GMMP, en 2010, les femmes ne représentaient que 20% des personnes évoquées. Tandis qu’en 2015 et 2020, elles étaient respectivement 24% et 25%.

(Source : GMMP, 2025)
Des représentations stéréotypées
Et même lorsque les femmes sont représentées, elles n’échappent pas aux stéréotypes. Ainsi, 59% sont présentées comme des victimes, 57% comme des personnes définies par leur rôle familial et 45% comme des survivantes.
En parallèle, les femmes apparaissent surtout dans des thématiques moins prestigieuses : 56% dans les célébrités/arts/médias, mais seulement 21% en politique et 19% dans les actualités internationales. Leur visibilité baisse donc à mesure que le prestige de la thématique ou la portée géographique augmente.
Trente-trois pour cent des journalistes
Même son de cloche pour leur présence parmi les journalistes : les femmes ne représentent que 33% des journalistes dont le genre a pu être identifié. En cinq ans, la part de la présence des femmes parmi les journalistes n’a presque pas évolué (30% en 2020). Pis encore, elles étaient même plus nombreuses dix ans auparavant, avec 39% de présence en 2015.
L’étude relève que les reportrices sont notamment sous-représentées dans les reportages consacrés à l’actualité internationale (22% contre 53% de reporters), souvent perçus comme plus prestigieux. Elles ont par ailleurs une place plus importante dans l’actualité locale et nationale.

(Source : GMMP, 2025)
Dix-huit recommandations
Le rapport recommande d’agir à plusieurs niveaux pour réduire ces déséquilibres : renforcer la parité dans les rédactions, augmenter le nombre de femmes aux postes décisionnels et créer une association dédiée aux femmes journalistes.
Il suggère aussi de former les journalistes aux stéréotypes de genre, de promouvoir un langage inclusif, de diversifier les sources et de sensibiliser les rédactions aux résultats du GMMP.
Il invite également à améliorer le traitement éditorial : choisir des images non stéréotypées, intégrer davantage une perspective de genre dans les faits divers, valoriser les femmes expertes et instaurer un prix de bonnes pratiques.
Enfin, il encourage la poursuite du monitoring et le développement de recherches sur les biais dans la production de l’information.