Accueil | A la Une | Les espaces naturels sous le béton ou le bitume

Les espaces naturels sous le béton ou le bitume


La surface artificialisée est passée de 30 555 ha en 2018 à 31 141 ha en 2021, soit une hausse de 585,9 hectares. (Photo : dr)

L’artificialisation des sols est devenue un enjeu majeur au Luxembourg. Les zones bâties sont toujours plus nombreuses alors que l’objectif est d’atteindre le zéro artificialisation nette en 2050.

Il n’est pas certain que les objectifs soient atteints concernant l’évolution de l’artificialisation des sols au Luxembourg. Le Programme directeur de l’aménagement du territoire (PDAT), qui doit orienter le développement du territoire national au cours des trente prochaines années, compte parmi ses objectifs une réduction de l’artificialisation des sols en deux étapes. La première doit limiter cette transformation des sols à 0,25 hectare par jour d’ici 2035 (contre 0,46 hectare par jour entre 2007 et 2018), la seconde vise le zéro artificialisation nette en 2050 (NDLR : dans un pays dont la superficie totale est de 258 600 hectares).

Cette artificialisation des sols a un impact considérable sur l’environnement. Elle entraîne une perte de biodiversité, aggrave les risques d’inondations et contribue au réchauffement climatique. La tendance n’est pas à la baisse pour le moment.

Le ministre Claude Meisch, qui a l’aménagement du territoire dans ses compétences, vient d’indiquer au député David Wagner (déi Lénk) que le jeu de données le plus récent disponible date de l’année 2021. En 2018, la surface artificialisée recensée était de 30 555 hectares alors qu’en 2021, elle atteignait 31 141 hectares, soit une hausse de 585,9 hectares sur la période, qui correspond à une progression moyenne de 0,54 hectare par jour entre 2018 et 2021. Le ministre s’empresse de préciser que la comparaison d’une période très courte avec une période beaucoup plus longue rend difficile l’interprétation des différences. Ce n’est que sur une plus longue période qu’on peut réellement identifier les tendances.

Pas de conclusions trop hâtives

Il ne serait pas judicieux de tirer des conclusions trop hâtives, selon lui. Le fait que l’augmentation journalière moyenne entre 2018 et 2021 soit plus forte que celle entre 2007 et 2018 ne reflète pas une tendance générale.

La production d’un nouveau jeu de données actualisé pour l’année 2024 est prévue au cours de l’année prochaine. Le PDAT prévoit aussi la mise en place de plusieurs indicateurs destinés à suivre régulièrement et de manière exhaustive l’évolution de l’artificialisation des sols. Outre l’indicateur principal portant sur l’artificialisation, il est proposé d’introduire des indicateurs complémentaires relatifs à l’imperméabilisation des sols artificialisés, à l’utilisation des sols et à la densité humaine sur les surfaces artificialisées et imperméabilisées.

Le gouvernement poursuit-il les objectifs du PDAT, à savoir une réduction de l’artificialisation moyenne à 0,25 hectare par jour d’ici 2035, respectivement une artificialisation nette zéro d’ici 2050? L’accord de coalition prévoit de mettre en œuvre ce programme d’aménagement dans «le respect de l’autonomie communale et la recherche du dialogue en vue de concilier les souhaits de développement avec les objectifs du PDAT (…)».

Le ministre Meisch rappelle que la mise en œuvre de cet objectif ne relève pas uniquement du gouvernement et de ses politiques sectorielles, mais également des communes qui, en référence à l’autonomie communale, sont compétentes sur leurs territoires respectifs, dans le respect de l’intérêt général, compétence de l’État.

Des projets phares de densification

Le gouvernement met en œuvre ces objectifs à travers ses politiques sectorielles, mais également à travers plusieurs projets phares, répond le ministre. Parmi ceux-ci, il cite le projet de reconversion de la zone d’activité commerciale de Foetz, promu par les ministères du Logement et de l’Aménagement du territoire, de l’Économie et de la Mobilité et des Travaux publics. Associé au futur pôle d’échange de Foetz, ce projet pilote est censé illustrer comment un espace monofonctionnel se transforme peu à peu en un quartier multifonctionnel densifié avec une part importante de logements.

Les projets de reconversion (plus ou moins avancés) de friches industrielles en cours (Wiltz, Belval, Metzeschmelz, Crassier Terres rouges, etc.) s’inscrivent directement dans l’objectif de la réduction de l’artificialisation du sol du PDAT.

Ce Programme directeur de l’aménagement du territoire encourage une densification urbaine pour réduire l’étalement. Une meilleure prise en compte des propriétés des sols avant de décider de leur affectation est cependant cruciale, selon la lecture de certaines expertises, parues sur Infogreen.lu, le site d’information sur les enjeux du développement durable. Cela permettrait de minimiser l’impact des aménagements en choisissant judicieusement les surfaces à urbaniser en fonction de leur valeur écologique.

Newsletter du Quotidien

Inscrivez-vous à notre newsletter et recevez tous les jours notre sélection de l'actualité.

En cliquant sur "Je m'inscris" vous acceptez de recevoir les newsletters du Quotidien ainsi que les conditions d'utilisation et la politique de protection des données personnelles conformément au RGPD .