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Les entreprises attendent des gestes forts


Carlo Thelen a estimé hier que le gouvernement avait déjà apporté des pistes pour rétablir la confiance du monde économique. Mais il y a encore à faire.  (Photo : archives editpress)

La Chambre de commerce espère que l’année 2024 sera celle de la relance économique. Pour cela, elle demande au gouvernement d’agir vite.

Des actes et vite! La Chambre de commerce attend beaucoup du nouveau gouvernement pour redresser la barre de l’économie du pays. Hier, l’institution représentant le monde de l’entreprise a estimé qu’il fallait redonner la confiance aux entreprises du pays, une «confiance perdue», selon son directeur général, Carlo Thelen. Et il faut que le gouvernement agisse rapidement, dès ces prochains mois. Car la situation ne cesse de se dégrader, selon la Chambre de commerce.

L’état des lieux est en effet dur à avaler : le Luxembourg est officiellement entré en récession avec une baisse du PIB de 0,6 % et une croissance de seulement 1,4 % pour l’année prochaine. Et ce n’est qu’une prévision. L’inflation devrait tourner autour de 3 %. Comme l’explique la Chambre de commerce, actuellement, la santé économique de l’Allemagne touche durement les entreprises luxembourgeoises. Nos voisins d’Outre-Moselle sont les principaux partenaires économiques et commerciaux du Grand-Duché. Un retour à la croissance dans ce pays permettra aussi au Luxembourg de surmonter l’atonie générale. Mais ce ne sera pas gagné pour 2024 apparemment (lire par ailleurs). L’inflation et la hausse des taux ont également fait du mal au monde de l’entrepreneuriat, brisant net consommation et investissement. Le climat des affaires n’est pas au beau fixe, le chômage repart actuellement à la hausse et la dette publique s’approche rapidement de la barre des 30 %. Les clignotants rouges s’affolent.

«Les entreprises attendent du nouveau gouvernement des actions rapides qui créeront un nouvel élan dès 2024», estime la Chambre de commerce. Les patrons souhaitent une mise en œuvre rapide de leurs doléances : un cadre légal favorable à l’entrepreneuriat, un marché compétitif, un accès facilité aux ressources et à l’énergie, un environnement économique stable, des incitations pour attirer les meilleurs talents sur le marché du travail, une simplification des procédures… Pour la Chambre de commerce, l’Accord de coalition comporte de «vrais signaux positifs». Mais il faudra les mettre en œuvre «sans tarder pour rétablir la confiance des acteurs économiques et des consommateurs, relancer la dynamique et soutenir la rentabilité des entreprises».

Aller plus loin concernant la fiscalité

Ainsi, la Chambre de commerce estime que «les annonces pour digitaliser davantage, simplifier plus rapidement les procédures administratives, renforcer la diversification économique, lutter contre la crise du logement et faciliter l’organisation du travail vont dans la bonne direction». La promotion de l’entrepreneuriat et une réforme du statut de l’indépendant marquent des «engagements importants», selon l’institution. Les récentes améliorations apportées par la réforme du droit de la faillite devront quant à elles être clarifiées et ajustées pour être pleinement opérables au plus vite, selon elle, notamment au niveau de la détection précoce des entreprises en difficulté et de la mise en œuvre du nouveau dispositif de conciliation d’entreprise. Il en est de même pour la «seconde chance» entrepreneuriale, qui attend d’être pleinement opérationnalisée.

La Chambre de commerce a aussi salué, «tout particulièrement», la volonté du gouvernement de maintenir la semaine de 40 heures et d’élaborer une réforme quant à l’organisation du travail dans le cadre du dialogue social. «La possibilité pour les salariés de travailler jusqu’à 8 heures le dimanche répond également aux attentes de beaucoup d’entreprises», ajoute-t-elle. Un bémol néanmoins : la Chambre de commerce regrette que le gouvernement n’affiche pas une volonté claire de réformer le système d’apprentissage en profondeur, ainsi que l’absence de nouvelles incitations pour un maintien dans l’emploi des travailleurs seniors.

Aller plus loin en matière de fiscalité

Les engagements à multiplier les investissements pour sécuriser notre accès à l’énergie à des tarifs compétitifs, à travers le photovoltaïque ou l’hydrogène notamment, sont «prometteurs». Mais la Chambre regrette que l’augmentation prévisionnelle de la taxe CO2, trop rapide à ses yeux, ne fasse pas l’objet d’une révision.

En matière de fiscalité, la Chambre de commerce veut aller plus loin. «L’annonce de la réduction du taux d’imposition pour les entreprises est un nécessaire premier pas», explique-t-elle. Mais cette réduction devra s’inscrire dans un contexte global face à une compétition fiscale qui s’intensifie selon elle, le taux d’impôt sur les sociétés ayant diminué dans 97 juridictions entre 2000 et 2022, selon l’OCDE. En revanche, la Chambre de commerce constate qu’aucune réforme structurelle du système d’indexation automatique et généralisée des salaires n’est envisagée. C’est un regret, car les cinq indexations des salaires en deux ans ont «fortement affecté» la rentabilité des entreprises.

La Chambre attend aussi du gouvernement qu’il assure au pays des finances publiques saines et soutenables. Pour elle, les déséquilibres des différents régimes de sécurité sociale ont été peu débattus, voire minimisés. Si l’Accord de coalition prévoit une large consultation en matière de pensions, ce sont des actions concrètes et rapides qui sont attendues, selon elle. L’attente est grande du côté de la Chambre de commerce, même si beaucoup de ses doléances ont déjà été adoptées.