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Les enfants prennent la parole à la Chambre


Cent vingt-trois élèves sont venus en train de partout dans le pays afin d’investir la Chambre des députés pour présenter et défendre leurs idées pour le droit des enfants.

Le «Train de la démocratie» a permis à 123 élèves de cycle 3 et 4 du pays de présenter leurs revendications pour améliorer les droits de l’enfant, tout en découvrant ce haut lieu de la démocratie.

En entrant dans la Chambre des députés vendredi matin, les montagnes de sacs et de manteaux dans les couloirs et le joyeux brouhaha qui s’échappe de la salle plénière trahissent la présence de visiteurs inhabituels. En effet, depuis 9 h 30, 123 enfants entre 8 et 12 ans ont chipé la place des députés et cela sans coup d’État puisqu’ils descendent du «Zuch vun der Demokratie» («Train de la démocratie»). Ce dernier est un projet réalisé en collaboration avec le Zentrum fir politesch Bildung (ZpB) et le Kannermusée Plomm pour la 7e année consécutive et qui s’inscrit dans le cadre de la journée internationale des Droits de l’enfant, célébrée le 20 novembre.

Vendredi, comme pour chaque édition, neuf classes sont venues tout le pays en train puis en tramway, les CFL et Luxtram étant partenaires de l’évènement, afin que les écoliers présentent à la Chambre leurs doléances pour les droits de l’enfant. L’enjeu étant sérieux, quelques députés, volontaires, sont présents afin de les écouter et, bien qu’unique, cette séance parlementaire unique se tient sous la surveillance de Claude Wiseler, président de la Chambre, qui veille à la bonne tenue du débat. «Le noyau du projet est de faire venir les enfants pour les mettre en contact avec la démocratie, ses représentants et sa maison, la Chambre des députés» explique Marc Schoentgen, directeur du ZpB.

Aux adultes d’écouter

La fondation ZpB ayant pour but la promotion de la citoyenneté et de la participation à la vie politique, le «Train de la démocratie» met notamment en avant l’accessibilité, parfois insoupçonnée, de la Chambre. «On souhaite démontrer que les députés sont là pour les électeurs mais aussi pour les enfants ou ceux qui n’ont pas le droit de vote car non luxembourgeois. Et qu’ici c’est une maison de la démocratie pour tous et toutes, indépendamment de l’âge, de la nationalité, de la langue ou des compétences.»

Auprès des plus jeunes, l’emploi du terme maison a provoqué quelques réactions innocentes : «En arrivant, certains m’ont demandé à qui était cette maison et une jeune fille m’a aussi demandé si l’on pouvait dormir dedans», raconte, amusé, Marc Schoentgen. Il faut dire que les élèves sont fascinés par la décoration et l’ambiance des lieux. «C’est trop beau!», s’exclament en chœur Lucio, Jade, Adriana, scolarisés à Wiltz, qui ont aussi trouvé les députés «très sympas». Une fois le tour du propriétaire effectué, les enfants se sont réunis par groupe afin de discuter de leurs revendications avec leur député attitré, dans le but de préparer leurs prises de parole en plénière.

Pour ce faire, chaque classe a apporté dans le train une figurine en carton, représentant un adulte et un enfant qui ont chacun une pancarte afin de mettre pêle-mêle leurs idées. Adriana et ses camarades ont choisi de «parler des pauvres pour mettre un frigo dans les villes où il y a des enfants pauvres». Sur leur figurine en carton se trouve donc une petite boîte qui représente le frigo qu’ils souhaiteraient voir installer.

«J’aimerais bien revenir»

 La classe de cycle 3 de Georgia présente, elle, le projet de création d’un «comité de classe dans chaque école pour que ça nous aide à être une classe qui ne se dispute pas». Au-delà de cette idée, une petite fille et un homme politique ont été dessinés, avec un message bien précis. «Pour la fille, on a dessiné une grande bouche parce que les enfants doivent sourire et être heureux. Pour le monsieur, on a fait des grandes oreilles pour qu’il nous écoute.»

Une représentation qui convient parfaitement au ZpB et son directeur qui voit dans cette démarche la chance «d’inverser les rôles, que les adultes écoutent au lieu de rester dans les préjugés des politiciens qui voudraient que ce soient eux qui parlent et qui ont le savoir». Les créations des enfants démontrent également l’absence de stéréotypes du politicien qui est un homme blanc en costard. Certains sont colorés ou ont deux faces, l’une masculine et l’autre féminine.

C’est armé de leurs figurines et de leur courage que des élèves se sont hissés au micro de la Chambre afin de représenter leur classe et leurs idées. Après une heure de présentation, la séance s’est conclue dans la joie, après une photo de groupe, quelques olas et beaucoup de sourire. Pour certains, la journée ne s’arrête pas là, car cette sortie est l’une de leurs premières dans la capitale et d’autres activités sont donc prévues dans l’après-midi.

«C’était amusant, j’aimerais bien revenir», confie en tout cas Georgia qui dit avoir pris goût à la politique et envisage déjà de s’adresser à nouveau à la Chambre avec une idée en tête : «Faire des jeux pour les enfants handicapés à l’école». Ainsi commence la participation citoyenne.

Une démarche qui ne s’arrête pas à la Chambre

Bien que le «Train de la démocratie» ait quitté la Chambre des députés sur le coup de midi vendredi, la séance parlementaire des enfants aura une suite. Un rapport officiel sera rédigé à propos de leurs idées qui seront ensuite traitées lors d’une commission Éducation dont la date reste à fixer. Cette dernière devrait être retransmise en direct et le ZpB est actuellement en train de s’organiser afin de permettre la présence en direct des enfants, via visioconférence, pour qu’ils assistent aux débats sur leurs revendications.

Le ZpB ouvre aussi les portes aux plus de 12 ans

Via l’atelier #MengChamber, le ZpB propose également une immersion dans la Chambre des députés pour les plus de 12 ans. Le programme comprend une visite des lieux, une simulation de la vie politique à travers un jeu de rôle ainsi qu’une entrevue avec deux députés, si possible avec l’un de la majorité et le second de l’opposition. L’atelier se tient deux fois par semaine.

Chaque classe a présenté ses idées via des figurines en carton que les élèves ont imaginé et colorié en amont avec leur enseignant. Photo : dr