Les politiques continuent d’interpeller le gouvernement français, en vue du sommet qui se tiendra à Paris. Ils plaident pour un «juste échange» avec le Luxembourg.
Les attentes sont fortes en Lorraine, à l’approche du sommet franco-luxembourgeois. La réunion est prévue en mars à Paris.
Différentes missives sont déjà parties pour alerter le gouvernement sur l’importance d’une relation économique «plus équilibrée» avec le Grand-Duché. La dernière concernait un potentiel financement de l’A31 bis entre la France et le Grand-Duché. Avec un «non» immédiat du Luxembourg à la clef.
Cette fois, c’est au tour des présidents des conseils départementaux de la Moselle et de la Meurthe-et-Moselle de prendre la plume. Dans un communiqué publié hier, Patrick Weiten et Mathieu Klein estiment qu’il faut «dessiner une stratégie « Luxembourg » comme nous avons su poser les bases d’une stratégie « Allemagne ».»
Les présidents se montrent inquiets des disparités croissantes entre le Luxembourg et la Lorraine. «Si nul n’a intérêt en Lorraine à voir s’enrayer la dynamique au Grand-Duché, un accroissement des déséquilibres nuirait à terme à son développement, et risquerait d’entraîner nos territoires dans une spirale dont nous ne connaissons que trop les effets.»
Retour d’une zone franche?
Les présidents proposent pudiquement «des zones à statut spécifique» pour réinvestir «nos friches industrielles en déshérence». Nous comprenons ici des zones franches fiscales pour attirer des entreprises qui manquent cruellement en Lorraine. L’idée avait déjà été proposée par l’ancien secrétaire d’État au Budget Christian Eckert. Il faudrait attendre une nouvelle loi fiscale, soit pas avant 2019…
Mais l’idée ne fait pas l’unanimité. Pour certains élus, les retombées d’une zone franche ne constitueront jamais qu’une rustine pour la Lorraine (4e région la plus pauvre de France sur 22, à l’époque de l’ancien découpage).
Les investissements à réaliser pour raccrocher le wagon de la métropolisation de Luxembourg (transports, logements, etc.) exigeraient d’autres ambitions : partage d’une partie de l’impôt sur le revenu payé par les frontaliers au Grand-Duché (modèle suisse de Genève), ou investissement massif du Grand-Duché dans les transports et infrastructures hors de ses frontières.
Puisque son espace économique déborde objectivement de ses frontières : 45 % du PIB luxembourgeois est créé par les frontaliers belges, allemands et français, ces derniers représentants 50 % de l’ensemble des frontaliers.
Hubert Gamelon