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Les deux tiers des glaciers de l’Himalaya pourraient fondre d’ici à 2100


Une fonte qui ne serait pas sans conséquences pour les 250 millions d'habitants de ces montagnes et les 1,65 milliard d'autres qui vivent dans les bassins fluviaux en aval. (photo AFP)

Les deux tiers des glaciers de l’Himalaya et de l’Hindou Kouch pourraient fondre d’ici à la fin du siècle si la planète restait sur la même trajectoire d’émissions de gaz à effet de serre, risquant de déstabiliser les grands fleuves d’Asie, selon une étude rendue publique lundi.

S’étendant sur 3 500 kilomètres de l’Afghanistan à la Birmanie, la région montagneuse de l’Hindou-Kouch-Himalaya (HKH) est qualifiée de « troisième pôle » par les scientifiques pour ses gigantesques réserves de glace. Celles-ci alimentent dix cours d’eau majeurs d’Asie, du Gange au Mékong en passant par le fleuve Jaune, le long desquels sont structurés des bassins de populations.

Or le réchauffement climatique menace les glaciers en altitude de cette ligne montagneuse qui compte les plus hauts sommets du monde comme l’Everest et le K2, selon une vaste étude, fruit de cinq ans de travail et qui a mobilisé plus 350 chercheurs et experts, dirigée par l’International Centre for Integrated Moutain Development (ICIMOD), une organisation intergouvernementale établie à Katmandou (Népal). « C’est la crise climatique dont vous n’avez pas entendu parler », a déclaré le responsable du rapport Philippus Wester, de l’ICIMOD, cité dans le communiqué de presse.

Même si les nations de la planète parvenaient à contenir le réchauffement climatique du globe à +1,5°C par rapport à l’ère pré-industrielle d’ici à 2100, l’Hindou-Kouch-Himalaya perdrait tout de même un tiers de ses glaciers. Une fonte qui ne sera pas sans conséquences pour les 250 millions d’habitants de ces montagnes et les 1,65 milliard d’autres qui vivent dans les bassins fluviaux en aval. « Le réchauffement climatique est en passe de transformer les pics montagneux couverts de glaciers de l’HKH à travers huit pays en roches nues en moins d’un siècle. Les conséquences pour les peuples de la région, déjà l’une des régions de montagnes les plus fragiles et à risques du monde, iront d’une aggravation de la pollution de l’air à une augmentation des événements climatiques extrêmes », a mis en garde Philippus Wester.

Sécheresses, inondations plus fréquentes…

En influant sur les volumes et les périodes de la fonte glaciaire, le réchauffement climatique menace la production agricole dépendante de cette eau et fait peser un risque d’insécurité alimentaire, aussi bien dans les montagnes qu’en contrebas. « Les réductions projetées des débits avant la mousson de rivières et les changements dans la mousson feront le plus mal, perturbant les systèmes de distribution d’eau urbains et les productions de nourriture et d’énergie », a estimé Philippus Wester.

Sécheresses plus fréquentes, augmentation du nombre des violentes précipitations et des soudaines inondations dues aux ruptures de lacs glaciaires figurent parmi les risques climatiques cités par l’étude. Et « davantage d’eau devrait déferler dans l’Indus, le Gange et le Brahmapoutre », obligeant à un changement dans l’agriculture pratiquée dans les vallées à proximité de ces fleuves, note-t-elle. Très élevée dans les plaines indo-gangétiques, la pollution atmosphérique cause également le dépôt de noir de carbone et de poussière sur les glaciers.

Ce phénomène a pour conséquence d’accélérer leur fonte, de modifier la circulation de la mousson et la distribution des pluies au-dessus de l’Asie.

Les auteurs du rapport estiment qu’il sera nécessaire d’injecter dans la région de 3,2 à 4,6 milliards de dollars par an d’ici à 2030 pour s’adapter au changement climatique, puis de 5,5 à 7,8 milliards de dollars par an d’ici à 2050. « Tous les pays (de l’Hindou-Kouch-Himalaya) partagent les ressources montagneuses donc il est nécessaire qu’ils travaillent ensemble pour déterminer la façon d’affronter ce problème et aussi parler d’une même voix sur la scène mondiale », a exhorté David Molden, le directeur général de l’ICIMOD.

LQ/AFP