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Les congés collectifs résistent aux attaques 


Lors des congés collectifs au Luxembourg, de nombreux chantiers sont à l'arrêt, et la caravane passe. (photo archives LQ)

Le ministre du Travail les estime d’un autre âge. Pourtant, les congés collectifs ont du bon et les partenaires sociaux ne voient pas pourquoi les remettre en question.

Il y a cinq ans, l’ancien président de la Fédération des industriels (Fedil), Robert Dennewald, avait déposé une pétition publique réclamant la fin du congé collectif. Elle n’avait pas obtenu de succès, dépassant à peine les 800 signatures. C’est peu, eu égard aux 45 000 salariés occupés, alors, dans le secteur de la construction.

Le patron des Chaux de Contern expliquait que le pays faisait face à un volume de chantiers de construction publics et privés en augmentation constante et regrettait que le congé collectif d’été diminue la capacité de production «de façon importante». Il fustigeait la loi qui interdit aux entreprises de travailler pendant trois semaines en plein été, «pendant lesquelles les conditions climatiques sont optimales pour un secteur fortement tributaire des conditions météorologiques», plaidait Robert Dennewald dans le texte de la pétition.

Les arguments de Georges Mischo, le ministre du Travail, qui se positionne aujourd’hui pour une révision de la loi, sont identiques. Il a, lui aussi, jugé cette obligation comme une disposition archaïque, alors qu’il était invité sur les ondes de RTL Radio. Il proposait, pour être plus productif, de travailler neuf heures en été, contre sept heures en hiver. Ce qui, pour le ministre, présenterait également des avantages pour la santé des travailleurs.

Deux semaines après l’intervention du ministre, Roland Kuhn, le président de la Fédération des entreprises luxembourgeoises de construction et de génie civil, estimait, sur les mêmes ondes de RTL Radio, que les congés collectifs «fonctionnaient très bien», réglementés par la convention collective. «Il n’y a donc aucune raison de s’inquiéter à ce sujet», ajoutait l’entrepreneur.

Ce n’est pas la première fois que des décideurs politiques s’attaquent aux congés collectifs. L’ancien ministre de la Mobilité et des Travaux publics, François Bausch (déi gréng), avait lui aussi remis en question cette disposition dans un discours devant les entrepreneurs du pays, en 2019. Il partageait alors les motivations de Robert Dennewald dans sa pétition. Ce dernier déclarait que la fin des congés collectifs permettrait «d’augmenter la capacité de production du secteur de la construction et du génie civil, de raccourcir le délai des grands chantiers d’infrastructure, essentiels pour le développement du pays». Bref, les salariés auraient la liberté de prendre leurs congés selon leurs besoins. Les syndicats, OGBL en tête, avaient vivement réagi.

Du bon en période de sécheresse

Lors de la pandémie et du confinement qu’elle avait entraîné, le congé collectif d’été était une nouvelle fois menacé. Allait-il être supprimé pour laisser les entreprises rattraper le retard accumulé pendant le confinement? Les négociations entre les partenaires furent un échec. Les congés collectifs ont eu lieu aux dates prévues suivant les conventions collectives applicables. «Les syndicats refusant toute modulation de ce congé, les représentants des entreprises s’étaient montrés plus que déçus. Mais pas sans ressources, puisque toute entreprise peut solliciter une dérogation auprès de l’Inspection du travail et des mines, crise ou non», concluait l’OGBL à l’époque.

Les congés collectifs ont aussi du bon en été en période de sécheresse. Il y a deux ans, le ministère de l’Environnement avait décrété une phase de vigilance pour l’utilisation de l’eau potable et attendait avec impatience l’arrêt des chantiers. «Le 29 juillet, avec le début du congé collectif, une autre chute importante de la consommation a pu être observée, et ce malgré la persistance des températures très élevées», relevait le ministère.

Reste que la dernière sortie du ministre du Travail laisse perplexe. Aussi bien Roland Kuhn que les syndicats. Déi Lénk avait aussitôt réagi aux déclarations de Georges Mischo il y a deux semaines et, jeudi, le parti a posé une question parlementaire à ce sujet, d’autant plus que le ministre chrétien-social entend vouloir mener une discussion avec les partenaires sociaux sur le bien-fondé des congés collectifs dans le secteur du bâtiment. «Une telle initiative au niveau des congés collectifs ne figure pourtant pas dans l’accord de coalition du gouvernement CSV-DP et les partenaires sociaux ne semblent pas non plus être en faveur d’une remise en question des congés collectifs dans la construction.»

Si le ministre est d’avis qu’il faudrait les remettre en question, voire adapter le système, quelles seraient les motivations de Georges Mischo et «quels éléments de réforme du système des congés collectifs le ministre préconiserait-il?», interroge le député Marc Baum.

Rappelons que chaque salarié assujetti à ces dispositions se voit garantir quinze jours ouvrables de congé pendant la période d’été ainsi que dix en hiver.

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