Malgré une embellie temporaire en 2023, l’assurance maladie-maternité affiche un nouveau déficit. À l’inverse, l’assurance dépendance reste excédentaire.

«La situation financière de l’assurance maladie-maternité demeure alarmante et requiert la mise en œuvre de mesures rigoureuses, sans sacrifier la qualité des prestations ni la portée de la couverture», avertit Christian Oberlé, le président du conseil d’administration de la Caisse nationale de Santé (CNS), dans la préface du rapport annuel 2024 paru ce mercredi.

Le déficit de l’assurance maladie-maternité (AMM) n’est pas une surprise. Après plusieurs années de déséquilibre, seul l’exercice 2023 avait affiché un résultat positif (+100,1 millions d’euros), qualifié à l’époque de temporaire et non récurrent. Ainsi, en 2024, les recettes de l’AMM s’élèvent à 4,52 milliards d’euros, tandis que les dépenses atteignent 4,55 milliards. Le déficit courant est donc de 25,8 millions d’euros, ce qui réduit la réserve globale à 936 millions, soit 20,6 % des dépenses annuelles.

Ce déséquilibre s’explique par une croissance des dépenses (+8,2 %) nettement plus forte que celle des recettes (+5,1 %). Par exemple, les soins médicaux, dont les soins extrahospitaliers  (+14,3 %), passent de 589 millions en 2023 à 700 millions d’euros en 2024. Quant aux recettes, la progression du nombre de cotisants s’essouffle : +1 % en 2024, contre +2,1 % en 2023 et +3,4 % en 2022. «La situation financière actuelle oblige à un recours constant aux réserves pour assurer le financement», explique la CNS. L’avenir ne semble pas plus positif puisque dans un contexte de ralentissement économique, le déficit structurel ne devrait cesser de s’aggraver.

Que faire? Le rapport se montre évasif, évoquant «plusieurs pistes» étudiées par un groupe de travail dont les résultats seront présentés lors de la prochaine quadripartite en automne.

C’est bien mieux pour l’assurance dépendance

Concernant l’assurance dépendance, l’autre branche gérée par la CNS, Christian Oberlé se montre plus rassurant : «Sa viabilité financière reste assurée, mais les mutations démographiques et épidémiologiques commandent dès à présent un renforcement significatif de la prévention et de l’innovation.» Elle enregistre un excédent confortable de 80,7 millions d’euros.

Cette amélioration est due à plusieurs facteurs : des restitutions de trop-perçus (relatifs à 2018-2021) par certains prestataires et une baisse des valeurs monétaires arrêtées lors des négociations 2023/2024. Cette réduction s’explique par l’exclusion d’éléments salariaux non récurrents qui avaient gonflé les tarifs de 2021 et 2022, explique la CNS.

À noter enfin que le paiement immédiat direct (PID), lancé en 2024 a séduit de plus en plus de professionnels de santé. Ce dispositif, qualifié d’«étape majeure», permet aux assurés de ne plus avancer les frais pris en charge par la CNS. « Au 22 juin 2025, le PID a été adopté par 1 782 médecins et médecins-dentistes. Il représente près de 185 millions d’euros que les patients n’ont pas eu à avancer, la CNS ayant directement réglé ces montants aux médecins et médecins-dentistes », s’est félicité Christian Oberlé.