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Recrutement : les civils au secours des militaires


En décembre dernier, l’armée fêtait le 25e anniversaire de sa section de sports d’élite qui fait partie de ses effectifs.   (Photo : tania feller)

Alors que l’armée peine à recruter des militaires de carrière, les postes attribués aux personnels civils sont tous attribués. Ils dépannent même les militaires manquant à l’appel.

Le gouvernement prévoyait un plan de recrutement annuel de 30 militaires de carrière et 15 agents civils entre 2020 et 2026, selon la loi votée en mars 2021 sur l’organisation militaire. Des objectifs trop ambitieux, comme le révèle le bilan des deux premières années. Au niveau des carrières militaires, pas plus de deux nouvelles recrues en 2020 et quatorze en 2021.

Le métier de militaire demande de grandes aptitudes physiques et mentales, entre autres exigences particulières, qui attirent peu de candidats, et ce d’autant plus que les carrières qui sont proposées aux soldats qui quittent le Herrenberg sont multiples dans les administrations : police, administration des Douanes et Accises, administration pénitentiaire, CGDIS. La nouvelle loi militaire, quand elle sera votée, introduira des nouvelles carrières militaires intermédiaires qui devraient soulager l’armée.

Le plan de recrutement prolongé jusqu’en 2028

Dans le projet de loi qui modifie une nouvelle fois la loi sur l’organisation militaire, il s’agit de supprimer les dispositions déterminant l’effectif légal pour les différentes carrières, et qui constitue un maximum qui ne peut pas être dépassé lors de la création de nouveaux postes.

En revanche, le personnel civil est au taquet et déborde même un peu du cadre, à la suite de la réattribution de postes «militaires». Avec 40 embauches, l’effectif plafond pour les postes civils, fixé à 240, est atteint.

«Comme l’objectif de recrutement de 30 militaires par an, fixé en 2020, n’est pas réaliste, il est prévu de prolonger le plan de recrutement jusqu’en 2028, avec 15 militaires en 2022 et 2023 et ensuite 20 par an pour atteindre un total de 130», précise le rapport de la commission ad hoc.

Des réticences

Il faut revoir les conditions de recrutement de militaires, insiste la Chambre des fonctionnaires et employés publics (CHFEP), sans s’opposer à l’embauche supplémentaire de civils, du moment qu’elle n’est pas effectuée «au détriment du personnel militaire». La Chambre estime que les conditions de recrutement sont «particulièrement exigeantes» et non alignées sur «les modalités générales des examens-concours de recrutement dans la fonction publique». La procédure de recrutement du personnel militaire doit être réformée, surtout pour les postes spécifiques et techniques.

La Défense luxembourgeoise investit plus de 40 % de son budget dans des capacités de pointe, comme LuxGovSat, LuxEOSys, le programme MRTT ou la flotte binationale A400 et qu’elle s’est dotée en début d’année d’une stratégie de cyberdéfense. Le recrutement de militaires de carrière et de pointe, eux aussi, est plus qu’essentiel.

Même son de cloche du côté du Syndicat professionnel de l’armée luxembourgeoise (SPAL) qui fait observer que «le fait d’occuper des postes qui étaient réservés aux militaires par des spécialistes civils pourrait conduire à la disparition de certains postes à responsabilité qui sont calculés à partir de l’effectif réel». Une simplification et modernisation du recrutement pourrait augmenter considérablement l’attractivité de l’armée, juge le SPAL s’oppose au projet de loi.

Les effectifs des sous-officiers et des officiers stagnent

Quels sont les postes que les civils occupent aujourd’hui à la place des militaires ? Des postes pour lesquels il n’y a actuellement pas de militaires de carrière disponibles, des postes administratifs «dépourvus d‘exigences militaires», note la commission dans son rapport. Moniteurs d’auto-école ou encore conseiller d’orientation en matière de reconversion, expert en ressources humaines, des postes occupés en partie par des sous-officiers. «Comme l’armée a un besoin pressant de personnel pour ces postes, cette manière de procéder est la seule possibilité d’assurer son bon fonctionnement», relève la commission de la Sécurité intérieure et de la Défense.

L’armée a pu être renforcée par une douzaine de caporaux au cours des deux dernières années. Par contre, les effectifs stagnent au niveau des sous-officiers et des officiers, tandis que la situation se présente plutôt mieux concernant les soldats volontaires. L’effectif du contingent des soldats volontaires a été fixé à un maximum de 800 unités.