Si l’on savait que les enfants luxembourgeois étaient exposés à de nombreux polluants, l’étude menée par les chercheurs du Luxembourg Institute of Health (LIH) permet de se faire une idée précise de leur nombre et de leur type. L’objectif est d’améliorer les mesures de protection des enfants contre cette exposition.
Les chercheurs du LIH en savent désormais plus sur les petites têtes blondes. Littéralement. Un peu moins de deux ans après avoir lancé un appel à la population pour recueillir des échantillons de cheveux d’enfants habitant au Luxembourg, l’équipe du professeur Appenzeller a pu constater que les polluants s’y trouvaient en quantité : 88 polluants différents ont été recensés.
«La présente étude démontre que les enfants sont exposés simultanément à de multiples polluants appartenant à différentes classes chimiques », a souligné Alba Iglesias-González, première auteure de l’étude, dont les propos sont rapportés ce mardi dans un communiqué. La concentration la plus élevée est celle du bisphénol A (BPA), couramment utilisé dans la fabrication des plastiques, qui a été observée à 133,6 pg/mg, détaille le LIH.
Polluants organiques et pesticides
Bien que les polluants organiques persistants soient interdits en Europe depuis plus de 20 ans, ils ont été trouvés dans plus de la moitié des échantillons. Le fort passé industriel du Luxembourg, combiné à la longue durée de dégradation de ces produits chimiques, pourrait être à l’origine d’une exposition continue chez les enfants, explique le LIH. Des pesticides ont aussi été fréquemment détectés dans tous les échantillons.
L’étude révèle encore que l’exposition aux polluants est plus élevée chez les jeunes, et que les garçons sont plus exposés aux pesticides non persistants que les filles, sans doute en raison du dimorphisme physiologique et comportemental entre les sexes.
En outre, les enfants ayant une alimentation essentiellement biologique présentent une concentration significativement plus faible de 17 types de polluants dans leurs cheveux. Et le fait que les enfants vivent dans des zones urbaines ou rurales a eu une incidence sur le type de polluant auquel ils sont exposés, plutôt que sur la quantité.
Enfin, la présence d’animaux domestiques à la maison expose les enfants aux produits chimiques présents dans les antiparasitaires appliqués sur leurs compagnons à quatre pattes.
« Possibilités d’intervention »
Cette étude est la première du genre à étudier la somme de ce à quoi les enfants sont exposés au fil du temps et les facteurs d’exposition grâce à l’analyse de cheveux.
Les cheveux de 256 enfants résidents âgés de moins de 13 ans ont été analysés pour 153 composés, y compris des pesticides et d’autres produits chimiques. Le mode de vie des enfants, notamment pour savoir s’ils avaient des animaux domestiques à la maison, où ils vivaient et ce qu’ils mangeaient était renseigné dans un questionnaire.
«Les résultats obtenus ici jettent les bases d’autres investigations visant à mieux comprendre la contribution des différentes sources d’exposition aux polluants chez les enfants. En outre, le présent travail donne des indications sur l’identification des facteurs d’exposition et suggère des possibilités d’interventions visant à la réduire», conclut le Pr Appenzeller
L’analyse complète et les résultats ont été récemment publiés dans la revue Environment International sous le titre complet : « Investigating children’s chemical exposome – Description and possible determinants of exposure in the region of Luxembourg based on hair analysis ».