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Chaussures Léon fête ses 100 ans : «C’est ça le secret…»


Corinne Cahen est l’actuelle gérante de Chaussures Léon. Elle représente la troisième génération de Cahen à tenir le magasin.

À l’occasion du centenaire de l’enseigne luxembourgeoise Chaussures Léon, nous avons rencontré Corinne Cahen pour qu’elle nous retrace l’histoire du magasin familial.

Voilà déjà cent ans que l’enseigne Chaussures Léon aide les Luxembourgeois à trouver chaussure à leur pied. Aujourd’hui géré par Corinne Cahen, le magasin familial est passé entre les mains de trois générations de Cahen depuis sa création en 1924. Son histoire est donc teintée de souvenirs. «L’histoire de Chaussures Léon est aussi celle de ma famille», dit Corinne Cahen, un souvenir nostalgique accroché aux lèvres. La semaine dernière, le magasin a célébré son centenaire en compagnie de ses employés. «J’aurais aimé que mon papa puisse le fêter avec nous…»

Le premier magasin a été ouvert par Léon Cahen au 24, Neue Avenue, à Luxembourg-Gare. «Ses frères avaient aussi ouvert des magasins de chaussures si mes souvenirs sont bons, un à Differdange et un à Ettelbruck», explique l’actuelle gérante.

Les chaussures, c’est donc une histoire de famille. Mais son activité a dû s’arrêter durant la Seconde Guerre mondiale. C’est seulement en 1957 que Léon reprend le magasin en le refaisant complètement et en l’agrandissant. La même année, il accueille André, fils de son grand ami Ferdinand Cahen et père de l’actuelle gérante, pour qu’il y fasse son apprentissage. «C’est un pur hasard que ce soit le même nom de famille, c’est bizarre», sourit Corinne Cahen.

Première pub pour le magasin au 24, Neue Avenue, à Luxembourg-Gare.

André finit par reprendre le magasin au décès de Léon. Pourtant, il est tombé par hasard dans la vente de chaussures. «Il voulait être pâtissier, mais ça ne s’est pas fait parce qu’il n’était pas un lève-tôt.» Mais lors de son apprentissage, la passion des chaussures a pris. «Il a vraiment développé un amour et une connaissance du cuir, de l’orthopédie et surtout des clients.»

Si bien que lors de leurs vacances en famille, il leur fait visiter des usines et regarde tous les magasins de chaussures qu’ils croisent. «C’était son deuxième grand amour après ma maman», souffle Corinne Cahen. En 1988, André rachète toutes les parts de l’entreprise aux héritiers de Léon. Il fait vivre le magasin de la gare au cours des années et des décennies. Il y est toujours présent, accueille et conseille les clients. «Il les adorait et eux l’adoraient aussi. Dès qu’il leur montrait une chaussure, vous étiez sûr que le client repartait avec!»

«Les chaussures, c’est une passion»

Corinne rejoint officiellement la barque en 2001. Mais son histoire avec Chaussures Léon commence bien plus tôt : «J’ai toujours vécu au magasin. Après l’école, j’allais y faire mes devoirs. C’était ma maison», se remémore-t-elle. Tout comme son père, Corinne aime le contact avec les gens. C’est d’ailleurs pour cela qu’elle se lance ensuite dans la politique. «J’aime bien les projets, faire avancer les choses et trouver des solutions à d’éventuels problèmes que les gens pourraient avoir.»

Un aspect qu’elle retrouve au magasin, et ce, de manière très positive. «Quand j’étais journaliste, c’était toujours des infos négatives et tristes», compare Corinne Cahen. Alors qu’au magasin, les clients reviennent avec le sourire pour les remercier d’avoir trouvé les bonnes chaussures et de les avoir soulagés. «C’est très gratifiant… Oui, les chaussures, c’est une passion», sourit-elle.

Depuis qu’elle fait partie de l’entreprise, Corinne s’attelle à la faire évoluer. Son père, André, refuse alors d’ouvrir un autre magasin : «Il voulait toujours être dans son magasin, il ne pouvait pas être à deux endroits en même temps», développe Corinne. Mais lors de son arrivée dans l’entreprise, elle veut relever des défis. Au fil des années, l’enseigne ouvre différents points de vente. Aujourd’hui, il y en a trois : à la gare, à la Belle Étoile à Bertrange, et un dans le Nord, à Marnach. Et ce n’est pas la seule chose qu’elle apporte à l’enseigne : «Ne plus fermer à midi, avoir un ordinateur, digitaliser l’entreprise… Et puis évoluer avec la mode et les marques», énumère-t-elle.

Et bien sûr, Chaussures Léon garde au fil des années ce qui fait sa spécificité : «le service personnalisé et empathique». Quand vous passez les portes d’un magasin de l’enseigne, ce n’est pas pour acheter des chaussures à la légère. «Ici, on ne se sert pas tout seul, les vendeurs viennent tout de suite vous voir», explique Corinne Cahen. Pour elle, l’humain et le bien-être du client sont au cœur des valeurs de l’entreprise.

«C’est comme dans un café, les gens viennent et reviennent. Ils vous racontent un petit peu leur vie, ils demandent à être servis par une personne en particulier, parce qu’ils ont l’habitude et parce qu’elle les a toujours bien conseillés», souligne la gérante. C’est ce qui fait la différence avec la concurrence et les grandes enseignes, surtout dans une période où les coûts augmentent. «On se démarque justement parce qu’on est une entreprise familiale, que l’on se soutient les uns les autres. C’est quelque chose d’inestimable. C’est ça le secret…»

L’enseigne au logo vert compte aujourd’hui trois points de vente : le magasin historique au quartier Gare, un autre dans le nord du pays et le grand magasin à la Belle-Étoile.