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Les CFL veulent rattraper leurs retards


François Bausch communique ce mercredi sur les statistiques de suppression de train : la ligne 90 remporte la palme, de loin (photo : archives Editpress).

Transparence et dialogue sont les deux nouveaux credo des CFL, qui veulent informer les usagers de leurs efforts pour améliorer le réseau ferroviaire luxembourgeois et limiter les retards.

Les trains au Luxembourg ont en moyenne deux minutes de retard. Difficile à croire pour un usager régulier des transports en commun, et pourtant, ce sont les CFL qui le disent. Les Chemins de fer luxembourgeois vont mettre en œuvre tous les moyens pour faire baisser cette moyenne et publieront des bilans semestriels sur son site internet. Ils visent 25 % de retards en moins d’ici 2025.

Les CFL veulent jouer la transparence avec leurs usagers. C’est pourquoi ils ont joué cartes sur table hier matin, en expliquant les raisons des retards et les améliorations à apporter au réseau de chemins de fer pour atteindre une ponctualité proche de celle affichée par la Suisse. Ces dix dernières années, 2 162 millions d’euros ont été investis pour améliorer le réseau et 3 886 millions d’euros vont encore l’être jusqu’en 2028.

En 15 ans, le trafic de passagers, qui était resté constant depuis les années 1950, a augmenté de 70 % sans que les infrastructures ne soient mises à niveau, reconnaît Marc Wengler, directeur général des CFL, avant d’expliquer les particularités du réseau luxembourgeois.

Un réseau saturé

Mille trains circulent en moyenne chaque jour, ce qui correspond à 90 000 voyageurs et à un réseau saturé, particulièrement dans le sud-ouest et le centre du pays. Et ce nombre de voyageurs ne cesse de croître (+5,1 % au premier semestre 2018, malgré les grèves en France).

Cette surcharge du réseau est responsable de 55 % des retards de train. 17 % sont dus à la non-disponibilité de matériel roulant ou d’installations ferroviaires. 16 % sont des retards importés de réseaux voisins, 4 % sont dus à des causes externes, comme des barrières de passage à niveau cassées (c’est le cas deux fois par semaine). Enfin, 1 % sont dus à des incidents ou à des accidents. «Une fois par semaine, on trouve des gens qui sont sur les voies ou trop près des voies», précise Marc Wengler.

Des conclusions s’imposent, il faut améliorer le réseau et le matériel. D’après un sondage effectué auprès des voyageurs, les améliorations déjà effectuées – près de 6 000 usagers transiteraient chaque jour par la gare de Pfaffenthal-Kirchberg – attireraient de nouveaux usagers et d’autres auraient recours plus souvent aux transports en commun. Le jeu en vaut donc la chandelle.

Extension de la gare centrale de Luxembourg

Plusieurs grands travaux vont donc être lancés ou sont déjà en cours pour la période 2018-2028. À commencer par l’extension de la gare centrale de Luxembourg «qui devrait apporter une véritable amélioration», selon le ministre du Développement durable et des Infrastructures, François Bausch, puisque toutes les lignes de chemin de fer aboutissent à Luxembourg.

Quatre nouvelles voies vont être créées. La première sera mise en service fin 2019 et les trois suivantes fin 2024. Les lignes de train vont être réorganisées en fonction de voies dédiées et la connexion directe entre Liège et Rodange va avoir son propre corridor. Coût des travaux : 145 millions d’euros.

Une nouvelle ligne de train va également être créée entre Luxembourg et Bettembourg pour le trafic venant de France. Elle sera mise en service en 2028 après une refonte complète de la gare de Bettembourg et de ses quais. Le tout pour la somme de 292 millions d’euros.

Autre projet d’envergure actuellement en cours, la construction à double voie du viaduc Pulvermühl à Luxembourg pour améliorer la connexion avec l’est du pays, dont les travaux devraient être terminés pour avril 2019.

43 % de places assises supplémentaires

Mais ce n’est pas tout! En parallèle à ces projets d’envergure, les CFL vont procéder à des améliorations plus «discrètes». Entre 2019 et 2024, le nombre de places assises à bord des trains va augmenter de 43 %, puisque les CFL vont faire l’acquisition de 34 nouveaux trains.

Durant la même période, dix P & R vont exister. Certains auront été construits à neuf et d’autres agrandis, précise Marc Wengler. En outre, 23 gares et arrêts seront modernisés. Enfin, dix passages à niveau dangereux seront supprimés avant 2023. Pour François Bausch, «tout est réalisable».

On aurait presque hâte d’être dans dix ans pour bénéficier d’un réseau idéal qui nous ferait oublier la voiture et les embouteillages. Mais il va falloir être patient, notamment dans les embouteillages dus aux travaux de construction de ces infrastructures. On n’a rien sans rien. Les usagers pourront en suivre le cours sur l’application pour mobile des CFL, entre autres.

Sophie Kieffer