Ce lundi, l’ONG Médecins du monde a lancé sa nouvelle campagne nationale afin de mettre la lumière sur les sans-abris au Luxembourg, exclus de la protection sociale et de l’accès aux soins.
«Faut-il se faire passer pour un chien afin d’avoir un abri ?». Tel est le slogan de la nouvelle campagne nationale de Médecins du monde qui soigne gratuitement ceux qui n’ont pas accès aux soins, tels les sans papiers ou les victimes d’un conflit armé. Lancée au Luxembourg ce lundi 15 mai, la campagne compare la situation des animaux domestiques retrouvés dans la rue, «tous pris en charge et mieux protégés par la loi que les sans-abri». L’ONG internationale souhaite «provoquer une prise de conscience dans l’opinion publique que, parmi la population luxembourgeoise, il y a des personnes qui n’ont pas accès au système national de protection sociale».
Sans adresse fixe ou sans autorisation de séjour, «ces personnes ne sont donc pas en mesure de se rendre chez un médecin ou à l’hôpital». Malgré la mise en place d’une Couverture universelle des soins de santé (CUSS) en 2021, «cette couverture est encore loin d’avoir une dimension d’universalité et surtout, elle n’a encore aucune base légale» regrette le Dr Bernard Thill, le président. Tandis que quelque 150 personnes ont été affiliées à la CUSS depuis un an, l’ONG a, elle, pris en charge 1 145 personnes au Grand-Duché en 2022. Alors, cette dernière souhaite que sa campagne de sensibilisation permette l’inscription de la couverture dans les programmes politiques.
La fréquentation des centres d’accueil en hausse
Formées de médecins, de professionnels de la santé et de non médicaux, les équipes essentiellement bénévoles de Médecin du monde travaillent dans les Centres d’accueil, de soins et d’orientation (CASO) de Bonnevoie et Esch-sur-Alzette, à la WanterAktioun, ainsi qu’à la Maison médico-psycho-sociale, L’Escale, à Esch-sur-Alzette. «Il manque cruellement de structures d’accueil stables et de long terme destinées aux personnes sans abri, vieillissantes et atteintes de pathologies chroniques» explique Dr Bernard Thill, qui réclame des hébergements à long terme. Majoritairement atteints de maladie chronique, les patients bénéficient d’une continuité des soins dans ces lieux.
Un accompagnement vital puisque «ces personnes, dont l’état de santé est incompatible avec une vie en rue, n’ont nulle part où aller». Loin des guerres ou des catastrophes naturelles, le Grand-Duché connaît pourtant une situation qui se dégrade selon l’ONG. «Malheureusement, depuis le début de notre activité médicale au Luxembourg en 2014, nos centres médicaux ne désemplissent pas, bien au contraire» constate Sylvie Martin, directrice générale. L’ONG appelle aussi aux dons afin de financer les structures de soins, le matériel, l’organisation et la coordination des équipes bénévoles.