Le ministre des Affaires intérieures, Léon Gloden, ne va certainement pas faire son autocritique. En réponse aux députés socialistes qui l’interrogent, il vante son action et celle de la police.
Les socialistes ont toujours du mal à digérer la décision du ministre des Affaires intérieures qui avait déclenché des débats sans fin sur l’interdiction de la mendicité dans la capitale. Depuis, on sait que la mendicité simple va être supprimée du code pénal alors que la mendicité agressive sera précisément définie, comme l’a annoncé cet été la ministre de la Justice, Elisabeth Margue. Mais le sujet n’est toujours pas clos.
En écoutant la procureure générale d’État, Martine Solovieff, sur les ondes de RTL radio il y a un mois, les députés Dan Biancalana et Paulette Lenert ont, semble-t-il, savouré les critiques qu’elle avait émises à l’encontre du ministre des Affaires intérieures, Léon Gloden, en abordant le rôle de la police judiciaire dans la lutte contre la mendicité agressive.
Selon la procureure générale d’État, une section des stupéfiants de la PJ aurait reçu l’ordre d’établir des statistiques sur des affaires mineures liées aux drogues, ceci au détriment de leur travail en relation avec des affaires de plus grande envergure, comme le résument les deux députés dans une question parlementaire. Ils veulent savoir pourquoi.
Dans sa réponse, le ministre Léon Gloden use de son habituelle raillerie. «Soit il a été suggéré qu’une section du Service de police judiciaire aurait été chargée de la mission d’établir des statistiques, soit il a été suggéré qu’une section du Service de police judiciaire aurait été déployée uniquement « pour faire du chiffre ». Le fait que des ordres auraient été donnés dans un de ces buts et donc au détriment de la lutte contre la criminalité liée aux drogues ne peut pas être confirmé.»
La procureure générale d’État, dans cette même interview, avait indiqué également que tous les procès-verbaux concernant la mendicité, sauf un, avaient été classés. Ceci constitue-t-il le bilan définitif concernant l’intervention du dispositif spécial par rapport à la mendicité? Le «dispositif spécial» n’était-il pas démesuré?, questionnent les députés.
Léon Gloden n’est pas de cet avis et leur indique que l’objectif a été atteint. Ce «dispositif spécial» déployé dans les quartiers Gare, Bonnevoie et Ville-Haute à Luxembourg, avait comme objectif principal «d’assurer, entre autres sous forme de patrouilles pédestres, une présence policière régulière et visible dans les quartiers cités et à agir ainsi de manière positive sur le sentiment d’insécurité des citoyens», répond-il.
D’autres objectifs étaient notamment la sécurité et la salubrité publiques, la lutte contre le trafic de stupéfiants, l’immigration clandestine, la prostitution et aussi la mendicité agressive.
Plus de policiers, plus de magistrats
Léon Gloden répète que le gouvernement «a la ferme volonté de lutter davantage contre la criminalité organisée, dont le trafic de stupéfiants». Il glisse à l’intention des deux socialistes qui l’interrogent que «sous le gouvernement précédent, déjà, des habitants et commerçants surtout du quartier de la Gare de la Ville de Luxembourg avaient appelé à l’aide des décideurs politiques».
Il ne dit pas que cet appel était resté sans réponse, mais précise que la lutte contre le trafic de stupéfiants porte ses fruits avec des actions d’envergure menées par la police. «Au cours des mois de juillet, août et septembre 2024, la police a procédé à 59 interpellations lors de telles actions», ajoute-t-il. Il ne précise pas l’ampleur des saisies.
«Afin de permettre à la police de remplir sa mission de lutte contre les stupéfiants de manière encore plus efficace, le ministre des Affaires intérieures s’est engagé à renforcer les moyens techniques et les effectifs de la police, en particulier ceux du Service de police judiciaire.»
Sa collègue ministre de la Justice s’est engagée à augmenter considérablement le nombre de postes de magistrat et à renforcer les moyens des autorités judiciaires dans le cadre de la lutte contre les réseaux transfrontaliers de la criminalité organisée.
En fin de compte, le ministre ne dit pas qu’une section des stupéfiants de la PJ a reçu l’ordre d’établir des statistiques sur des affaires mineures liées aux drogues ni que son dispositif antimendicité était démesuré. Les députés socialistes ne devaient pas s’attendre à autre chose.