Dans sa publication trimestrielle qui vient de paraître, le LCGB ouvre grand ses colonnes à des ténors du CSV qui y signent des textes tout à la gloire de leur programme électoral. Le syndicat se défend d’un quelconque parti pris.
Pour qui roule le LCGB dans ces élections législatives ? À la lecture de la dernière livraison de Soziale Fortschrëtt, la publication trimestrielle du syndicat chrétien, l’on est enclin à répondre : pour le CSV. Le LCGB ouvre largement ses colonnes au programme et aux ténors du parti-chrétien social, à commencer par Claude Wiseler, tête de liste du CSV aux élections parlementaires de dimanche. Le député y expose sous sa propre plume «un plan pour le Luxembourg avec des engagements sociaux forts».
Sur deux pages (en français et en allemand) agrémentés de sa photo officielle de campagne, Claude Wiseler annonce une réforme du système des pensions qu’il s’agit, selon lui, de sauver d’une faillite inéluctable. Il critique vertement la réforme de l’assurance dépendance, ajoutant que le pire a été évité grâce à l’intervention de son parti. Il promet aussi une hausse du salaire minimum – refusé par l’actuel gouvernement – et la résolution de la crise du logement dans laquelle son parti porte pourtant une responsabilité loin d’être négligeable.
Issus de sérail
Bref, de la pure com électorale et une belle tribune pour celui que les sondages donnent favori pour succéder à Xavier Bettel au poste de Premier ministre. Mais il n’est pas le seul. Le syndicat, traditionnellement proche des chrétiens-sociaux, ouvre de la même manière ses colonnes à Marc Spautz, président du CSV, et à Aly Kaes, député du même parti. Tous deux sont certes issus du sérail syndical chrétien, le premier ayant été secrétaire générale du LCGB et le second son secrétaire général adjoint. Mais c’est bien du programme du CSV qu’il est question dans leurs textes.
Marc Spautz rappelle par exemple l’attachement de son parti à l’indexation automatique des salaires, appelle à rompre avec « la philosophie néolibérale » de l’actuel gouvernement et fustige la montée des inégalités. Pour un peu, il passerait pour un «gauchiste».
Au fil des pages, Soziale Fortschrëtt livre aussi une interview de Sonja Conzemius, juriste du syndicat mais également membre du CSV Nord, comme n’oublie pas de l’indiquer le magazine.
Les verts aussi
«Il ne s’agit pas d’un appel à voter pour l’un ou pour l’autre», se défend pourtant Carine Breuer, responsable des relations publiques du LCGB. «Nous avons envoyé nos revendications à tous les partis», poursuit-elle, avançant que le dernier numéro de Soziale Fortschrëtt publie également deux entretiens avec Felix Braz et François Bausch, deux ministres écolos «avec qui nous avons bien collaboré et avons eu une bonne écoute sur des dossiers ponctuels». Un avis d’autant plus pertinent qu’il est partagé par d’autres syndicats. Est-ce pour autant le fruit du hasard ? Ou l’illustration de la volonté affichée par certains chrétiens-sociaux de former une coalition avec déi gréng au lendemain des élections, un scénario maintes fois dessiné ?
En tout cas, la sympathie affichée par l’organe du LCGB pour le parti chrétien-social n’a rien de subliminale. Dans son éditorial intitulé «Élections», le président du LCGB, Patrick Dury ne donne cependant aucune consigne de vote aux membres du syndicat, expliquant qu’il ira à la rencontre du « gouvernement issu des élections législatives afin d’entamer un nouveau dialogue social», dont il espère qu’il «sera marqué par plus de respect pour les partenaires sociaux». Mais à qui peut-il bien penser ?
F.G.