Jean-Luc Mélenchon ne sera pas Premier ministre, mais a le sourire : la gauche qu’il a unie devrait avoir plus de 150 sièges, battant plusieurs figures de la macronie.
«On est là, on est là, même si Macron ne le veut pas nous on est là!», ont chanté à 20 h les militants présents à l’Élysée Montmartre à Paris, où était organisée la soirée de la Nouvelle Union populaire écologique et sociale (Nupes). Leur chef de file Jean-Luc Mélenchon a certes perdu son pari de s’installer à Matignon, mais il aura réussi à hisser la gauche en principale force d’opposition – même si le RN fait une percée historique avec au moins 60 députés. La Nupes va envoyer de 150 à 200 députés au palais Bourbon, selon les différents instituts de sondage. Pour Ipsos, La France insoumise, qui présentait le plus de candidats en vertu de sa troisième place à la présidentielle, remporterait environ 90 sièges, les écologistes 30, le PS une petite vingtaine et le PCF 13.
«J’ai beaucoup d’émotion, nous sommes la force qui est en progression, c’est formidable», a réagi sur BFMTV Alexis Corbière, lieutenant de Jean-Luc Mélenchon. Pour la numéro 2 du PS, Corine Narassiguin, «notre stratégie d’alliance a fonctionné, on va presque tripler le nombre de représentants de gauche, et l’intergroupe va devenir la première force d’opposition». Au PS, «on a fait le bon choix, on a répondu à l’attente des électeurs qui voulaient l’union», «à leurs yeux on s’est réancrés à gauche», a-t-elle ajouté.
«Camouflet» infligé à la macronie
Ian Brossat, le bras droit du communiste Fabien Roussel, réélu comme son homologue socialiste Olivier Faure et toutes les figures majeures de la gauche qui se sont présentées, s’est enthousiasmé : «C’est un camouflet énorme pour la majorité sortante, dont plusieurs ministres seraient battus.» Selon lui, «le président de la République va devoir renoncer à beaucoup de ses réformes de régression sociale. En tout cas, il n’y aura pas de majorité pour voter la retraite».
Les militants ont exulté quand les défaites face à la Nupes de Christophe Castaner et Richard Ferrand, respectivement président du groupe des députés LREM sortant et président de l’Assemblée nationale sortant, sont apparues sur les écrans. «Aujourd’hui il n’y a pas de majorité absolue pour Emmanuel Macron, c’est une bonne nouvelle, il ne pourra pas se faire ce qu’il veut, et devra faire des concessions», salue Théophile, un militant de 24 ans, à l’Élysée Montmartre. Cet ingénieur dit avoir «commencé à militer pour les législatives, avec l’union de la gauche» Le résultat «donne envie de continuer à s’engager pour cette dynamique, ça donne une grosse motivation», s’emballe-t-il.
Bonne surprise dans certaines circonscriptions rurales, comme dans la Creuse, où Catherine Couturier (Nupes-LFI) a battu le député sortant (Ensemble-Renaissance) Jean-Baptiste Moreau. Seules ombres au tableau : le député LFI sortant Michel Larive a été battu dans l’Ariège par le dissident PS Laurent Panifous. Et, selon Corinne Narrassiguin, plusieurs candidats de la Nupes risquent de perdre face au RN, la faute selon elle «à sa banalisation» par la macronie.