Considérés comme des technocrates à leur entrée au gouvernement, Nicolas Schmit d’abord et Pierre Gramegna ensuite se sont pris au jeu politique. Tous deux ont été élus dimanche avec des scores enviables.
Avec la perte de trois sièges, la soirée électorale du LSAP avait une saveur de soupe à la grimace, dimanche au Melusina. Mais Nicolas Schmit, lui, ne cachait pas sa joie et affichait un large sourire au vu des suffrages qu’il avait rassemblés dans la circonscription Est. Le ministre du Travail sortant y conserve non seulement son siège mais améliore son score personnel de 2013, recueillant sur son nom 5 522 votes contre 5 070 cinq ans plus tôt.
Un autre ministre qui ne boudait pas son plaisir est Pierre Gramegna. Pour sa première participation à un scrutin, le ministre des Finances est élu haut la main et s’offre le luxe de réaliser le meilleur score personnel du DP dans le Sud avec 18 383 voix, laissant loin derrière lui Claude Meisch. Avec 15 527 suffrages contre 22 225 en 2013, le ministre de l’Éducation nationale voit sa popularité électorale s’éroder, malgré une assise politique régionale établie de longue date.
Nicolas Schmit et Pierre Gramegna ont en commun d’être à la fois d’anciens hauts fonctionnaires et d’être devenus ministres sans avoir été préalablement élus. Le premier avait rejoint en 2004 le gouvernement Juncker -Asselborn au poste de ministre délégué aux Affaires étrangères, après 25 ans passés au sein de la fonction publique où il était notamment en charge des dossiers européens de haut niveau. S’il s’est engagé au Parti socialiste dans les années 80, il a attendu 2009 pour engager sa première joute électorale à des législatives, décrochant un siège dans la circonscription Est où il est réélu depuis. Et dès 2009, l’on sentait bien qu’il prenait goût à se confronter au verdict des urnes.
Également issu du sérail diplomatique, Pierre Gramegna n’était même pas membre du DP quand il a rejoint la coalition Gambia en 2013, abandonnant la Chambre de commerce qu’il dirigeait depuis dix ans ainsi que les sièges qu’il occupait au sein de conseils d’administration de grandes sociétés et banques.
Une réussite politique
Présenté un peu vite comme un représentant de la société civile il y a cinq ans, Pierre Gramegna était, comme Nicolas Schmit en son temps, considéré comme un «techno» lors de son entrée au gouvernement. Tous deux peuvent se prévaloir de bons bilans dans les ministères qu’ils ont dirigés, cela expliquant aussi leur succès électoral. Mais leur réussite n’est pas uniquement technique, elle est aussi politique.
Chacun à sa manière symbolise les valeurs que son camp politique est censé porter. Au ministère du Travail, Nicolas Schmit a su réduire le chômage en conservant un ancrage socialiste marqué, faisant de lui l’une des figures les plus à gauche de son parti.
Aux Finances, Pierre Gramegna s’est forgé une image libérale convaincante par la bonne tenue des comptes publics, la baisse des impôts et en se faisant l’avocat des patrons, des multinationales et bien sûr de la place financière qui le chérit.
Nicolas Schmit d’abord, Pierre Gramegna ensuite, ont tous deux fait face au reproche d’avoir été parachutés à la tête de ministères sans légitimité électorale. C’est désormais chose faite pour les deux. Bien faite même.
F. G.