Le nouveau gouvernement luxembourgeois publie ce lundi des détails du programme de la coalition. Sur la mesure controversée de la légalisation du cannabis récréatif, on saisit mal le cap fixé : simple dépénalisation ou légalisation en instaurant « une chaîne de production et de vente nationale » ?…
« Une législation portant sur le cannabis récréatif sera élaborée ». L’amorce du texte est claire. Mais rapidement, le propos se complique. « Les objets principaux en seront de dépénaliser, voire de légaliser sous des conditions à définir la production sur le territoire national de même que l’achat ». Deux ambitions qui n’ont rien à voir entre elles ! La dépénalisation est par essence même le modèle portugais -pour toutes les drogues d’ailleurs. Le consommateur n’est pas sanctionné, mais le producteur ou le revendeur, oui. Il s’agit de ne plus encombrer les tribunaux avec des délits que l’on considère comme trop petits. Et de mettre le paquet sur la prévention, ou l’arrestation des gros bonnets.
Plutôt Portugal ou Canada ?
La légalisation résulte d’une volonté bien différente : il s’agit de rendre le produit légal et par conséquent, d’en organiser ses règles de vente voire de production, comme n’importe quel produit de consommation. C’est le modèle choisi par l’Uruguay ou plus récemment encore (2018) par le Canada. La deuxième partie du texte laisse penser que le gouvernement s’intéresse de près à cette option : « À cette fin, il s’agira d’instaurer sous le contrôle de l’Etat une chaîne de production et de vente nationale », peut-on lire.
La question des recettes et taxes est évoquée de façon assez pudique : « Les recettes provenant de la vente de cannabis seront investies prioritairement dans la prévention, la sensibilisation et la prise en charge dans le vaste domaine de la dépendance ». Ça va en faire, avec une clientèle issue de toute la Grande-Région, des recettes pour faire de la prévention auprès des résidents ! Pour rappel au Canada, les acteurs économiques et les gouvernements locaux guettaient avec autant d’impatience que les consommateurs la réforme historique d’octobre 2018…
Quoiqu’il en soit, le chemin vers la légalisation s’annonce concrètement complexe, que ce soit d’un point de vue juridique ou pratique.
Le Quotidien