Cinq élèves du lycée Aline-Mayrisch ont lancé un site qui permet aux commerçants de vendre leurs invendus de la journée à prix cassé afin de limiter le gaspillage et faire découvrir leurs produits.
Chaque année, à l’initiative des Jonk Entrepreneuren Luxembourg (JEL), des dizaines de minientreprises naissent dans les lycées du Grand-Duché. Si beaucoup d’entre elles commercialisent un produit fabriqué par leurs soins, l’équipe de LeftLovers a très vite vu plus grand. La plateforme créée par cinq élèves du lycée Aline-Mayrisch, à Luxembourg, propose, moyennant une commission, de mettre en contact consommateurs et commerçants afin que ces derniers puissent écouler plus facilement leurs invendus en fin de journée.
L’idée a fleuri dans l’esprit d’Eli Bertrand il y a deux ans alors qu’il travaillait dans la boulangerie Chambelland. «J’ai parlé avec le patron pour voir ce que l’on pouvait faire à propos du gaspillage alimentaire.» Comme beaucoup d’autres commerces alimentaires, le boulanger était confronté au problème des invendus qui représentaient un coût non négligeable pour l’entreprise. «On jetait des centaines d’euros de bouffe à la poubelle.» La boulangerie avait bien mis en place des solutions, comme donner ses invendus à une association, mais celle-ci ne passait pas tous les jours. «Je rentrais aussi avec des viennoiseries, mais au bout d’un moment j’en avais trop.»
Cette expérience, Eli l’a gardée en tête au moment du lancement du concours des minientreprises. Très vite, il convainc quatre copains de se lancer avec lui : Benni Biesdorf, Liam Bahbout, Raphael Wilwertz et Gabriele Masullo. Les cinq adolescents vont alors travailler d’arrache-pied pour concrétiser leur projet et donner naissance à LeftLovers. De la même manière que l’application Too Good to Go dans d’autres pays, l’entreprise propose aux commerçants de mettre en vente les «restes» de la journée dans des sachets-surprises. Une manière d’éviter le gaspillage tout en proposant des produits à moindre coût aux clients.
«On a fait beaucoup avec très peu et en peu de temps»
En parallèle des cours, les cinq amis ont travaillé d’arrache-pied pour créer leur entreprise et trouver des commerçants voulant bien participer. «Ils ne pouvaient pas s’engager avec des gens qui ne sont pas fiables, affirme Raphael. On a travaillé pendant des heures tous les jours sur le projet.» Toute l’équipe a dû être multicasquette. Pendant que certains démarchaient les entreprises, d’autres se sont occupés de monter le site internet, pierre angulaire de l’activité de l’entreprise. S’ils ont travaillé avec un prestataire luxembourgeois, ils ont dû eux-mêmes mettre la main à la pâte.
À côté, il a aussi fallu gérer les réseaux sociaux, un autre domaine dans lequel la petite équipe a su tirer son épingle du jeu pour bien se faire connaître. «Notre compte Instagram est celui qui a eu la plus grosse audience de toutes les minientreprises», lance Liam. Pour financer tout ça, les lycéens ont réussi à récolter 3 000 euros pour leur projet aussi bien sur leurs fonds propres qu’en demandant à leurs amis et leurs familles ou en recherchant des sponsors. «On a fait beaucoup avec très peu et en peu de temps», se félicite Benni.
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«L’idée, c’est de s’étendre»
Une ardeur à la tâche qui a payé, puisque LeftLovers s’est plutôt bien défendue au concours des minientreprises. L’équipe a terminé à la troisième place lors de la grande finale, le 22 mai, et remporté le Consumer Protection Award. Mais maintenant, l’année terminée, alors que beaucoup de minientreprises vont tirer le rideau, LeftLovers veut aller toujours plus loin. «L’idée, c’est de s’étendre», avance Gabriele.
L’équipe va pour cela participer à un projet pilote mis en place par les JEL pour accompagner les minientreprises qui souhaitent perdurer. «Ils vont nous aider à écrire les statuts, à avoir une adresse et nous donner des conseils pour créer une SARL-S (société à responsabilité limitée simplifiée).» Dans les tuyaux, la création d’une application et la volonté de démarcher de nouveaux commerçants en allant au-delà de l’alimentaire, par exemple les fleuristes. Un nouveau chapitre pour LeftLovers, mais qui restera avant tout une aventure entre copains. «On s’engueule beaucoup, mais à la fin, on tombe toujours d’accord.»
Comment ça marche ?
Pour tester le concept, rien de plus simple. Il suffit de se connecter au site leftlovers.lu (une application est en cours d’élaboration) et de choisir l’un des commerçants parmi la quinzaine de partenaires. Plusieurs sachets-surprises sont alors proposés selon la taille que l’on souhaite (petit, moyen ou large) qu’il suffit de réserver en vérifiant bien le jour et l’heure de retrait. Une fois la commande payée et réservée, il suffit de se rendre dans le commerce ou le restaurant au moment indiqué pour retirer son sachet-surprise.
«Le client fait au minimum 50 % d’économie, mais souvent, on est plus aux alentours de 60 %. Cela permet de découvrir des produits à des prix réduits», précise Eli. Le contenu de chaque sachet et la quantité dépendent de chaque établissement, mais tous les produits doivent évidemment encore être consommables. «Il y a aussi un système de notation», ajoute Raphael. Les consommateurs peuvent ainsi noter le commerçant, et si l’un d’entre eux obtient de trop mauvaises notes, l’équipe de LeftLovers le contacte pour comprendre quel est le problème.