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L’effort de défense va augmenter à 1,18 millard d’euros pour 2025


La ministre de la Défense, Yuriko Backes, doit présenter ce vendredi de plus amples détails sur la hausse de l'effort de défense. (Photo : mae)

L’annonce d’augmenter dès la fin de cette année l’effort de défense à 2 % du RNB est désormais chiffrée. Contacté par Le Quotidien, le ministère de la Défense précise qu’il s’agira d’une enveloppe de 1,18 milliard d’euros, contre 780 millions d’euros initialement inscrits dans le budget 2025. Une hausse supplémentaire n’est pas exclue, en fonction des décisions prises lors du sommet de l’OTAN en juin prochain.

Il s’agit d’une des principales annonces de la déclaration sur l’état de la Nation du Premier ministre, Luc Frieden. Au vu du contexte géopolitique, le Luxembourg va augmenter dès cette année son effort de défense à 2 % du Revenu national brut (RNB), un cap qui devait seulement être atteint en 2030.

Dans son discours, le chef du gouvernement n’avait pas annoncé de montant absolu. Contacté ce mardi après-midi par nos soins, le porte-parole de la ministre de la Défense, Yuriko Backes, précise que les 2 % correspondent à une enveloppe de 1,18 milliard d’euros.

La trajectoire d’investissements dans la défense, revue à la hausse en juin 2024, avait prévu un budget de 780 millions d’euros pour cette année 2025, soit 1,32 % du RNB. Le cap du milliard d’euros ne devait être franchi qu’en 2028 (1,1 milliard d’euros) avant d’atteindre les 2 % du RNB en 2030, équivalant à 1,5 milliard d’euros.

«Le budget que nous présenterons en octobre traduira également ce nouvel objectif dans notre planification financière. Cette nouvelle trajectoire s’aligne sur celle de la Belgique, qui demeure notre principal partenaire sur les questions de sécurité», précise le Premier ministre.

«Un gouvernement responsable ne peut négliger la sécurité»

Par contre, le cap minimal des 2 % pourrait être revue à la hausse lors du sommet de l’OTAN, prévue fin juin aux Pays-Bas.

«Si, en raison du contexte géopolitique exceptionnel, un consensus en ce sens devait se dégager, alors nous serons prêts à accompagner pleinement cette dynamique, en tant qu’allié et partenaire fiable. Le Luxembourg entend assumer ses responsabilités et continuer à apporter sa contribution», assure Luc Frieden.

«Cela reste, malgré tout, une décision difficile. Mais un gouvernement responsable ne peut négliger la sécurité. Sans sécurité, il n’y a pas de paix», ajoute-t-il.

La ministre de la Défense doit livrer ce vendredi de plus amples détails sur les capacités dans lesquelles le Luxembourg compte investir afin d’atteindre les 2 % du RNB dès cette année.

«Nous avons besoin d’une stratégie économique capable de soutenir cet effort militaire. Une stratégie fondée sur nos atouts, notamment dans les domaines des satellites et de la cybersécurité», met en perspective le chef du gouvernement.

Un second satellite militaire

Il est d’ores et déjà acquis que le Grand-Duché va mettre sur orbite un second satellite de communication à vocation militaire.

Le satellite Gov-Sat 1, opérationnel depuis 2018, a nécessité un investissement de 225 millions d’euros. Il fournit des services de communication par satellite sécurisés, fiables et accessibles aux gouvernements

Cet été doit aussi être lancé le satellite d’observation de la Terre LUXEOSys, dont le coût a explosé de 309 à 382 millions d’euros. Il pourra livrer des images à très haute résolution pour des organisations telles que l’UE, l’OTAN, l’ONU, l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), des États alliés, ainsi que d’autres partenaires civils.

Trois sources de financement, le social épargné

L’effort financier pour augmenter l’investissement dans la défense «ne peut se faire au détriment de notre politique sociale», martèle Luc Frieden. «Il n’est pas question d’opposer les priorités. Les défis posés par la question de la sécurité s’ajoutent aux autres. Ils ne les effacent pas», ajoute-t-il.

Le financement de l’augmentation se fera à travers trois sources :

  • par le budget de l’État, par le biais d’un «defense bond», c’est-à-dire un emprunt public dédié à la sécurité, auquel des investisseurs privés peuvent contribuer.
  • une redéfinition des priorités en matière de dépenses, notamment dans le domaine des infrastructures. Ils ne seront pas «prêts tous au même moment».
  • la mobilisation de ressources financières extrabudgétaires, notamment via un fonds national auprès de la SNCI (Société nationale de crédit et d’investissement), destiné à financer des activités pouvant servir à des fins militaires comme civiles.