Les futurs organes consultatifs que sont l’Observatoire national de la qualité scolaire et le Conseil national des programmes devront servir à redéfinir le débat sur l’éducation et à dépasser les clivages politiques.
Un parfum de précampagne électorale planait inévitablement, jeudi, sur le ministère de l’Éducation nationale. Comment interpréter, sinon, la volonté affichée par le ministre Claude Meisch de poursuivre et de pérenniser son action politique entamée fin 2013?
En employant à plusieurs reprises le terme de «continuité» et en évoquant son ambition d’instaurer une relation «davantage consensuelle» en impliquant tous les acteurs œuvrant sur le terrain, afin de «pacifier le monde scolaire», le ministre s’est clairement posé en candidat à sa propre succession, après avoir déjà officialisé cette ambition de rempiler pour cinq ans, lundi, sur les ondes de la première radio du pays.
Dans ce contexte, le ministre semble donc prêt à mettre les bouchées doubles tout au long de la dernière ligne droite de son mandat en vue de fédérer un maximum d’électeurs autour de sa vision et, plus généralement, afin de s’attirer les faveurs de l’opinion publique. Et ce n’est certainement pas Claude Meisch qui le nierait, puisqu’il a de son propre gré abordé l’échéance électorale du mois d’octobre.
«Un bon thème de campagne électorale»
Dans le cadre de la présentation de l’Observatoire national de la qualité scolaire et du Conseil national des programmes, deux organes consultatifs qui verront prochainement le jour (lire encadré), Claude Meisch, a également évoqué sa volonté de réunir différents acteurs dans une «table ronde de l’éducation».
Si certains acteurs du monde de l’éducation ne semblent a priori pas être conviés à la grande tablée – à l’instar des professeurs et des syndicats d’enseignants –, Claude Meisch a lancé qu’il restait des «places de libres», bien qu’il se soit également dit «réaliste» sur le fait que certains d’entre eux déclineront l’invitation…
Quoi qu’il en soit, le ministre a estimé que la place restée libre (en bleu sur le dessin) pourrait accueillir «des représentants du pouvoir législatif, à savoir des députés».
Puis, Claude Meisch d’expliciter le fond de sa pensée, en plaçant soigneusement certains garde-fous : «Il ne s’agira pas pour ces députés de faire de la politique politicienne, car, de toute façon, le principal parti d’opposition du CSV a pris l’habitude de ne pas voter mes réformes à la Chambre, mais, au contraire, il sera question de contribuer au débat sur la qualité scolaire. Il s’agira d’ailleurs d’un bon thème de campagne électorale», a estimé le ministre.
Ceci dit, bien que les réflexions entourant ce «modèle» ne soient pas encore finalisées, il devra rapidement se concrétiser, c’est-à-dire au cours de cette législature, selon Claude Meisch. À l’inverse de la mise sur pied effective et relativement imminente de l’Observatoire national de la qualité scolaire et du Conseil national des programmes, dont les missions sont d’ores et déjà entérinées.
- Deux organes consultatifs pour auditer l’Éducation nationale
Outre le projet de «table ronde de l’éducation (Bildungsdësch), le ministre Meisch a présenté deux organes consultatifs, indépendants et autonomes, qui seront prochainement amenés à être impliqués, de près ou de loin, dans son action politique : l’Observatoire national de la qualité scolaire et le Conseil national des programmes.
Indépendant dans son travail, l’Observatoire analysera régulièrement la qualité scolaire, avec l’aide d’experts scientifiques, et proposera des pistes pour l’améliorer, selon le ministre.
De plus, ses rapports seront soumis au gouvernement, à la Chambre et seront rendus publics. De son côté, le Conseil, qui sera ouvert sur la société civile, éclairera le ministre en matière de programmes scolaires et veillera à la cohérence des enseignements, du fondamental au bac. Pour ce faire, il consultera organismes publics, organisations, associations et interlocuteurs de la société civile.
Claude Damiani