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Contern : le whisky de terroir de Jean-Claude Muller


Le fermier-distillateur s'est lancé dans la production de whisky. (photo Tania Feller)

Le deuxième millésime du whisky de Jean-Claude Muller, « Éim Néckels », sera présenté vendredi et samedi à la distillerie, à Contern. Élaboré à base de seigle produit dans sa propre ferme, cet alcool est une pépite!

Le nom donné à ce whisky luxembourgeois, Éim Néckels (l’oncle Nicolas), est un hommage aux aïeux de Jean-Claude Muller qui habitaient alors de l’autre côté de la rue. Ils doivent lui en savoir gré: ce whisky est un vrai succès!

Depuis 2008, Jean-Claude Muller distille des eaux-de-vie et des liqueurs récompensées dans de nombreux concours réputés. À dire vrai, son affaire tourne bien et ses clients sont fidèles. Fort de cette réussite et puisqu’il n’est pas homme à s’enfermer dans une routine, le fermier-distillateur s’amuse désormais à étoffer sa gamme avec des alcools plus insolites que ceux produits avec les fruits de la région.

Trois ans après la première chauffe de son alambic, il décide ainsi de se lancer dans la production de… whisky! « Je me suis dit que j’avais tout ce qu’il me fallait sur place  : les céréales, de l’eau… alors pourquoi pas? », explique-t-il. C’est une spécificité qui ne manque pas d’intérêt  : Jean-Claude Muller produit lui-même ce qui fera la base de son whisky, le seigle. « Mes terres sont excellentes pour la croissance de cette céréale , souligne-t-il. Le sol est légèrement sableux et draine donc l’eau. Or le seigle supporte bien la sécheresse, davantage que le blé. »

Va donc pour un whisky à base de seigle, un peu à l’image des ryes nord-américains. Il composera au final 90% de ces graines, le reste étant de l’orge malté indispensable à la transformation de l’amidon en sucre. Une fois le seigle concassé, il est plongé dans l’eau chaude pendant une demi-heure. Lorsqu’il est refroidi, on y ajoute la levure et la mixture fermente trois jours avant de passer dans la colonne à distiller. L’essence même du whisky tire alors 70 à 75  degrés d’alcool. Pour le ramener à 43°, Jean-Claude Muller l’allonge avec l’eau de la source Milbech, celle-là même qui fournit Contern en eau potable.

La dernière étape est aussi l’une des plus importantes, il s’agit du vieillissement. « J’ai choisi d’utiliser des fûts de chêne de 250  litres qui ont déjà servi à produire du cherry oloroso en Espagne », précise Jean-Claude Muller. Pour avoir le droit d’utiliser l’appellation whisky, trois ans de fûts minimum sont nécessaires. À la distillerie Muller-Lemmer, cinq années passent avant la mise en vente. C’est-à-dire que les flacons qui seront mis en vente à partir de demain contiendront un whisky élaboré en 2012!

500 bouteilles sont disponibles. (photo Tania Feller)

500 bouteilles sont disponibles. (photo Tania Feller)

500 bouteilles vendues en un mois et demi!

Jean-Claude Muller avoue que l’an passé, il ne savait pas trop à quoi s’attendre. Il n’a pas été déçu  : « En un mois et demi, j’avais déjà tout vendu! » Les 250  litres, soit 500  bouteilles, sont parties sans effort, mais le distillateur n’était pas encore absolument sûr de lui. « Je me disais que les clients l’avaient acheté parce que c’était une nouveauté, mais je n’étais pas persuadé qu’ils reviendraient… Lorsque plusieurs d’entre eux m’en ont commandé six nouvelles bouteilles, ça m’a rassuré! »

Et c’est une certitude, ce whisky conternois mérite le détour! Évidemment, n’allez pas y trouver des notes tourbées ou salines, nous sommes au Luxembourg et il s’agit d’un produit de terroir. Mais ce whisky est clair et limpide. Parfumé et très long en bouche, il est à la fois rond et franc. L’expérience du distillateur qui maîtrise parfaitement les différentes étapes de la distillation (tête, cœur et queue) est aussi évidente que précieuse.

Désormais convaincu que son whisky a de l’avenir, Jean-Claude Muller a décidé cette année d’en produire deux fûts. Mais avant de pouvoir goûter le fruit de cette croissance, il faudra attendre 2022! D’ici là, la règle du premier arrivé premier servi prévaudra. Et le distillateur a un pressentiment  : « Je ne suis pas sûr qu’il en restera beaucoup samedi soir… » À bon entendeur!

Erwan Nonet

Dégustation et vente vendredi 10 mars de 17h à 22h et samedi de 10h à 19h. Ferme et distillerie Muller-Lemmer, 1  rue de Moutfort à Contern.

Un marché des producteurs à la ferme samedi

Ce samedi 11 mars, de 10h à 17h, Jean-Claude Muller a invité plus d’une dizaine de producteurs qui viendront vendre leurs produits en direct à ses côtés. « Il y aura de tout, sourit-il. Des fruits et légumes, de la viande, des pommes de terre, des pâtes, des fromages, du vin, des eaux-de-vie, du lait, des glaces, du miel, des produits issus de la pomme… » Un food truck sera présent sur place, il servira burgers, porc et saumon.

Ce marché des producteurs sera le premier qu’il organise, mais si les clients l’apprécient, il y aura certainement des suites! Jean-Claude Muller croit en effet beaucoup à la vente directe, un gage de confiance retrouvée entre les consommateurs et les produits alimentaires. Une relation souvent mise à mal par les entourloupes de l’industrie.