L’Excelsior Virton a repris le chemin des entraînements avec à sa barre, comme prévu, Dino Toppmöller et pas mal de têtes bien connues de ce côté-ci de la frontière sur la pelouse.
On parle beaucoup du recrutement virtonais en cette intersaison. Chez nous, des joueurs qui quittent notre BGL Ligue pour aller en Belgique. Mais de l’autre côté de la frontière, ce sont surtout les départs du club gaumais qui font jaser…
Fondé en 1922 et matricule 200 du football belge, l’Excelsior Virton est ce qu’on peut appeler un club de tradition. Un club où on a toujours été fier de son ancrage local et de ses racines. Des valeurs qui n’avaient pas empêché le club de déjà accéder à deux reprises à la D2 belge, en 2001, avec un certain Michel Leflochmoan à la barre, puis en 2013, sous Frank Defays.
De quoi en faire le n°1 dans un coin de la Belgique considéré depuis très longtemps comme le parent pauvre du foot belge. Le foot «bling-bling», on ne connaît pas trop là-bas. Par contre, on y connaît la valeur du travail et on aime la reconnaissance liée à celui-ci, qu’il y ait en tout cas une certaine cohérence.
«On ne les connaît pas»
C’est en grande partie pour tout cela que les supporters grondent depuis quelques jours. Depuis que la rumeur évoque un possible départ à terme de Virton pour un nouveau stade, dont on dit qu’il pourrait prendre place à 40 km de là.
Depuis qu’on a appris également que plusieurs cadres de l’équipe championne ne sont pas conservés. Le côté «on construit un groupe pour le détruire juste après» ne passe pas vraiment. Tout comme le fait que pas mal d’éléments estampillés «virtonais» (dont Thibaut Lesquoy, qui a signé à Dudelange) sont gentiment poussés vers la sortie…
Si on excepte deux banderoles postées une nuit sur les grilles du stade (nous en avions fait écho voici quelques jours), il n’y a pas encore eu de manifestations physiques de ce mécontentement. Mais chaque nouvelle médiatique concernant le groupe virtonais est abondamment commentée sur les réseaux sociaux. Bref, le «Virton version Flavio Becca» a un peu de mal à passer pour le moment…
C’est dans ce contexte un peu lourd que débarquent Dino Toppmöller, le nouvel entraîneur, son staff et le cadre choisi par le technicien allemand.
Et forcément, on regarde là-bas avec un œil attentif ces nouvelles recrues, dont une large majorité provient de BGL Ligue, ce championnat que l’on ne suit absolument pas de ce côté-là de la frontière. «On ne les connaît pas, ces joueurs. On suppose qu’ils sont bons. Mais on se demande surtout clairement pourquoi on a fait partir ceux qui nous ont fait remporter le titre la saison dernière…», a-t-on entendu à diverses reprises lundi dans la bouche de supporters virtonais, qui savent bien que sans Flavio Becca, leur club n’existerait plus.
Toppmöller a vu un gouffre
Dino Toppmöller leur a (en partie) répondu en conférence de presse. «Quand je regarde mon groupe, j’ai confiance en ceux qui sont là. Et on pense tout simplement qu’ils sont plus forts que leurs prédécesseurs. Mais maintenant, c’est à eux de le prouver sur le terrain…», expliquait celui qui a réussi le doublé cette saison avec Dudelange. Le technicien allemand de 38 ans a vu plusieurs fois jouer Virton l’an dernier. Mais il a surtout pas mal observé le niveau de ses futurs adversaires en D1B. Et il a vu qu’il y avait un véritable gouffre entre la D1 amateurs, où Virton a triomphé, et son futur championnat, l’antichambre de l’élite belge.
Et le fils de Klaus a donc recruté un groupe qui, à ses yeux, sera le plus apte à rivaliser. Faisant donc confiance comme on l’a répété ces dernières semaines à certains de ses anciens joueurs (Prempeh, Malget, Turpel, Couturier, Jordanov ou le duo Laurienté-Soumare qu’il a côtoyé lors de sa première saison au F91) et adversaires (Hadji, Benamra et Bojic). Tous des joueurs qui devront donc convaincre les sceptiques dans les prochaines semaines.
De quoi avoir quand même une petite pression sur le dos. «Vous savez, quand je suis arrivé à Dudelange, mon prédécesseur (NDLR : Michel Leflochmoan) avait réussi le doublé. Et on est arrivé à faire encore mieux par la suite», répondait un Dino Toppmöller dont la tâche ne s’annonce quand même pas des plus simples. Mais ceux qui l’ont vu au F91 savent qu’il a les épaules pour réussir.
Julien Carette