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Le tourisme au Luxembourg boosté par les vols annulés


Les terrasses place d’Armes ne désemplissent pas : les touristes font une halte au Grand-Duché sur la route des vacances. (Photo : alain rischard)

Le chaos dans le transport aérien en Europe chamboule les habitudes des touristes cet été, et ça profite au Luxembourg, où hôtels, restaurants et campings font le plein.

Les touristes sont de retour au Luxembourg, plus nombreux encore qu’en 2019, se réjouissent à l’unisson les professionnels du secteur : l’été chaud et ensoleillé de cette année, combiné aux difficultés que traversent aéroports européens et compagnies aériennes (lire ci-dessous) booste le tourisme au Grand-Duché.

«On est bombardés de demandes»

«Les trois dernières semaines ont été incroyables : on est bombardés de demandes de réservation», s’étonne encore Florence Kirtz-Bertemes, gérante du camping Tintesmühle près de Heinerscheid. Une tendance qui se confirme dans l’ensemble des établissements membres du réseau Camprilux, qu’elle préside, et qui regroupe 56 des 76 campings luxembourgeois.

«On avait enregistré des réservations pour cet été en avril, mai et juin, mais au début du mois de juillet, ça a vraiment explosé», détaille-t-elle, le temps d’une pause déjeuner express, alors qu’elle est seule pour s’occuper des 55 emplacements du camping familial.

«Certains ont couru acheter des tentes»

«Cette année, il est plus compliqué de prendre l’avion, beaucoup de vols prévus n’ont pas été assurés, donc on a de nombreux clients qui se sont tournés vers le camping pour leurs vacances. Certains ont même couru acheter des tentes», raconte-t-elle.

Des Belges et des Néerlandais en grande majorité comme toujours, des Allemands aussi et même quelques Suisses, d’après son réseau. Davantage de familles avec enfants par rapport aux années précédentes, et des couples, avec un phénomène nouveau : le boom des réservations de très courts séjours à la dernière minute.

«Les gens appellent parfois pour une arrivée le lendemain», indique ainsi la gérante.

Mais pas sûr qu’ils trouvent une place, car la plupart des campings affichent quasiment complets : «Ces 15 derniers jours, on est très limite», confirme-t-elle, ajoutant que les demandes affluent déjà pour septembre.

Au niveau de 2019, même plus

Ce qui augure une très bonne saison 2022, après les turbulences causées par la crise sanitaire en 2020 et les inondations historiques de juillet 2021, qui avaient frappé bon nombre d’établissements, dont le sien. «On a désormais retrouvé le niveau d’activité de 2019, voire plus pour certains d’entre nous», conclut Florence Kirtz-Bertemes.

Même satisfaction du côté des cafés, restaurants et hôtels du pays, qui bénéficient, eux aussi, des tensions dans les transports aériens : «On a une forte clientèle de passage – environ 30 %. Ce sont des touristes néerlandais qui ont pris la route au lieu de l’avion et qui s’accordent une halte d’une nuitée au Luxembourg sur le trajet des vacances», se félicite François Koepp, secrétaire général de l’Horesca.

«Le Luxembourg n’a pas triplé ses prix»

Ce qui fait grimper la fréquentation des établissements : «On a une forte progression sur juillet et août, et septembre s’annonce très bien», commente-t-il. «On est de nouveau à hauteur de 2019, et même au-delà pour certains. Les échos sont extrêmement positifs, tout le monde est satisfait.» Une situation favorable, malgré la grave pénurie de personnel qui touche le secteur et complique un peu les choses.

Les campings du pays croulent sous les réservations pour des courts séjours de dernière minute. (Photo : Alain Rischard)

Ce succès est aussi dû, selon lui, au fait que les professionnels luxembourgeois du tourisme ont résisté à la tentation de gonfler leurs tarifs : «Le Luxembourg n’a pas triplé ses prix comme en Europe du Sud. Ils ont augmenté, certes – parce que les frais en marchandises et en matières premières ont pris 30 % ces derniers mois, 80 % pour l’énergie – mais dans une mesure raisonnable», affirme-t-il.

Des touristes qui viennent de plus loin

De bonnes perspectives que viennent confirmer les chiffres d’un premier bilan dressé par la direction du Tourisme : dans les hôtels, l’occupation prévue atteint 67 % pour juillet et 61 % pour août – plus de 70 % dans les régions touristiques du nord et de l’est.

Les campings affichant, quant à eux, une occupation prévue de 78 % en juillet et 76 % en août, soit plus élevée qu’avant la pandémie. Le ministère précise enfin que davantage de visiteurs viennent de loin par rapport aux deux dernières années : Royaume-Uni, Italie, Espagne mais aussi États-Unis, tandis que la clientèle des Pays-Bas a carrément doublé.

Lufthansa a dû annuler des milliers de vols cet été. (Photo : AFP)

 

Un été chaotique dans les aéroports

Empilements de bagages abandonnés, attentes de plusieurs heures aux contrôles, passagers bloqués dans les avions par manque de personnel au sol, vols retardés ou supprimés : tel est le sombre tableau dans plusieurs aéroports européens alors que la saison touristique bat son plein.

Francfort, Londres, Dublin, Amsterdam-Schiphol (où des passagers ont même raté leur vol à cause des files d’attente), et Paris-Charles-de-Gaulle, ont ainsi connu des situations chaotiques, ayant réduit leurs effectifs pendant la pandémie, et incapables d’absorber une demande remontée plus vite que prévu.

Grèves en cascade et contrôle aérien grippé

Mêmes soucis au sein des compagnies aériennes : le manque de personnel a contraint Lufthansa et British Airways à supprimer plusieurs milliers de vols cet été voire à suspendre les vente de billets, tandis que des mouvements sociaux ont lourdement perturbé les compagnies low cost Ryanair, Volotea et EasyJet, mais aussi Lufthansa.

Quant au contrôle aérien, il s’est lui aussi grippé, avec des retards dus notamment à la fermeture des espaces aériens russe, biélorusse et ukrainien, qui nécessite de rediriger le trafic vers des zones déjà saturées.

Luxair, qui n’est pas épargnée par la pénurie de main-d’œuvre, a annulé des vols au printemps, mais maintenu ses plans depuis le début de l’été, sans toutefois parvenir à éviter retards et files d’attente.