Un discours de 47 pages pour faire le tour de la politique étrangère. Jean Asselborn s’est livré à cet exercice avec souvent de la lassitude dans sa voix, mercredi, mais aussi de la détermination à construire un monde meilleur.
Le ministre des Affaires étrangères et européennes s’est présenté devant les députés pour prononcer sa déclaration de politique étrangère et européenne, un 13 mars et pour la treizième fois. Une bonne heure et demie de discours pour dresser un état du monde peu reluisant au milieu duquel le Luxembourg essaye de défendre ses intérêts, protéger sa souveraineté, sauvegarder la paix et assurer sa prospérité dans le respect des valeurs universelles. Morceaux choisis.
EUROPE
«Le nationalisme, c’est la guerre», déclare Jean Asselborn en citant François Mitterrand. «Cette phrase a plus de sens que jamais en 2019!», poursuit-il en évoquant des élections européennes qui façonneront l’avenir de l’Union européenne. Une UE mal en point victime d’attaques internes avec un flot de mensonges incessants, de fausses informations qui remettent les valeurs européennes en cause. Des attaques extérieures la blessent tout autant avec un multilatéralisme remis en cause et une politique commerciale agressive. Mais pour autant, Jean Asselborn ne veut pas cacher le mal réel qui ronge l’UE avec des attentes légitimes des citoyens. «Pour la première fois, un État membre va quitter l’UE», rappelle, pessimiste, le ministre des Affaires étrangères. S’il partage de nombreuses vues avec Emmanuel Macron sur la réforme nécessaire de l’Union, il rejette fermement la remise à plat de l’espace Schengen. Le Luxembourg soutiendra l’instauration d’un salaire social minimum et la création d’une autorité du travail européenne. Pour le Luxembourg, c’est encore plus d’Europe et pas le contraire, une Union qui rapporte beaucoup à ses citoyens et qui coûte 1,56 euro par jour à chaque Luxembourgeois.
BREXIT
Pour Jean Asselborn, la priorité est de protéger les 3,5 millions de citoyens européens établis au Royaume-Uni, dont 2 000 Luxembourgeois, et les citoyens britanniques qui vivent dans des États membres, dont 6 000 au Grand-Duché. Ces derniers bénéficieront d’une période de transition, jusqu’au 30 mars 2020, date à laquelle ils devront être titulaires d’un titre de séjour pour ressortissant d’un pays tiers. «Le Luxembourg tentera d’atténuer le plus possible les conséquences négatives du Brexit», assure Jean Asselborn.
ÉLARGISSEMENT
Des négociations sont en cours avec la Serbie et le Monténégro, tandis que d’autres seront lancées avec la Macédoine du Nord et l’Albanie. Les critères de Copenhague sur les valeurs communes resteront la première priorité dans ces discussions. Mais il reste encore de nombreux problèmes à surmonter dans la région et notamment les relations entre la Serbie et le Kosovo. En ce qui concerne la Turquie, les négociations sont au point mort depuis le putsch de 2016 et ses conséquences sur les droits de l’homme et l’État de droit. Néanmoins, la Turquie reste un partenaire incontournable pour les Européens.
MIGRATION
Si le nombre de demandeurs de protection internationale a baissé de 90 %, «c’est parce que l’Europe est devenue une forteresse depuis deux ans», déplore Jean Asselborn. Tout comme il regrette que l’UE n’ait pas respecté ses engagements dans le cadre de son partenariat avec l’Afrique concernant la migration légale.
Geneviève Montaigu