Le Tour de France attend, espère surtout, une offensive du Colombien Nairo Quintana, le seul qui semble pouvoir représenter encore une menace pour le maillot jaune du Britannique Chris Froome, à l’amorce des Alpes.
À la seconde journée de repos, mardi en Suisse, le vainqueur sortant possède une marge confortable, à défaut d’être une garantie, à cinq jours de l’arrivée à Paris: près de deux minutes sur le Néerlandais Bauke Mollema, deuxième, et surtout près de trois minutes sur Quintana, quatrième, l’autre favori au départ du Mont-Saint-Michel le 2 juillet.
L’étape du jour :
QUINTANA EN RETRAIT
Le grimpeur colombien est le principal perdant de la deuxième semaine du Tour. Tant sur le plan arithmétique – près de deux minutes et demie de passif supplémentaire par rapport à Froome – que dans le comportement en course. Ses deux accélérations dans le Ventoux ont ressemblé à des pétards mouillés.
Pourquoi Quintana a-t-il reculé pareillement après avoir bien négocié les neuf premiers jours de course? « A cause du vent », répond Alain Gallopin, qui dirige l’équipe de Mollema (Trek). « Pendant quatre jours, le vent a soufflé très fort et il a fini par payer ».
Froome et son équipe Sky n’ont fait que reprendre la stratégie adoptée jadis par Jacques Anquetil face aux grimpeurs de son époque, puis par Bernard Hinault confronté à Lucho Herrera et aux autres grimpeurs colombiens.
Tramontane et mistral aidant, la tension nerveuse et les grands braquets ont usé Quintana dans la traversée de la plaine du Languedoc et de la vallée du Rhône. Jusqu’à rogner ses ailes de « condor », le surnom donné aux grimpeurs andins.
LE TOUR EST-IL DEJA JOUÉ ?
« Cela dépend de Quintana », estime Gallopin. « La journée de repos va lui faire du bien. Il peut se refaire. Il est le seul à pouvoir faire exploser le Tour. Il a l’équipe pour cela, avec Valverde qui est fort. Contrairement à Froome, il est toujours monté en régime dans la troisième semaine ».
Le facteur météo importe également. Des possibles orages sont annoncés dans les prochains jours et, remarque Gallopin, « les Movistar (l’équipe de Quintana) courent de manière agressive quand le temps est mauvais ».
« Je vois mal Quintana baisser les bras », renchérit Romain Bardet, premier Français au classement (6e). « J’ai l’impression qu’il bluffe un peu tout le monde. Je le vois plus tenter le tout pour le tout à un moment donné. Mais, c’est vrai, le capital confiance des Sky et de Froome est au plus haut puisqu’il n’a pas été mis en danger jusqu’à présent ».
Deuxième en 2013 et 2015, à chaque fois derrière le Britannique, le Colombien est placé au pied du mur des Alpes. Avec la quasi-obligation de reprendre du temps dès l’ascension de Finhaut-Emosson, terme mercredi de la 17e étape.
QUATRE JOURNÉES IMPORTANTES
Deux arrivées au sommet (Finhaut-Emosson, Saint-Gervais Mont-Blanc) séparées par un contre-la-montre en côte entre Sallanches et Megève précèdent le final attendu samedi sur Joux-Plane, le dernier col hors catégorie du Tour avant l’arrivée à Morzine. Sans que, sur le papier, une journée s’annonce plus déterminante qu’une autre malgré le risque d’une montée aussi dure qu’Emosson au lendemain d’une journée de repos.
« Tout est possible dans la troisième semaine d’un grand tour », estime Gallopin dont le coureur (Mollema) est le plus proche au classement du maillot jaune: « De l’objectif top 5 au départ, on est passé au podium, voire plus qui sait. En 2013, il était déjà deuxième à l’entrée de la dernière semaine. Mais il était tombé un peu malade ensuite ».
Comme ses collègues, Gallopin insiste sur la force du collectif autour de Froome, l’intelligence stratégique de son équipe Sky qui a souvent été moquée par le passé pour son côté rouleau compresseur. Dans ce Tour, la formation britannique optimise les ressources de ses grimpeurs en les sollicitant à tour de rôle (Poels, Henao, Nieve, voire Landa).
« Pour l’instant, Froome est le plus fort et son équipe est presque invincible », estime le jeune Britannique Adam Yates, qui signerait volontiers pour garder sa place (3e). Même le porteur du maillot jaune, d’habitude plus précautionneux, affiche une confiance à peine atténuée par une phrase, « le Tour n’est pas encore gagné », de bon aloi.
« Je me sens plus prêt pour cette troisième semaine que les années précédentes », assure Froome qui tient aussi à marquer le coup sur le plan psychologique: « Les choses qui me font le plus peur sont un incident mécanique ou une chute. »
Le Quotidien / AFP