Un contre-la-montre de 14 kilomètres ouvre samedi à Düsseldorf le Tour de France 2017, l’événement de l’année cycliste convoité par les grands noms (Froome, Porte, Quintana, Contador, Bardet) d’une course très indécise et placée sous haute sécurité dès sa première journée.
Dans la ville allemande, surnommée le « petit Paris » (!), tous les espoirs sont autorisés au sein des 22 équipes de neuf coureurs. Il en ira autrement le 23 juillet, sur les Champs-Elysées, au terme des 3540 kilomètres d’un parcours concocté pour ménager le suspense jusqu’à la veille de l’arrivée, lors du second « chrono » à Marseille. Pour le maillot jaune, Chris Froome et Richie Porte, qui furent associés et même très copains sous le maillot Sky, s’amusent à un drôle de jeu « à toi à moi ».
Chacun cherche à rejeter sur l’autre l’étiquette de favori. « C’est Richie l’homme à battre », assure le Britannique au vu des résultats et de la forme affichée par son rival cette saison. « Chris est le tenant du titre », rétorque l’Australien à propos du triple vainqueur de l’épreuve, candidat à sa propre succession. « Mais n’oublions pas les autres », s’empresse d’ajouter Porte.
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« Il y a une densité assez rare au niveau des favoris », confirme Romain Bardet, qui porte les espérances françaises après sa deuxième place de l’année passée. L’Auvergnat se refuse à trancher dans la hiérarchie: « Physiquement, c’est Porte qui m’a fait la plus grosse impression. Mais comment avoir des doutes sur le niveau d’un coureur qui a gagné trois fois le Tour ? »
Tous s’accordent à étendre à huit-neuf noms les prétendants au podium, voire mieux. En premier lieu, Nairo Quintana, un habitué qui attend la consécration qu’aucun Colombien n’a encore connue. Le « condor », deuxième du Giro, représente un grand point d’interrogation. Peut-on enchaîner, en tentant de les gagner, les deux grands tours ?
L’Espagnol Alberto Contador, qui espère un retour de flamme -dix ans après le premier de ses deux succès-, le nouveau champion d’Italie Fabio Aru, en doublette avec le Danois Jakob Fuglsang, vainqueur du Dauphiné, ont le maillot jaune dans un coin de la tête. Et pourquoi pas Alejandro Valverde, le vétéran espagnol dans l’ombre de Quintana ?
Ou le néophyte colombien Esteban Chaves, qui découvre avec des yeux d’enfant le Tour, son stress, son ambiance survoltée à cause du public venu en foule et de la cohorte de médias ?
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Le Tour, malgré les affaires passées de dopage à l’origine de la désaffection allemande pendant une dizaine d’années – Düsseldorf marque les retrouvailles -, relève du phénomène social. Il attire la lumière et les risques afférents.
En Allemagne, des tireurs d’élite ont pris position. Sur le territoire français, quelque 23.000 gendarmes ou policiers sont mobilisés. Pour la deuxième année, l’unité spécialisée du GIGN est présente. Le dispositif intègre même une brigade avec des chiens dressés pour détecter des explosifs en mouvement au départ et à l’arrivée des étapes d’un parcours subtilement dosé.
Dessiné pour que la course ne soit pas verrouillée par une ou deux équipes, le Tour 2017 est un peu moins montagneux que l’édition précédente (23 cols tout de même !). Mais il multiplie les occasions de confrontations. « C’est un parcours atypique, étrange: il y aura beaucoup d’improvisation, d’incertitude », estime le manager de l’équipe de Quintana Eusebio Unzue.
Pour la première fois depuis vingt-cinq ans, les cinq massifs montagneux de la France continentale sont visités. Dans l’ordre, les Vosges avec la Planche des Belles Filles dès le cinquième jour, le Jura, les Pyrénées (Peyragudes et l’Ariège en concentré), le Massif central et enfin les Alpes limitées à deux étapes (Croix-de-Fer et Galibier le premier jour, Vars et l’arrivée à l’Izoard le second).
« La dernière semaine est peut-être un peu moins dense, relève Bardet. Il faudra se découvrir plus tôt ». La remarque va dans le sens des organisateurs, qui ont cherché des pentes raides parfois inédites (la « directissime » du Grand Colombier, Peyra Taillade sur la route du Puy-en-Velay) pour compliquer la course.
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En attendant, les hommes de la plaine prennent les devants. La tête d’affiche ? le champion du monde, Peter Sagan, en position de décrocher un sixième maillot vert (classement par points). Le Slovaque et les autres spécialistes venus en nombre (Kittel, Greipel, Cavendish, Démare, Bouhanni, etc), font du Tour le grand rendez-vous annuel des sprinteurs.
Ils sont attendus dimanche, à Liège, au lendemain du « chrono » de Düsseldorf qui court le risque de la pluie, sous les yeux de la nouvelle ministre des Sports Laura Flessel. Le public allemand veut croire que l’un des siens (Tony Martin ?) portera le premier maillot jaune.
Le Quotidien / AFP