Un ou deux jours par semaine, les salariés apprécieraient. De moins ceux qui le peuvent. Le télétravail est entré dans les mœurs et dans la loi. Il n’est pas obligatoire, mais le salarié y sera sensible au moment de choisir.
Pour les frontaliers, les accords fiscaux avec les pays voisins sont prolongés jusqu’au 30 juin. Après, c’est le retour à la normale, soit 34 jours par an pour les Français et les Belges, 19 seulement pour les Allemands en ce qui concerne les seuils pour 2022 et hors restrictions dues au Covid-19.
Pour certains, c’est la fin d’une époque, celle d’un télétravail débridé qui leur a fait goûter à un certain confort. Pour d’autres, c’est le retour à la normalité qui leur a manqué, ou presque, persuadés que le télétravail va laisser des traces.
Ce sont les petites rencontres à la machine à café qui lui manquent le plus. Martha, 48 ans, pourrait travailler en permanence depuis chez elle, son poste à la banque lui permet de remplir les mêmes missions à distance.
Mais après la longue période de télétravail imposée par le confinement et la suite des mesures sanitaires, elle était contente de retrouver ses collègues. Du moins certains. «C’est difficile de revoir tout le monde en même temps vu que l’on alterne les équipes, une semaine sur deux», explique-t-elle.
Ce système est en place depuis le début de l’année et doit prendre fin à la fin du mois, selon sa direction. «Mais rien n’est moins sûr, la délégation du personnel négocie une prolongation en raison de la flambée des prix des carburants, ou sinon une compensation», poursuit-elle, en avouant, dans la foulée, travailler en pull à la maison pour économiser sur le chauffage.
Le prix des carburants pourrait justifier, selon elle, une prolongation du télétravail. «Le gouvernement se concentrerait alors sur l’aide à apporter à ceux qui sont obligés de se déplacer dans le cadre de leur travail», suggère-t-elle. L’idée est généreuse, mais sans doute complexe à mettre en place.
Le télétravail, surtout, ne sied pas à tout le monde. Elle-même a besoin de montrer le bout de son nez une fois par semaine à la banque, ne serait-ce que pour retrouver un peu de l’ambiance de l’époque.
«C’est drôle, mais on a l’impression que ce ne sera plus jamais comme avant, surtout si on intègre le télétravail complètement dans le mode de vie. Il manquera toujours du monde au bureau pour former l’équipe d’avant la pandémie», observe Martha.
Champions d’Europe
D’autres ne peuvent pas s’arranger à la maison. Ce n’est pas toujours la présence des enfants qui en est la cause, ni un manque de confort, mais une incompatibilité avec un conjoint télétravailleur lui aussi.
«Je ne peux pas partager une pièce avec mon mari parce que nous travaillons chacun dans des banques différentes et il y a un certain degré de confidentialité à respecter. Et même dans deux pièces distinctes de l’appartement, c’est difficile », reconnaît Isabelle.
Cette gestionnaire de fortune à trois ans de la retraite n’imagine pas terminer sa carrière loin de l’effervescence de la capitale. «J’aime la ville de Luxembourg et les petits restaurants entre amis. Je veux profiter de ma clique avant la claque de la retraite !», plaisante Isabelle.
Parmi ses collègues, frontaliers comme elle, certains sont devenus véritablement accros au télétravail. «Ils calculent ce qu’ils devraient payer comme impôts dans leur pays de résidence s’ils dépassaient le seuil autorisé de jours télétravaillés», témoigne-t-elle.
Elle peut les comprendre, surtout ceux qui n’en peuvent plus de faire le trajet pour rejoindre leur village pas ou mal desservi par les transports en commun. «Je peux imaginer leur confort de vie, ce gain de qualité», conclut Isabelle, qui continue à aimer le train qu’elle prend à Thionville pour aller travailler et qui ne pourrait plus se passer du tram pour aller au Kirchberg.
Au 2e trimestre 2021, 41 % des actifs ont effectué du télétravail. Déjà en 2019, le Luxembourg était aux premiers rangs du travail à domicile en comparaison européenne. Avec la crise, le Luxembourg a dépassé les Pays-Bas et a pris la tête du classement européen avec un pourcentage de 48 % du travail à domicile (moyenne européenne : 21 %).
Les députés viennent de modifier le code du travail selon l’accord trouvé entre partenaires sociaux en octobre 2020. Il s’agit en effet de prévoir expressément que dans les entreprises de moins de 150 salariés, l’employeur est obligé en la matière d’informer et de consulter la délégation du personnel, et dans celles occupant plus de 150 salariés, la décision relative à l’introduction ou la modification d’un tel régime doit être prise d’un commun accord entre l’employeur et la délégation.
Le salarié et l’employeur choisissent librement la formule de télétravail dès l’entrée en fonction du salarié ou ultérieurement. Aucun employeur n’est tenu d’introduire le télétravail dans sa société, mais il est certain qu’une telle mesure aura comme effet d’attirer des salariés toujours plus soucieux de leur qualité de vie. Le télétravail en fait désormais partie.
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