D’après les prévisions du Statec, les salaires pourraient être augmentés une troisième fois en 2023. L’institut table sur une inflation à 6,4 % pour cette année.
Le Statec a annoncé, ce lundi, que trois indexations seraient possibles en 2023. Toutefois, l’institut de statistiques se veut prudent quant à ces prévisions, les incertitudes étant nombreuses. Il anticipe une inflation à 6,4 % pour cette année (contre 6,6 % dans la prévision de septembre 2022) et à 3,4 % pour 2023 (contre 6,6 % précédemment).
Au mois d’octobre, malgré un taux d’inflation sur un an qui se stabilise à 6,9 %, l’indice des prix à la consommation nationale progresse de 0,9 % par rapport au mois précédent. La forte hausse des prix des produits pétroliers (+8,8 % en un mois) ainsi que l’augmentation des prix des produits alimentaires permettent d’expliquer ce phénomène.
Le Statec souligne particulièrement dans son rapport la flambée qu’ont subie les prix des produits pétroliers. En un mois, à la pompe, il vous a coûté en moyenne 7 % de plus pour du diesel et 5,1 % pour de l’essence. Pour les ménages qui ont rempli leur cuve à mazout, la facture s’est alourdie de 8,6 % par rapport au mois de septembre. Enfin, le tarif du gaz de ville a gagné en moyenne 13,6 % en octobre. À noter que cette évolution du prix du gaz a été modérée par la décision du comité de coordination tripartite de septembre dernier. Si l’on compare au mois d’octobre de l’année précédente, les prix des produits dérivés de l’or noir dans le panier de l’indice sont supérieurs de 35,2 %.
Avec une hausse de 1,7 %, les prix des produits alimentaires viennent de subir leur plus forte progression mensuelle depuis octobre 2007, ajoute le Statec. Les légumes frais (+5 %), le pain et céréales (+2,7 %) ainsi que les produits laitiers (+1,9 %) ont le plus pesé sur cette tendance. Du côté des réductions, les fruits de mer surgelés (-5,3 %) et l’huile d’olive (-1,6 %) se démarquent. En comparaison annuelle, les prix alimentaires sont supérieurs de 10,9 %.
Produits importés, euro faible
Les prix augmentent, notamment ceux de l’alimentation, à cause de la répercussion retardée de l’envolée du coût de l’énergie sur tous les autres prix, explique le Statec. Au Luxembourg, les mesures tripartites ont levé une part de l’incertitude relative aux prix de l’énergie en limitant les hausses des prix du gaz et de l’électricité. Mais avec plus de 4 %, l’inflation sous-jacente (inflation qui exclut les produits volatils comme les produits pétroliers, les produits frais, les produits laitiers, les viandes, les fleurs…) atteint en 2022 des niveaux historiquement élevés et poursuivrait une dynamique soutenue en 2023 malgré l’impact modérateur de la baisse de la TVA au 1er janvier. Comme nous l’avons écrit, le Statec précise que les mesures tripartites freinent une partie de l’évolution des prix de l’énergie et devraient ralentir l’inflation sous-jacente. L’effet de ces mesures est néanmoins partiellement contrecarré, selon l’institut, par l’emballement des prix à la production dans les pays partenaires et leur diffusion progressive à l’ensemble des prix qui se matérialise dans les prix à la consommation au Luxembourg via les produits importés. Cet effet est amplifié par la dépréciation de l’euro, qui renchérit les coûts de production d’un grand nombre de biens et accroît les prix finaux.
Les prévisions du Statec anticipent toujours le paiement d’une tranche indiciaire au 1er trimestre 2023, de celle reportée à avril 2023, et désormais aussi d’une tranche supplémentaire en 2023 dans deux des trois scénarios élaborés. Comme nous l’avons dit, pour le Luxembourg, le Statec anticipe l’inflation à 6,4 % pour cette année et 3,4 % pour 2023. L’inflation sous-jacente est également révisée et ralentirait de 4,4 % en 2022 à 3,7 % en 2023 (contre respectivement 4,3 % et 4,9 % dans la prévision de septembre). Par rapport aux prévisions élaborées à l’issue du nouvel accord tripartite qui prévoyaient une inflation de 6,2 % en 2022 et 2,8 % en 2023, il s’agit néanmoins d’une révision à la hausse, pointe le Statec.
Les trois scénarios (bas, central et haut) du Statec concernant l’évolution de l’inflation incluent au mois d’avril 2023 l’application de la tranche indiciaire déclenchée en juin 2022 et le paiement d’une tranche indiciaire au 1er trimestre de 2023. S’y ajouterait, pour le scénario haut (c’est-à-dire inflation importante), un paiement supplémentaire au 3e trimestre 2023. La troisième indexation en 2023 ne pourrait ne pas avoir lieu si le prix du brent reculait (pétrole de la mer du Nord) ou si l’euro s’appréciait de nouveau face au dollar.