Le dialogue constructif entre la Chambre d’agriculture et le gouvernement se poursuit. Il reste toutefois de nombreux défis à relever, dont la transmission des exploitations agricoles.
La liste des avancées réalisées depuis le premier «Landwirtschaftsdësch» en mars de cette année satisfait globalement le secteur agricole. Toute une série de changements négociés entre les acteurs du terrain et le gouvernement ont trouvé leur place dans la loi agricole. Les efforts visant à réduire les émissions d’ammoniac sont aussi bien engagés. L’objectif est fixé à -22 % d’ici 2030. Les mesures déjà en place ont déjà permis de baisser les émissions de 11 %.
Hier, la ministre de l’Agriculture et celui de l’Environnement, Martine Hansen et Serge Wilmes, ont dressé un bilan intermédiaire avec la Chambre d’agriculture, ainsi que des représentants des jeunes agriculteurs et du secteur viticole. Le mot d’ordre des deux ministres de tutelle reste inchangé : «Nous voulons et allons trouver des solutions pragmatiques qui profitent à la fois à l’agriculture et à l’environnement.»
Dans cet ordre d’idées, les réglementations doivent être allégées pour les constructions agricoles en zone verte, y compris les habitations pour les agriculteurs, leurs familles et, le cas échéant, les travailleurs. Le ministère de l’Environnement va établir des lignes directrices. «On compte laisser aux agriculteurs une certaine flexibilité, tout en leur offrant une sécurité juridique et de planification. Il est aussi prévu d’accorder plus rapidement les autorisations nécessaires», résume Serge Wilmes.
Christian Hahn, le président de la Chambre d’agriculture, espère que les différends qui existent encore en la matière pourront être rapidement évacués. La réduction de la charge administrative pour pouvoir exploiter les terres agricoles dans les zones de protection des eaux est un autre point qui reste à clarifier.
Plus globalement, le gouvernement et les acteurs du terrain comptent profiter du dialogue stratégique lancé par la Commission européenne sur l’avenir de l’agriculture, pour renforcer et pérenniser le secteur dans son ensemble. Parmi les points positifs figure le principe de trouver un équilibre entre l’économie, l’écologie et le volet social. L’ambition de classer l’agriculture comme secteur stratégique est aussi qualifiée de «fort signal» par la ministre Martine Hansen.
Un plan d’action sur les successions
La ligne directrice que le Luxembourg compte faire sienne consiste en la simplification administrative et la cohérence des différentes politiques de l’UE concernant l’agriculture. «Si nous voulons une production agricole durable, nous avons besoin de successeurs pour les exploitations agricoles existantes. En parallèle, le secteur doit rester attractif afin d’attirer aussi des jeunes prêts à se lancer dans l’agriculture», souligne la ministre de l’Agriculture.
Elle a annoncé un plan d’action national visant à encadrer le changement de génération. Actuellement, 44 % des exploitations ne possèdent pas de successeur. «Si économiquement parlant il n’est pas possible de respecter les obligations écologiques, on ne trouvera pas les agriculteurs nécessaires pour assurer la production alimentaire», met en garde Christian Hahn.
L’accord de libre-échange que l’UE vient de conclure avec le Mercosur constitue une inquiétude majeure. Après l’échange de vendredi dernier avec le Premier ministre, Luc Frieden, le sujet n’a été évoqué que brièvement hier. Le président de la Chambre d’agriculture martèle que les agriculteurs européens ne doivent pas souffrir d’une concurrence déloyale. «Les produits importés doivent respecter les mêmes normes de qualité. Or, si je vois le mauvais classement des pays du Mercosur dans l’indice de corruption, il faut se demander quelle sera la valeur des certificats émis», avance Christian Hahn.
Une analyse détaillée de l’accord final serait désormais nécessaire avant validation. Le gouvernement compte trancher d’ici Pâques 2025.
Un soutien plus appuyé pour installer des serres
Le gouvernement a décidé vendredi de débloquer une enveloppe de 20 millions d’euros pour renforcer la culture sous serre de fruits et légumes. L’État compte subventionner jusqu’à 40 % l’installation de telles serres. En parallèle, les autorisations pour les réaliser dans des zones vertes seront facilitées. Un appel à projets sera lancé courant 2025.
«Il s’agit d’un premier pas concret qui va dans la bonne direction. L’installation d’une serre représente un coût bien supérieur à la construction d’un hall agricole. Il est d’autant plus important de pouvoir compter sur un soutien financier», indique Christian Hahn, le président de la Chambre d’agriculture.