Importance de l’agriculture biologique, plats sans gluten, lutte contre le gaspillage alimentaire… Les restaurants scolaires luxembourgeois ont décidé d’innover pour cette nouvelle rentrée.
Les cantines scolaires et universitaires du Luxembourg franchissent un nouveau pas. Plusieurs projets encore en phase de test ces dernières années viennent d’être généralisés par Restopolis, l’administration du ministère de l’Éducation nationale, responsable de la restauration scolaire. Et le premier projet concerne la part des produits biologiques dans les cantines luxembourgeoises. Depuis un an, la plateforme «Supply4Future», qui permet de mettre en relation les producteurs avec les services de la restauration scolaire, était en phase de test dans treize écoles du Grand-Duché.
Depuis le 1ᵉʳ septembre 2024, Restopolis, a décidé de généraliser entièrement ce système à tous les lycées et à l’université du Luxembourg. Concrètement, depuis cette date, tous les achats alimentaires des 117 restaurants et cafétérias scolaires gérés par cette structure du ministère devront être traités via cette nouvelle plateforme. L’objectif derrière ce projet est de promouvoir davantage les produits locaux, biologiques et durables dans les assiettes.
«En plus de garantir une alimentation saine et équilibrée à nos élèves, c’est aussi un signe très clair envoyé à nos producteurs. Nous souhaitons les inciter à élargir et à diversifier leur offre de produits locaux et bios. Sur cette plateforme, être un producteur local et bio représente un vrai avantage dans le processus de sélection», explique Claude Meisch, ministre de l’Éducation nationale. En effet, dans le calcul permettant les attributions de commandes, les critères de durabilité et de distance des produits ont plus de poids que le prix. Une méthode efficace puisque dans les treize écoles pilotes de ce projet, le taux d’utilisation de produits bios locaux a été plus élevé que dans les restaurants qui n’ont pas eu recours à cette plateforme. En effet, d’après les chiffres dévoilés par le ministère de l’Éducation nationale, la part de ces produits est deux fois supérieure à celle des établissements n’utilisant pas cette plateforme.
Pas d’impact sur le porte-monnaie
Mais une question subsiste, les producteurs bios et locaux luxembourgeois seront-ils suffisamment nombreux pour permettre cette généralisation à tous les lycées? Car au Luxembourg, l’agriculture biologique est encore à la traîne. En 2022, elle représentait seulement 6,9 % de la surface agricole nationale et comptait, au total, 98 agriculteurs. En revanche, depuis 2018, des progrès sont à noter. La part de ces surfaces a augmenté de près de 57 %, ce qui correspond à une augmentation constante d’environ 10 % par année. «Il faut encore davantage de producteurs bios et locaux pour satisfaire cette demande. Nous constatons qu’il y a encore dans toutes les cantines à peu près un tiers de la production qui se fait dans d’autres pays», souligne Claude Meisch. Mais pas de panique pour le porte-monnaie des familles, le développement des produits bios n’aura aucun impact sur les tarifs des cantines scolaires.
Autre grand projet pour cette rentrée scolaire, le sans gluten. En raison d’une demande croissante, Restopolis a décidé d’élargir son offre dans les cantines scolaires et universitaires. Ainsi, des sandwiches, du muesli et certains plats cuisinés sans la présence de gluten seront proposés aux lycéens et étudiants souffrant d’intolérances. Ces mets seront présents dans le menu du jour et signalés par un pictogramme spécifique. «Nous essayons de plus en plus de nous adapter au profil et aux besoins des élèves. Les produits allergènes correspondent à une réalité bien présente au Luxembourg», indique Claude Meisch. Le 16 mai 2025, l’ensemble des restaurants scolaires et universitaires proposeront des menus 100 % sans gluten à l’occasion de la journée internationale de la Maladie cœliaque.
Réserver son plat pour éviter le gaspillage
Depuis 2016, l’administration du ministère de l’Éducation nationale, Restopolis, a développé plusieurs projets autour du gaspillage alimentaire. Depuis janvier 2024, le projet «AntiGaspi 2» a été généralisé dans tous les lycées et restaurants scolaires du réseau géré par Restopolis. Cette initiative démarrée en 2022 en tant que projet pilote au Maacher Lycée Grenvenmacher puis étendu au lycée des garçons d’Esch-sur-Alzette et au lycée technique d’Ettelbruck, consiste à distribuer gratuitement des plats et produits non vendus et non utilisables le lendemain à la cantine du lycée. Au cours de l’année scolaire 2023-2024, Restopolis a distribué gratuitement près de 60 000 plats et produits dans le cadre de cette initiative. De plus, depuis 2017, les lycéens et étudiants du réseau peuvent réserver leurs plats en amont. Le but est de réduire le nombre des plats non vendus dans les restaurants où les fréquentations sont variables.
D’autres projets autour de la réduction des déchets devraient se développer dans les mois à venir. L’objectif est d’encourager les élèves à supprimer les emballages à usage unique dans les cantines.