La chambre criminelle de Luxembourg se penche sur cette question depuis mardi. Le quadragénaire avait été retrouvé inanimé en 2014 non loin du foyer de nuit du Findel.
Le parquet reproche à un homme de 35 ans d’avoir tué un sans-abri le 28 mars 2014 en lui portant volontairement plusieurs coups violents contre la tête. La victime avait été retrouvée gravement blessée au sol. Elle était décédée quelques jours plus tard à l’hôpital.
« Je n’ai aucun élément qui corrobore sans équivoque l’hypothèse qu’une personne tiers a commis un acte de violence sur la victime. Cela peut être le cas. Mais cela ne doit pas être le cas. » Telle était la conclusion, mardi après-midi, du médecin légiste chargé de l’autopsie de la victime. Au total, dix-sept témoins et experts sont cités dans ce procès pour élucider les faits.
Il est autour de 21 h ce soir du 28 mars 2014 quand deux policiers découvrent à proximité d’un arrêt de bus, sur la route de Trèves au Findel, un homme inconscient. Plusieurs témoins sur les lieux signalent aux agents deux hommes en train de se diriger vers le foyer de nuit des sans-abris situé à environ 300 mètres. Ils pensent que ce sont eux qui ont frappé l’homme gisant au sol. Tandis qu’une ambulance et le SAMU sont appelés, la police continue à relever les observations des témoins qui étaient en train de récupérer leur voiture sur un parking.
« On nous a donné l’information qu’ils avaient vu deux silhouettes à une cinquantaine de mètres en train de donner des coups de pied à un objet par terre », a soulevé un premier policier entendu mardi. Les policiers avaient fini par se rendre au foyer de nuit. « On ne savait pas si la victime avait chuté ou si les deux individus avaient quelque chose à voir là-dedans », note un deuxième policier.
D’après l’enquête, la victime venait de rentrer en bus ce soir-là. Elle était accompagnée d’autres sans-abris. Un de ses collègues a témoigné que pendant la soirée la victime avait retiré de l’argent. Il affirme avoir vu sur son chemin vers le foyer de nuit route de Trèves, en se retournant, comment deux hommes de l’Europe de l’Est lui parlaient.
Lors de leur audition, la police relève des déclarations contradictoires entre les deux hommes. Tandis que le premier indique avoir bien vu quelqu’un au sol après être sorti du bus, le second, qui se trouve aujourd’hui sur le banc des prévenus, conteste.
Arrêté après un mandat d’arrêt européen
La victime, âgée de 41 ans, avait succombé à ses blessures le 7 avril à l’hôpital. « Mais à ce moment, les deux suspects étaient fugitifs comme la Wanteraktioun au foyer de nuit s’est terminée le 1 er avril. Un mandat d’arrêt européen a été décerné pour les retrouver », récapitule l’enquêteur de la police judiciaire, groupe homicide chargé de l’enquête à partir du 8 avril.
Y a-t-il eu assassinat? C’est la question sur laquelle se penche la 9e chambre criminelle. Or aujourd’hui, un seul homme se trouve sur le banc des prévenus. La raison? Le prévenu a été interpellé lors d’un contrôle en France en avril 2016. Les forces de l’ordre n’ont toutefois aucune trace du second homme. En juin 2015, un homme avait bien été arrêté en Pologne et extradé au Grand-Duché. Or ce n’était pas la personne recherchée. Il s’était avéré que cette dernière avait volé ses papiers. D’où la confusion.
À côté du médecin légiste qui n’a pas pu déterminer la cause exacte de la mort du quadragénaire, la chambre criminelle a entendu hier au premier jour du procès l’experte en génétique. « La victime était allongée sur le dos. Elle avait du sang dans les cheveux. Et des morceaux de verre se trouvaient au sol », avait témoigné un des policiers. La spécialiste a examiné les vêtements et effets personnels de la victime ainsi que les traces de sang sur les vêtements des deux suspects. « L’ADN ne met pas en évidence un contact direct entre la victime et les effets personnels du prévenu », conclut-elle.
Le procès, qui se poursuit ce mercredi après-midi, est loin d’être terminé. La présidente a en effet l’intention de confronter le médecin légiste au deuxième expert qui n’arrive pas à la même conclusion. Car selon ce dernier, il y a vraisemblablement eu un acte de violence d’un tiers…
Fabienne Armborst