Le temps s’annonce très instable ce mardi au Luxembourg. Luca Mathias, météorologue luxembourgeois, nous en dit plus.
Le pays est en alerte jaune ce mardi pour des risques d’orages violents. Lundi, vous avez indiqué sur X (anciennement Twitter) que les conditions météos pouvaient favoriser l’apparition d’une tornade. Est-ce toujours le cas aujourd’hui ?
Oui, ça l’est toujours. Nous voyons de manière temporaire dans les sorties de modèles le risque de formation d’une tornade sous un orage. C’est quelque chose qui ne concerne pas uniquement le Luxembourg, mais aussi les régions et les pays aux alentours. Mais, il faut dire que c’est un phénomène difficilement prévisible. En revanche, on peut déjà affirmer qu’un épisode orageux devrait débuter en soirée à partir de plus au moins 18 h et jusqu’à minuit. Les modèles sont encore incertains concernant le timing. Certains annoncent des orages vers 20 h, d’autres vers 22 h. Le risque de tornade n’est pas exclu, mais il ne faut pas non plus céder à la panique.
Peut-on savoir dans quelle zone du pays le risque est le plus important ?
On ne peut pas localiser une tornade. On peut seulement voir s’il y a un rythme ou non et cela à partir de plusieurs paramètres que l’on voit dans les modèles. De plus, si une tornade se développe en dessous d’un orage, c’est très difficile à observer. On a souvent qu’un temps d’avance d’environ 10 à 15 minutes pour déterminer avec certitude l’apparition de ce phénomène.
Comment les tornades se forment-elles ?
Pour avoir un orage, on a besoin de beaucoup d’instabilité et d’humidité pour la colonne atmosphérique. De plus, ce qui est très important dans la formation des tornades, c’est la différence entre la vitesse du vent du sol et l’altitude de l’atmosphère. C’est cette différence qui provoque des orages très forts et organisés et qui peuvent par la suite favoriser les tornades.
Forecast vertical profiles look very « nasty » for today, especially for the evening. A lot of latent instability, very strong shear, abundant moisture and temporarily high helicity –> supercells producing large hail, heavy precipitation and severe gusts. Tornado not ruled out! pic.twitter.com/zt05N3Shsv
— Luca Mathias (@meteomathias) June 18, 2024
Est-ce un phénomène assez rare au Luxembourg ? On se souvient de la tornade de 2019 qui avait engendré de nombreux dégâts dans le pays.
C’est quelque chose qui assez récurrent en Europe. En moyenne, on dénombre entre 200 à 400 tornades par an sur le continent européen. Mais la plupart d’entre elles sont plutôt faibles ou modérées. Les tornades fortes ou extrêmes restent très rares, mais le risque zéro n’existe pas.
En 2019 justement, aviez-vous vu sur les radars de MeteoLux ce risque d’une forte tornade ?
On avait observé comme pour aujourd’hui des risques et avions émis une alerte orange. Mais, la cellule orageuse qui a provoqué la tornade en 2019, sur le radar, elle n’avait pas l’air trop importante, alors que c’était une F2 (…). C’est très difficile de savoir si une telle tornade peut se produire aujourd’hui. Toute la journée, nous allons faire du monitoring pour analyser la situation et adapter les alertes et les prévisions.
Récemment, des habitants de Mersch ont été étonnés de voir dans le ciel de leur ville, un phénomène météorologique ressemblant à une tornade. Avez-vous pu l’analyser ?
C’était probablement une très faible tornade. Il faut dire que les conditions ce jour-là et celles d’aujourd’hui sont complètement différentes. Fin mai, on avait une situation météo avec beaucoup d’humidité en basse couche, et le vent faible en altitude. Il y avait des averses modérées, mais pas d’orages. Ce phénomène très bref a duré que deux ou trois minutes. De manière générale, les tornades ont une durée de vie de 10 à 15 minutes. Celle de 2019 avait duré 20 minutes. Aux États-Unis, elles peuvent durer jusqu’à une heure.
Le réchauffement climatique peut-il favoriser l’apparition de tornade ?
De récentes études indiquent que pour le moment, il n’y a pas de lien. En revanche, pour les orages, il y a des différences régionales liées au changement climatique. Par exemple, une étude datant de l’année dernière a montré que le risque d’importantes grêles au nord de l’Ukraine et au sud des Alpes allait augmenter avec le réchauffement climatique.