Tandis que l’Europe connaît une troisième vague de chaleur, la France est désormais entièrement frappée par la sécheresse. Au Luxembourg, la vigilance est de rigueur.
L’Europe occidentale a fait face en juillet à une sécheresse historique et à deux vagues de chaleur consécutives, au cours desquelles se sont déclenchés des feux de forêt ravageurs, de l’Espagne à la Grèce, en passant par la France, toujours en proie à une sécheresse historique après avoir connu son mois de juillet le moins pluvieux jamais enregistré.
Avec 9,7 millimètres de précipitations agrégées en France métropolitaine, juillet 2022 se place juste derrière le minima de 7,8 mm de mars 1961. C’est aussi nettement plus aride que le précédent mois de juillet le plus sec, en 2020 (16,7 mm), selon Météo-France, dont les premiers relevés remontent à août 1958.
Des bateaux en cale sèche
La sécheresse et la répétition rapprochée de ces vagues de chaleur, directement imputées par le consensus scientifique au changement climatique, ont sévèrement fait chuter les débits des cours d’eaux dans de nombreuses régions. En Lorraine par exemple, le faible débit de la Moselle oblige depuis plus d’une semaine la centrale nucléaire de Cattenom à puiser l’eau destinée à refroidir ses installations dans le bassin de retenue voisin, le lac artificiel du Mirgenbach. Les activités ont par ailleurs été réduites au port céréalier de Metz, où la baisse du niveau de la Moselle ne permet plus un chargement maximal des péniches. Les plaisanciers se retrouvent également en cale sèche, parfois dans l’impossibilité de poursuivre leur périple fluvial.
À Gérardmer, le débit des sources est tellement faible que la commune va approvisionner avec l’eau du lac son réseau d’eau public. Résultat, à partir d’aujourd’hui, l’eau sera déclarée non potable, a priori pour 48 heures, le temps de réaliser des tests bactériologiques. Ce n’est jamais arrivé aussi précocement dans la saison : «On a deux mois d’avance par rapport à des étés chauds», regrette le maire de la cité vosgienne, Stessy Speissman, indiquant qu’il s’agit d’une «solution d’urgence qui met en danger le lac».
L’agriculture souffre aussi. La culture du maïs, dont le principal débouché est l’alimentation du bétail, devrait être touchée, les effets cumulés de la sécheresse et du manque d’eau ayant lieu pendant la pollinisation, période cruciale où le maïs se forme.
Un épisode de canicule pour le milieu de semaine
Concernant le nouvel épisode caniculaire, «son intensité et sa durée seront moindres que celles de l’épisode précédent» survenu quelques jours plus tôt, avait toutefois rassuré Météo-France en début de semaine. «Un épisode de canicule se confirme pour le milieu de semaine, centré sur mercredi et jeudi.» En conséquence, quatre départements du Sud-Est, ainsi que les Pyrénées-Orientales, restaient en vigilance orange.
Cinquante autres départements, au sud d’une ligne allant de la Charente-Maritime jusqu’à l’Alsace, sont passés en vigilance jaune. «Mercredi, un pic de chaleur est attendu avec des températures maximales atteignant le plus souvent 34 à 38 °C, et localement 39 à 40 °C», a ajouté Météo-France, avant que l’axe chaud ne se décale demain vers le nord-est du pays.
L’état de crise pour 57 départements
Et désormais depuis hier, l’ensemble de la France est sous vigilance sécheresse avec des restrictions d’eau à différents niveaux, 57 préfectures ayant désigné des territoires en état de crise, synonyme d’arrêt des prélèvements non prioritaires, «y compris des prélèvements à des fins agricoles». «Seuls les prélèvements permettant d’assurer l’exercice des usages prioritaires sont autorisés (santé, sécurité civile, eau potable, salubrité)», explique le site d’information dédié du gouvernement français, Propluvia.
L’Office français de la biodiversité a, de son côté, annoncé avoir procédé à «plus de 2 000 contrôles des arrêtés sécheresse pris par les préfets» lors d’une opération lancée le 25 juillet. Depuis le printemps, les inspecteurs de l’environnement ont procédé au total à 4 000 contrôles dans les départements concernés, avec 15 % de non-conformité allant du simple rappel à la loi jusqu’à la contravention de cinquième classe.
Le Luxembourg ne se trouve pas dans la situation critique de son voisin français face au risque de sécheresse. Mais une phase de vigilance a toutefois été déclenchée mi-juillet par le ministère de l’Environnement et l’administration de la Gestion de l’eau, qui ont appelé la population à limiter autant que possible la consommation d’eau potable et à éviter tout gaspillage.
«Même si nombre de communes disposent encore de ressources suffisantes, un appel général à l’économie d’eau potable s’impose néanmoins en vue d’une préservation maximale des ressources disponibles», ont souligné les autorités. La plupart des communes ont passé le message à leurs administrés.
Des gestes de précaution à adopter
La recharge des nappes phréatiques était en effet insuffisante pendant l’hiver passé et les débits d’un grand nombre de sources se trouvent actuellement en dessous du niveau d’une année avec une recharge normale. La baisse du débit est d’autant plus grave que la vague de chaleur actuelle incite à consommer davantage l’eau du robinet.
Quelques gestes de précaution sont à adopter. Il n’est ainsi pas nécessaire d’arroser les pelouses : elles supportent sans problème les périodes de sécheresse. Pour le potager, mieux vaut arroser au petit matin ou tard le soir quand le sol est frais, ce qui évite une trop grande évaporation et un choc thermique pour les plantes. Par ailleurs, alors que laver sa voiture chez soi est une activité très gourmande en eau, l’on peut sans problème utiliser les stations de lavage professionnelles qui fonctionnent en circuit fermé en «recyclant» l’eau utilisée.