Départ d’Agouazi pour le FC Metz, problèmes judiciaires pour Da Mota… Le club de la capitale, qui était sur de bonnes bases pour frapper un grand coup au printemps, s’en relèvera-t-il ?
Tout allait trop génialement bien, début novembre, quand on a vu pour la première fois Frank Defays en postulant-entraîneur, accoudé à la main courante du stade Polfer, à l’occasion de la réception de Pétange pour un succès cinglant (4-1). Ce soir-là, les hommes de Patrick Grettnich rentrent aux vestiaires en 2e position au classement de la DN. C’est après, alors même que le club se dotait du coach professionnel dont il rêvait mais qui ne prendrait ses fonctions qu’en janvier, que cela s’est d’abord un peu détraqué : deux points sur neuf possibles lors des trois dernières journées de 2018 et une 6e place pour les fêtes.
Et ça a commencé à sérieusement se gâter au retour des vacances. Avant même le début du stage commando organisé dans la neige des Hautes Fagnes, les mauvaises nouvelles ont été extrêmement pesantes. Frank Defays a d’emblée compris qu’il serait «très compliqué de conserver Agouazi», qui venait de prouver en trois mois qu’il était assez compétitif (avec quatre buts et deux passes décisives, il a été décisif toutes les 155 minutes) pour donner un coup de main à la réserve messine et Julien Jahier, occupés à remonter au niveau National. Puis il a tout aussi vite pris la mesure de la gravité de la situation concernant Da Mota, les dirigeants décrétant un silence radio autour du cas de l’international alors que celui-ci était placé en détention préventive.
Se voir privé de deux joueurs de ce gabarit à mi-saison, c’est une droite en plein menton. Déjà parce que le peu qu’avait vu Frank Defays de sa future équipe, en fin d’année dernière, lui fait dire aujourd’hui qu’il aurait très bien pu ne pas changer grand-chose, voire rien du tout. Pas le rôle d’un Da Mota, c’est certain «surtout avec son statut de joueur première licence crucial en DN», un profil qui manque un peu au club. Pas le positionnement haut d’un Agouazi non plus puisqu’«il y avait trouvé de la réussite et que l’équilibre d’équipe était là». Mais à la limite, au regard de ce que pesaient ces garçons dans le vestiaire et en expérience sur le terrain, c’est «peanuts».
«On n’a pas le droit de se tromper»
Bref, un drame en deux actes. Un Florik Shala, huit buts au compteur, sera-t-il seulement aussi performant sans cet encadrement cinq étoiles ? Car l’absence de Dan Da Mota des séances, retenu à Schrassig pour les besoins de l’enquête autour de la présomption d’abus de faiblesse à son encontre, laisse le RFCU démuni : pourra-t-il compter sur lui d’ici au printemps ? Et si oui, dans quel état physique et psychologique ?
«On sait qu’un mercato peut faire mal. Or celui-là a mal commencé, ne cache pas Frank Defays. Mais c’est la vie. Quand on perd un joueur important, il faut réagir, ne pas s’apitoyer sur son sort.» Et quand on en perd deux ? Sous couvert d’anonymat, un joueur cadre confirme qu’il «faut avancer», mais aussi que ce «n’était franchement pas le bon moment pour que ça arrive».
Le moral, pourtant, serait plutôt bon, à l’en croire. Dans la difficulté, les joueurs ont organisé une séance de paintball lors de leur stage belge, priant le staff d’y participer. Au moment où il flinguait ses joueurs, Frank Defays devait surtout penser au numéro 10 qu’il lui faut désormais débusquer en 48 heures. Un Allemand a été testé contre Namur, pour une défaite pas très valorisante (1-3). Le technicien dit que ce joueur n’est plus là pour l’heure et qu’il n’a «surtout pas le droit de se tromper puisqu’il n’a qu’une cartouche».
Son plus gros souci du moment, de toute façon, reste la structuration du club. «Je préfère une progression lente et maîtrisée qu’un gros progrès fulgurant puis une régression.» Avec les défections de Da Mota et Agouazi, Frank Defays et ses gars risquent bien de se retrouver devant l’option lente, même si elle est maîtrisée… «Mais cela ne veut pas dire qu’on ne sera plus dans le coup», jure l’anonyme.
Julien Mollereau