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Le retour du covid à la Chambre


Au plus fort de la pandémie, la Chambre des députés avait été obligée de migrer vers le Cercle Cité afin de faire respecter la distanciation sociale, à la fois entre élus et ministres.

Début août, la cellule scientifique du Parlement a publié une note de recherche sur les multiples impacts de la pandémie. Le document liste les mérites et défauts de la gestion de cette crise sanitaire.

À part un tout petit nombre de personnes qui portent encore un masque de protection en public, les traces de la pandémie de covid, ayant fait rage de mars 2020 jusqu’à début 2022, ne sont plus trop visibles.

La prolongation récente du maintien minimal de certaines mesures en lien avec le covid n’a pas non plus suscité de grands émois. Et pourtant, les effets à plus long terme de cette crise sanitaire existent. Une note de recherche élaborée par la cellule scientifique de la Chambre des députés revient sur les multiples impacts qu’a eus la pandémie sur le Luxembourg.

Intitulée «La pandémie Covid-19 au Luxembourg : analyses et rapports de l’impact des mesures sociopolitiques et sanitaires», cette note qui est «destinée aux décideurs politiques et au grand public», consiste en «une mise en lumière et une compilation des nombreux résultats et conclusions accumulés sur la gestion et les impacts de la pandémie (…)».

Les auteurs Maude Pauly et Christian Penny tiennent à préciser que «les évaluations, recommandations et conclusions reflètent exclusivement les résultats des études référencées, et ne comprennent ni d’évaluation des politiques publiques, ni d’expression d’opinion, de conseils ou d’avis de la part de la cellule scientifique».

En 2022, la bonne note de l’OCDE

Malgré cette réserve, les dizaines de pages consacrées à différents domaines permettent de se replonger dans la pandémie, avec à la clé une liste sommaire des mérites et des défauts de la gestion de la crise sanitaire.

La note requise par l’ancien ministre et désormais ex-député François Bausch (déi gréng) arrive un peu plus de deux ans après l’évaluation effectuée par l’OCDE sur la réponse politique, sanitaire, économique et sociale apportée à la pandémie. Une note globalement satisfaisante fut délivrée en juin 2022.

«Face au défi sans précédent qu’a constitué le Covid-19, le Luxembourg a rapidement mis en œuvre une réponse efficace et agile pour protéger les revenus et la vie des citoyens», avait attesté Mathias Cormann, le secrétaire général de l’OCDE. 

«Pendant la pandémie, le monde politique devait chercher en permanence un équilibre entre les avantages et les risques des mesures sanitaires à partir de considérations épidémiologiques, économiques, sociales, politiques, juridiques, constitutionnelles et pratiques», rappelle aujourd’hui la note de recherche de la Chambre.

«À la recherche d’un consensus politique, les décideurs politiques se sont en conséquence retrouvés face à des questions de santé publique, éthiques et morales d’une grande complexité.»

Quatre grands blocs thématiques ont été synthétisés par la cellule scientifique : évolution du fonctionnement (inter)institutionnel; mesures (non)pharmaceutiques, veille épidémiologique et vulnérabilités; société, bien-être emploi et travail; et enfin enfance, jeunesse et éducation.

Nous dévoilons ci-dessous une série des conclusions reprises dans la note de recherche.

La politique face aux incertitudes

La note, en se référant à plusieurs études, souligne que «tout au long de la pandémie (…), des incertitudes concernant, par exemple, les modes de transmission du virus ou encore le rôle des enfants, ou des individus asymptomatiques, dans la transmission du virus, ont compliqué l’élaboration d’une réponse politique efficace et cohérente».

Dans ce contexte, «la communauté scientifique a déployé des efforts considérables – en termes de laps de temps et de ressources engagées – afin de combler les lacunes scientifiques et de guider au mieux les autorités dans leurs prises de décision». Un large ensemble de protagonistes, institutionnels et scientifiques, auraient «contribué à faire face aux conséquences sanitaires et socioéconomiques notables dues à la pandémie».

En fin de compte, la Chambre, «en tant qu’instance démocratiquement élue, a (…) pu renforcer son rôle de législateur et de contrôle parlementaire de l’action gouvernementale. Le rôle de l’opposition a aussi été redynamisé (…)», notamment en raison des nombreuses interpellations du gouvernement.

Les inégalités à la hausse

«Malgré les différents régimes d’aides financières disponibles au Luxembourg en réponse à la crise sanitaire, les inégalités sociales se sont accentuées au Luxembourg», constate la note de recherche.

La cellule scientifique se base encore sur différentes études pour détailler qu’il «existe une corrélation négative entre le niveau de revenu et le taux d’infection, le risque de développer des formes graves ou fatales du Covid-19, ainsi qu’une corrélation positive entre le niveau de revenu et la probabilité d’être vacciné».

Même si le pire a pu être évité, «plus d’un ménage sur cinq a déclaré rencontrer des difficultés pour assurer une vie décente en 2022 (…)». Plus concrètement, des difficultés financières étaient «plus probables pour les ménages avec enfants, les familles monoparentales, les jeunes et les résidents de nationalité portugaise».

La pandémie a cependant «permis de réduire l’écart entre les femmes et les hommes en matière d’activité rémunérée : le taux d’emploi des femmes a diminué moins sévèrement que celui des hommes».

Confinement, tests : quel apport ?

«En surveillant l’évolution de la pandémie, un pays de petite taille comme le Luxembourg et capable de déployer les moyens nécessaires, a pu anticiper la levée progressive et contrôlée des mesures de confinement. Bien qu’une analyse coûts-bénéfices détaillée n’existe pas pour l’instant, le dépistage à grande échelle représente très probablement un avantage socio-économique par rapport au confinement», indique la note.

Autre constat : «Si le confinement est certes efficace, son impact sur l’économie, la santé ou la société, ne doit pas être sous-estimé et il peut sous certaines circonstances être remplacé par des fermetures plus ciblées.»

En outre, «les connaissances croissantes sur le virus au niveau de la communauté scientifique internationale ont pu être mises à profit de la politique locale. Progressivement, la disponibilité et l’efficacité des moyens de dépistage et de lutte contre le Covid-19 (tests PCR, tests antigéniques, vaccins) ont contribué à endiguer la pandémie».

L’apport du couvre-feu, très contesté, n’a pas été pris en compte.

Vaccination et immunisation

«L’effectivité vaccinale contre les hospitalisations et les décès a (…) été prouvée dans plusieurs études au Luxembourg, ainsi que dans des études internationales incluant le Luxembourg», indique la note de recherche.

Par contre, «l’efficacité des vaccins contre une forme sévère et/ou une hospitalisation varie en fonction de la souche virale, de l’âge du patient et de la date de la dernière dose. Cette efficacité augmente encore après une ou plusieurs doses de rappel. La réponse immunitaire après la vaccination est d’ailleurs généralement plus élevée chez les personnes ayant été infectées (…) que chez celles qui n’ont jamais été infectées».

La vaccination à elle seule n’était, dans un premier temps, pas suffisante : «La limitation des interactions sociales pendant les campagnes de vaccination est essentielle tant que l’immunité collective (…) n’est pas atteinte».

Finalement, la note précise que «(…) le risque d’une hospitalisation ou d’un décès lié au Covid-19 est significativement plus élevé que les risques liés à la vaccination».

 

Un impact sur le bien-être

La note met en avant que «de nombreuses études montrent que la pandémie a mené à une dégradation du bien-être mental avec augmentation des niveaux de dépression, d’anxiété, de solitude et de stress surtout pendant le confinement strict».

Ce sont les «personnes présentant plusieurs facteurs de risque pour une infection» qui étaient plus «susceptibles de présenter des symptômes de stress et d’anxiété après la première vague de la pandémie».

«D’autres facteurs essentiels associés au déclin de la santé mentale sont une mauvaise santé physique, la diminution du salaire et la détérioration de la sécurité de l’emploi», développe encore le document. Et, «comme pour la charge socioéconomique, les femmes et les jeunes adultes sont plus susceptibles de souffrir d’états de détresse psychologique».

Dans ce chapitre sont aussi évoqués le covid long ainsi que le renforcement des inégalités d’accès aux soins. «La diminution des activités hospitalières et des hospitalisations évitables» aurait entravé l’accès aux soins, «avec un risque d’impact à long terme sur la santé».

 

Les enfants lourdement touchés

«En touchant tous les aspects de la vie, la pandémie a entraîné des conséquences physiques et psychologiques potentielles sur les jeunes générations», est-il constaté dans la note.

Même si les écoles n’ont été fermées que 48 jours dans le fondamental et 34 jours dans le secondaire, «les inégalités scolaires se sont exacerbées (…)». La cellule scientifique se base sur des études commandées par le ministère de l’Éducation nationale. «Pendant la pandémie, les jeunes n’ont pas tous su bien gérer les heures de travail pour l’école (…)», est-il indiqué.

En dépit du fait que «la majorité des adolescents ont pu utiliser leur résilience et leurs ressources pour prévenir les effets négatifs (…) de la pandémie», un constat alarmant est posé : «Une dégradation vraisemblable de la santé mentale et du niveau de satisfaction, ainsi qu’une hausse des idées suicidaires (…) a (…) été documentée». Un effet positif toutefois : «La pandémie a indéniablement accru la sensibilisation aux problèmes de santé mentale et a contribué à la destigmatisation des personnes touchées».

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