Alors que les habitudes de consommation évoluent, les commerçants doivent se montrer créatifs pour s’adapter aux nouvelles attentes de la clientèle. La Luxembourg Retail Federation planche ainsi sur une nouvelle formule pour les soldes.
Alors que le coup d’envoi des soldes d’hiver a eu lieu ce mardi 2 janvier, ce n’était pas la foule des grands jours dans les centres commerciaux ou les artères commerciales du pays. Il faut dire que la météo exécrable a joué contre ces dernières, les clients n’ayant pas envie d’arpenter les pavés sous une pluie battante.
Mais le phénomène n’est pas nouveau : depuis de nombreuses années maintenant, les professionnels de la vente constatent à chaque période de soldes que ceux-ci ne déclenchent plus l’engouement d’antan.
Un virage entamé en 2002, avec la modification du cadre légal sur les pratiques commerciales : la loi ouvrait alors la voie aux promotions tout au long de l’année, et plus seulement à dates fixes – avec l’interdiction cependant d’utiliser le terme «soldes» – actant du même coup la fin du délai de carence de 30 jours qui empêchait toute baisse de prix avant les soldes officiels. De quoi susciter l’attente.
Lentement, la grand-messe des soldes de fin de saison a ainsi perdu de sa superbe, les clients profitant davantage des «ventes privées» et autres opérations marketing étalées au fil des mois. Et avec le déferlement du Black Friday, importé d’outre-Atlantique, ce sont de nouvelles habitudes de consommation qui ont été adoptées par les consommateurs européens, le Luxembourg ne faisant pas exception.
«C’est toujours le client qui a le dernier mot»
Si bien que pour certaines grandes enseignes d’équipement électronique et ménager, la semaine du Black Friday a carrément relégué au second plan la période des fêtes de fin d’année, autrefois cruciale pour le chiffre d’affaires. Au final, ce «vendredi noir» et ses remises imbattables a fait tache d’huile dans de nombreux secteurs de la vente au détail.
«Beaucoup se montraient sceptiques au début, mais dans notre métier, c’est toujours le client qui a le dernier mot», rappelle Robert Goeres, président de la Luxembourg Retail Federation. Fondée il y a un an, elle rassemble une vingtaine de poids lourds du secteur commercial national, comme les shopping centers Cloche d’Or, Belval Plaza, City Concorde ou Auchan Kirchberg, ainsi que les unions commerciales des villes de Luxembourg et Esch-sur-Alzette.
Une plateforme d’échange et de partage d’expérience qui porte la voix de ces acteurs économiques au sein de la Luxembourg Confederation (nouveau nom de la Confédération luxembourgeoise du commerce). Et parmi les premiers chantiers lancés ces derniers mois, le dossier du remodelage des soldes est en haut de la pile.
«Des discussions sont déjà en cours dans nos groupes de travail. On s’attaque à un rendez-vous traditionnel donc ça ne facilite pas les choses», reconnaît le président, lui-même patron d’une horlogerie et bijouterie de luxe dans la capitale.
La proximité, un atout pour le pays
Si les enjeux diffèrent en fonction de la branche d’activité, pour le commerce en général, réinventer les soldes représente un sacré défi. «Dans l’automobile, ils préparent l’autofestival, dans l’ameublement, ils se concentrent sur les salons à venir, dans le prêt-à-porter, ils doivent écouler leurs stocks pour faire de la place à la nouvelle collection : chacun doit se montrer créatif», poursuit-il, conscient de l’urgence à s’adapter.
«Les achats en ligne qui représentaient une innovation constituent aujourd’hui un canal de distribution à part entière. Tandis que la vente par correspondance du temps des gros catalogues qu’on recevait à la maison s’est totalement effondrée. On doit savoir se renouveler.»
Même en magasin, les comportements ne sont plus tout à fait les mêmes, décrit-il, avec des clients bien plus informés, qui savent exactement quel produit spécifique ils veulent, et sont prêts à le commander s’il n’est pas en stock. En face, le rôle des équipes de vente s’est transformé en conséquence, tout en restant un ancrage fort.
«On voit un certain retour à l’expérience d’achat, c’est-à-dire le fait de flâner, de toucher la marchandise, ce qui est impossible en ligne», pointe Robert Goeres. «La proximité redevient une composante importante de l’acte d’achat, et sur ce point, le Luxembourg a de sérieux atouts.» Les bonnes affaires vont se poursuivre jusqu’au 27 janvier.