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Le «Programme mammographie» radiographié


L’objectif du dépistage est d’apporter un traitement précoce. (Photo : adobe stock)

Le ministère de la Santé et le LIH sont revenus ce lundi 20 janvier sur l’évaluation du «Programme mammographie», mis en place pour détecter les cancers du sein.

Bien que publié en octobre 2024, le rapport national portant sur l’«évaluation du programme de dépistage organisé du cancer du sein au Luxembourg» a fait l’objet d’un communiqué du ministère de la Santé et du LIH hier. L’occasion de revenir sur cette étude pour laquelle – et c’est une première – le Registre national du cancer et le Programme mammographie ont croisé leurs données.

Les deux institutions ont donc pu avoir «une vue d’ensemble cohérente, fiable et complète du programme de dépistage du cancer du sein et de ses résultats», se sont-elles réjouies. Elles ont ainsi évalué la performance du Programme mammographie en accordant une attention toute particulière au nombre d’invitations et de mammographies réalisées, puis à la performance du dépistage proprement dit. Pour rappel, ce programme s’adresse à toutes les femmes de 45 à 74 ans, qui peuvent tous les deux ans réaliser gratuitement une mammographie pour dépister un éventuel cancer du sein.

Entre 2011 et 2018, plus de 30 000 invitations annuelles ont été envoyées aux femmes de 50 à 74 ans (ce n’est que depuis juillet 2024 que les femmes dès 45 ans en reçoivent une aussi). Quelque 18 000 mammographies ont été effectuées par an, soit un taux de participation de 59 %, au-dessus de celui observé dans les pays voisins, précise le rapport. Toutefois, il est inférieur à celui recommandé par l’Union européenne (75 % souhaités) et surtout en baisse au fil des ans. Cette diminution sera d’ailleurs étudiée pour tenter d’en comprendre les causes.

Le document a observé également à la loupe la performance de la double lecture des mammographies pratiquée dans le cadre du programme. Le test de dépistage est correct dans 95 % des cas, indique le rapport qui rappelle comment se déroule cette lecture. Lors d’une mammographie, chaque cliché est interprété par un radiologue, puis par un second qui ne connaît pas les conclusions du premier. Si jamais les lectures divergent, une troisième est effectuée pour aboutir à une conclusion. Ce procédé permet de repérer un cancer du sein sur cinq qui n’aurait pas été décelé par un seul lecteur, précise le rapport.

Un programme de dépistage efficace

En moyenne, pour chaque tranche de 1 000 tests de dépistage par mammographie effectués, 56 résultats positifs sont observés. «Le nombre d’examens complémentaires (comme les IRM ou biopsies) est réduit, ce qui épargne des coûts, et, plus important, le stress émotionnel de beaucoup de participantes dans l’attente de résultats confirmés se réduit au laps de temps s’écoulant entre la mammographie et la deuxième lecture», indiquent le ministère de la Santé et le LIH.

Dans cette étude, les performances du test de dépistage par mammographie ont aussi été évaluées. Les cancers du sein détectés par le Programme mammographie le sont souvent à un stade précoce et sont de plus petite taille chez des femmes plus jeunes, avec moins de cas d’envahissement ganglionnaire, par rapport aux cancers détectés hors participation au programme.

Cela constitue un paramètre pronostique crucial, se réjouissent les scientifiques, sachant que la survie à cinq ans est proche de 100 % pour les cancers du sein de stade I, d’environ 90 % pour les stades II, puis 70 % pour les stades III et enfin 25 % pour les stades IV. «L’effet du dépistage devrait donc se traduire sur la mortalité, mais nous ne disposons pas des effectifs (population trop petite) et du recul nécessaires pour l’évaluer pour le moment», note le rapport.

Si cette étude conclut à l’efficacité du programme de dépistage pour détecter les cas de cancer à des stades moins avancés que ceux détectés hors programme et à la réduction du nombre de faux positifs, elle propose aussi des pistes d’amélioration.

Elle appelle ainsi de ses vœux la mise en place d’un système qui identifierait les femmes à haut risque de cancer, à l’instar de celles ayant un antécédent familial. Il faudrait alors non plus leur envoyer une invitation, mais assurer un suivi pertinent. Le rapport recommande aussi de suivre une autre population de femmes, celles qui participent à la vie du pays sans y résider, par le biais de systèmes à inventer (cadre légal, flux de données) pour que «toutes les personnes soient suivies et accèdent au meilleur niveau de santé.

«Ce rapport marque une étape importante dans notre démarche visant à améliorer la santé et le bien-être des femmes au Luxembourg», conclut Martine Deprez, la ministre de la Santé et de la Sécurité sociale. «Les recommandations formulées seront mises en œuvre avec détermination et engagement», a-t-elle assuré.