Ce jeudi matin, à 10 h, le président ukrainien Volodymyr Zelensky s’est exprimé à la Chambre des députés. Durant son discours, il s’est dit « reconnaissant envers la solidarité luxembourgeoise » et a invité le Premier ministre, Xavier Bettel, à venir en Ukraine.
Plus de trois mois après le début de la guerre en Ukraine, soit près de 100 jours de conflit, le président de la République d’Ukraine, Volodymyr Zelensky, s’est exprimé devant les députés luxembourgeois ce jeudi à 10 h, par visioconférence. La séance a été ouverte par une courte introduction du président du Parlement, Fernand Etgen. « Pour la première fois dans l’histoire de notre Parlement, nous accueillons le président d’un pays en guerre, ce qui était encore inconcevable il y a quelques mois », a-t-il débuté. Le président du Parlement a assuré son soutien à l’Ukraine : « Il est essentiel de trouver une voie commune pour approfondir notre partenariat et aider à faire progresser l’Ukraine sur sa trajectoire européenne. Les actes d’une cruauté immense envers les civils doivent cesser. »
Zelensky : « nous souhaitons rester ce que nous sommes »
Au milieu de la Chambre, le visage de Volodymyr Zelensky est apparu sur un immense écran. Depuis le début du conflit, le président ukrainien a eu l’occasion de s’exprimer à plusieurs reprises devant différents parlements via visioconférence. Pour entamer son discours, il a tenu à remercier le Parlement et à rappeler la devise luxembourgeoise : « Nous souhaitons rester ce que nous sommes. » « Celle-ci est plus que jamais d’actualité. Nous voulons rester indépendants, libres, ouverts et alliés avec les Européens. Cette guerre de grande envergure dure depuis trop longtemps », a-t-il souligné.
Reconnaissant envers la solidarité luxembourgeoise
« 20 % de notre territoire est sous l’occupation russe, soit plus que l’espace du Benelux. Cinq millions d’Ukrainiens se sont réfugiés à l’étranger. Des combats acharnés se déroulent sur un territoire immense. Imaginez tenir une ligne de front de 1 000 km. Tous les jours, l’Ukraine est frappée par des missiles russes : 2 478 missiles russes tirés et qui visent pour la plupart des infrastructures civiles, depuis le 24 février . »
Après avoir rappelé les chiffres dramatiques que génère cette guerre, Volodymyr Zelensky s’est dit « reconnaissant » envers le gouvernement luxembourgeois pour « sa décision historique d’aider » et pour « avoir choisi la solidarité sans bureaucratie inutile. » Je suis reconnaissant quant à votre rôle actif dans la prise de sanctions pour arrêter la machine de guerre russe », a-t-il poursuivi, avant d’appeler le Luxembourg à fournir plus d’armes à l’Ukraine et à « déjà penser à un septième paquet de sanctions à l’égard de la Russie ».
Bettel invité à venir en Ukraine
Pour le président ukrainien, « l’Europe passe actuellement un grand test ». Durant cette dernière partie de son discours, il s’est dit « sûr que le Luxembourg se prononcera en faveur d’une procédure d’adhésion à l’Europe accélérée » et a tenu à inviter Xavier Bettel à venir en Ukraine. « Je vous invite, monsieur le Premier ministre, à vous rendre en Ukraine et à vous adresser au Parlement ukrainien », a-t-il lancé avant de conclure son allocution sous les applaudissements.
Le Premier ministre prend le relais
À la fin des applaudissements, le Premier ministre luxembourgeois a enchainé en prenant la parole : « Mes premières pensées vont aux victimes de cette guerre. Ce qui m’a le plus frappé, c’est la manière et l’énergie avec laquelle vous et le peuple ukrainien avaient refusé ce qu’un voisin plus grand tente de vous imposer. Nombreux ne prédisaient pas cette résistance ukrainienne. Vous nous donnez une leçon de courage. »
Xavier Bettel a tenu à rappeler le soutien du Luxembourg à l’Ukraine en soulignant la générosité des habitants du Grand-Duché. « Notre pays est l’un des plus généreux au niveau de l’aide ukrainienne et nous en sommes très fiers. 5 600 Ukrainiens ont déjà trouvé refuge au Luxembourg. L’initiative privée n’a pas connu de limite au Luxembourg et j’en suis très fier. » Depuis le début du conflit, 4 millions d’euros d’aide financière ont été distribués à l’Ukraine par le Luxembourg.
« Il faut des moyens pour votre armée »
Concernant le volet militaire, le Premier ministre a expliqué être en contact très régulier avec le président ukrainien. « Il faut des moyens pour votre armée. Nous continuerons à vous fournir l’aide la plus efficace possible. Je peux vous dire que je vais tout faire pour que le sixième paquet de sanctions soit appliqué malgré les divergences. Nous perdons tous les jours de l’argent à cause de cette guerre. Vous, vous perdez des enfants, des civils, des soldats. »
Le Luxembourg, un soutien dans l’adhésion à l’UE
« Notre pays ne s’opposera pas à votre admission dans l’Union européenne. On fera tout pour que vous puissiez remplir ces conditions le plus rapidement possible », a assuré Xavier Bettel. Le pire scénario énoncé par le Premier ministre serait que les 27 n’arrivent pas à se mettre d’accord durant le mois de juin. « Ce serait un aveu d’échec de ne pas envoyer de message positif à l’Ukraine en juin », a-t-il fait remarquer avant d’ajouter : « Et une autre erreur fondamentale serait aussi d’ignorer la Moldavie et la Géorgie. »
Xavier Bettel a eu également quelques mots à propos de la sécurité alimentaire. Il a appuyé sur le fait que Poutine souhaitait « étouffer l’Ukraine ». Il prend le pays et le grain en otages en espérant des répercussions internationales. S’il y a une crise alimentaire au niveau mondial, ce sera la faute de la Russie et non à cause des sanctions de l’Europe. »
Pour un dialogue avec Poutine
Pour conclure son discours, le Premier ministre a tenu à conseiller le président ukrainien. Dans un premier temps, en l’incitant à appeler d’autres pays, notamment en Afrique et en Amérique latine. »Nous ne sommes pas en guerre contre le peuple russe. Nous ne devons pas avoir cette russophobie. »
Puis dans un second temps, en l’incitant à rencontrer et à dialoguer avec le président russe. « Personne d’autre que lui ne décide. Je me suis fait critiquer d’avoir voulu dialoguer, mais c’est une solution pour sortir de cette situation. Mais depuis Boutcha, je ne peux plus parler à Vladimir Poutine, je ne peux plus. Vous pouvez compter sur notre engagement et je suis à votre disposition depuis trois mois, je le répète, si vous pensez que je dois faire quelque chose, je le ferai ! »
Quel baratineur! C’est d’ailleurs sa profession.