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Le Portugal peine à maîtriser l’incendie de forêt qui ravage le sud du pays


Un avion Canadair laisse tomber de l'eau sur un feu de forêt près de Monchique, en Algarve, le 8 août 2018. (Photo : AFP)

Les pompiers ne viendront pas à bout avant plusieurs jours du feu de forêt qui ravage depuis vendredi la région touristique de l’Algarve, au sud du Portugal, malgré l’ampleur des moyens déployés, a reconnu mercredi le Premier ministre Antonio Costa.

Plus de 1 400 pompiers et militaires combattaient l’incendie dans la chaîne de montagne de Monchique qui progressait sur deux fronts, attisé par de violentes rafales de vent. Ils étaient appuyés par une douzaine de bombardiers d’eau et d’hélicoptères, qui se ravitaillaient en eau dans la mer ou dans des piscines. Dans l’après-midi, un énorme champignon de fumée s’élevait en direction de la ville de Silves, qui se trouve à une dizaine de kilomètres à peine du petit port de Portimao, très fréquentée par les touristes. « Il ne faut pas avoir l’illusion que cet incendie va s’éteindre dans les prochaines heures », a déclaré le Premier ministre lors d’une conférence de presse au siège de la Protection civile à Lisbonne. L’opération, a-t-il dit, « va se prolonger dans les prochains jours ».

Le brasier « devrait certainement s’aggraver dans les prochaines heures », en raison notamment d’un « vent constant et fort », de la « hausse des températures » et d’un « taux d’humidité en baisse », a-t-il précisé. « Notre prochaine grande fenêtre d’opportunité sera la nuit prochaine, l’aube et le début de matinée. C’est là que nous devrons concentrer nos efforts », a souligné le chef du gouvernement.

La région a déjà été durement frappée par les incendies. En 2003 un feu de forêt avait consumé quelque 41 000 hectares, tandis qu’en 2016, plus de 3 700 hectares étaient partis en fumée en dix jours.

Visible depuis l’espace

Depuis qu’il a éclaté vendredi dernier, l’incendie a fait 32 blessés dont un grave et des centaines d’habitants et de vacanciers ont été évacués des alentours de Monchique, une bourgade de 6 000 habitants à 164 kilomètres au sud de Lisbonne. « Certains sont déjà rentrés chez eux », a indiqué Patricia Gaspar, porte-parole de la Protection civile, précisant qu’il restait 180 personnes déplacées actuellement.

Le feu, qui a déjà consumé plus de 21 000 hectares selon le Système européen d’information sur les incendies de forêt (EFFIS), était visible depuis la station spatiale, comme le montrait une photo tweetée par l’astronaute allemand Alexander Gerst. « Le ciel est plein d’une sorte de brume noire, faite de cendres et de suie », a déclaré Tony Sanders, un Britannique de 73 ans qui tient un petit bed-and-breakfast dans la station balnéaire de Carvoeiro, à 30 km au sud de Monchique. « On sent cette odeur âcre de bois brûlé tout le temps et cela irrite la gorge », explique-t-il en s’inquiétaient des braises portées par le vent « qui peuvent allumer un foyer à tout moment ».

La désorganisation dénoncée

Le gouvernement avait pourtant déployé un dispositif important cette année dans tout le pays pour éviter la répétition des incendies dramatiques de 2017, qui ont fait 114 morts. Mais des associations de pompiers ont dénoncé la « désorganisation » des secours, composés d’unités de l’armée, de pompiers venus des villes comme de pompiers forestiers aguerris. « Nous sommes face à une opération d’une grande complexité avec un millier d’hommes déployés sur le terrain, il est possible que par moments les choses ne se déroulent pas comme on l’aurait souhaité », a reconnu Patricia Gaspar.

Les critiques portent également sur les plantations d’eucalyptus, une espèce très inflammable utilisée par l’industrie du papier et considérée comme un facteur majeur favorisant les feux de forêt. Au Portugal, « il n’y a pas de gestion préventive du territoire » qui prenne en compte le risque des incendies, a expliqué à l’AFP Gil Martins, responsable du département protection civile de l’Institut supérieur de l’Education et des sciences. Et il y a « près de 690.000 hectares de forêt d’eucalyptus » qui ne sont pas entretenus, a-t-il ajouté.

Entretemps en Espagne, quelque 700 pompiers appuyés par 27 aéronefs luttaient mercredi contre un feu de forêt dans la région de Valence, qui se rapproche de la ville balnéaire de Gandia, et a déjà ravagé 2.900 hectares et obligé à déplacer quelque 3.000 personnes.

Le Quotidien/AFP