La joueuse de Käerjeng est à ce jour la seule handballeuse luxembourgeoise à avoir eu une carrière professionnelle dans la discipline.
Le 11 octobre dernier, à Hafnarfjordur, devant une salle comble et sous les yeux des hommes de Luc Holtz venus encourager leurs compatriotes qui disputaient ce soir-là, face aux Islandaises, leur toute première rencontre dans une phase finale des qualifications d’une compétition majeure, en l’occurrence celle de l’Euro-2024, Tina Welter fait trembler les filets pour la troisième fois sur un jet de 7 mètres inscrit à la 19e minute. De quoi entrer un peu plus dans l’histoire du handball luxembourgeois. Et pour cause : avec cette nouvelle réalisation, la capitaine des Roud Léiwinnen atteint la barre symbolique des 100 buts.
Un total que la joueuse la plus capée de la sélection nationale féminine (23 matches internationaux) augmente au fil des minutes, puis quatre jours plus tard à la Coque contre la Suède, l’une des toutes meilleures nations de la planète. À cette occasion, elle s’offre le titre de meilleure buteuse dans cette partie quelque peu déséquilibrée après avoir trouvé le chemin des filets à huit reprises, soit une unité de plus que Nathalie Hagman, l’une de ses idoles – «j’étais très fière de jouer contre elle et de marquer plus qu’elle», sourit la Bascharageoise –, pour porter son total à 109. «C’est quelque chose qui me fait vraiment plaisir. Et puis, je veux montrer aux plus jeunes que tout est possible. Ce n’était pas facile, mais c’est grâce au travail que j’ai fait», explique la principale intéressée.
Sept ans plus tard, lors d’une réunion, la fédération nous a annoncé le « renouvellement » de l’équipe nationale
Et aussi au fait d’avoir longuement insisté avec Jill Zeimetz et Kim Wirtz auprès de la FLH pour relancer l’équipe nationale des dames. «En 2010, on a joué en Roumanie et dans l’avion, on nous a indiqué que la fédération voulait arrêter l’équipe nationale. C’était un peu un choc pour nous, les jeunes présentes à ce moment-là. Ce n’était pas normal, alors on a discuté avec la FLH pendant des années. Sept ans plus tard, lors d’une réunion, la fédération nous a annoncé le « renouvellement » de l’équipe nationale», se souvient la native de Niederkorn. Elle qui doit se replonger dans ses souvenirs d’enfance pour évoquer les débuts de sa passion transmise par son papa (ancien joueur de Pétange) qui a commencé lorsque la Luxembourgeoise, âgée de quatre ans à l’époque, a fait ses premiers pas sur le parquet de Bascharage.
Un club dans lequel elle fera toutes ses classes chez les jeunes, jusqu’à traverser la frontière pour y rejoindre le championnat allemand. «On a créé le Roude Léiw Bascharage, une équipe composée de joueuses luxembourgeoises et étrangères. On a commencé en quatrième division en Allemagne. La première année, on a tout gagné et on a fini championnes. Ensuite, on a joué en troisième division dans le groupe de l’Ouest, où on a aussi tout gagné, mais on n’a pas eu la possibilité de monter.» En 2013, bien décidée à poursuivre son ascension, la jeune femme s’engage avec le TV Nellingen qui évolue alors en deuxième division. Elle y passe deux saisons avant de rejoindre Trèves pour trois ans. «Quand j’ai signé, l’équipe était en première division, mais elle est descendue lors du dernier match», confie Tina Welter. Ce n’est que partie remise.
Jouer en Allemagne? C’était super comme expérience!
Après une pige aux Tigres de Waiblingen (D2) où elle devient professionnelle – une grande première pour une joueuse représentant les couleurs du Grand-Duché et qui, jusqu’à présent, n’a pas été imitée –, l’ailière gauche réalise un autre rêve et pas des moindres : celui de signer en faveur d’un club de l’élite, le Frisch Auf Göppingen à qui elle avait tapé dans l’œil durant un match amical. «J’ai toujours voulu jouer en première division en Allemagne. C’était super comme expérience ! La première année, je ne dis pas que c’était dur, mais c’était quand même un autre niveau que la deuxième division dans laquelle je jouais toujours 60 minutes. Il y avait des filles d’un haut niveau qui venaient d’autres pays. Toutes n’étaient pas professionnelles, mais c’était autre chose : le matin, on avait entraînement individuel ou fitness et l’après-midi ou le soir, on avait encore un entraînement. J’étais contente même si parfois je ne jouais que 20 minutes», se remémore-t-elle des étoiles plein les yeux.
En 2021, elle prend la décision de revenir à Käerjeng. «J’ai toujours dit que je reviendrais à 30 ans. J’ai décidé d’arrêter pendant la période du covid et aussi parce que je n’avais pas la possibilité de jouer la Ligue des Champions. C’était trop tard pour moi», commente celle qui évolue également au poste de demi-centre cette saison avec le HBK. De retour au Luxembourg, elle se concentre sur sa carrière dans l’armée et s’occupe en parallèle de plusieurs sélections nationales féminines dans les catégories de jeunes.
Un rôle que Tina Welter apprécie tout particulièrement et qu’elle espère pouvoir exercer à plus long terme, notamment avec les A. Histoire de continuer à prodiguer ses précieux conseils et de partager son expérience du haut niveau afin de faire naître des vocations chez les prochaines générations, même si elle a conscience «que pour l’instant, aucune fille n’a ce rêve» puisque la majorité préfère assurer un avenir «stable» car «on ne gagne pas des millions» dans ce sport. Mais qui sait ? Peut-être que d’ici quelques années, son parcours donnera des idées à l’une de ses futures protégées. Jusqu’à devenir professionnelle et battre ses records ? L’histoire serait belle.