Athlète, entraîneur, créateur du Sportlycée et désormais DTN du COSL : la vie de Raymond Conzemius a toujours été marquée d’un sceau : celui du sport !
Quand il a été désigné en 2021 pour prendre à terme la succession de Heinz Thews en tant que directeur technique national du COSL, personne n’a été surpris. Difficile, en effet, de trouver quelqu’un de plus légitime pour un tel poste que Raymond Conzemius. Homme aux mille vies. Toutes intimement liées au sport.
Le sport et lui : une love story qui date de sa plus tendre enfance. Quand le petit garçon de Soleuvre a d’abord poussé les portes du club de gym de Belvaux avant de rapidement prendre le même bus que sa grande sœur pour se rendre au stade Aline-Mayrisch. C’est là, à 9 ans qu’il découvre l’athlétisme. Une révélation : «Dès ma première séance, j’ai pratiqué le saut en hauteur. À la deuxième, j’ai beaucoup progressé. Je suis tombé amoureux de cette idée de m’envoler.»
À 15 ans, je sautais 2,08 m. À 18 ans, 2,20 m. Ça me permettait d’être le sixième meilleur junior au monde en 1984
Très doué, le garçon, qui fera également du cross pour travailler l’endurance, sera tout de suite pris en charge par Raymond Mores – «J’ai eu de la chance de l’avoir à mes côtés» –, tout en se rendant aussi régulièrement à Schifflange, sous la direction de l’entraîneur national Mett Kayser. Et ça va aller haut. Très haut : «À 15 ans, je sautais 2,08 m. À 18 ans, 2,20 m. Ça me permettait d’être le sixième meilleur junior au monde en 1984», se remémore celui qui détient toujours les meilleures performances de toutes les catégories d’âge. Il tentera la qualif pour Los Angeles. Mais échouera d’un rien : «J’ai sauté 2,19 m et il fallait faire 2,21 m.» Après des championnats d’Europe juniors à Cottbus l’année suivante (7e), son C.V. va connaître un trou de près d’une dizaine d’années. La faute à des blessures : «La plus grave se situait au niveau du genou droit. Le jumper’s knee, une inflammation du tendon rotulien.»
En bref
Né le 6 juin 1966, Raymond Conzemius découvre l’athlétisme à 9 ans, au Fola. Très doué, il bat tous les records en saut en hauteur et fait partie des meilleurs juniors au monde en 1984. Après des années d’absence à cause d’une grave blessure au genou, il revient plus fort et bat son record national en 1995 (2,22 m), marque qui n’est pas près d’être battue. Après sa carrière d’athlète, achevée en Islande avec un record de JPEE en 1995, il se lance dans l’entraînement. Entraîneur national des sauts pendant une dizaine d’année, il quitte ses fonctions pour devenir le directeur du Sportlycée, qu’il a créé avec Pascal Schaul. Au bout de 18 ans à sa tête, il rejoint le COSL pour prendre progressivement la succession de Heinz Thews en tant que directeur technique. Il lui a officiellement succédé en avril 2022.
Au retour de ses études de prof de sport à Louvain, il se lance dans le basket, du côté de Contern. Grâce à un traitement à Fribourg, son genou va mieux. Et il reprend le chemin des sautoirs… à 27 ans. Encore plus fort, il bat son record national en 1995 à Dudelange, avec une barre à 2,22 m. Insuffisant pour Atlanta (minima à 2,25 m). Il ne connaîtra jamais les Jeux durant sa carrière d’athlète. Qui s’achève en 1997 avec une médaille d’or et un record des JPEE (2,18 m) en Islande. Il a alors 31 ans.
Mais sa carrière d’athlète n’est qu’une des très nombreuses facettes de cet homme qui en impose avec ses 193 cm sous la toise. Entraîneur au Fola dès 1992 avec Frank Arendt, il passe son diplôme d’entraîneur à Cologne et deviendra pendant plusieurs années entraîneur national chargé des sauts.
En parallèle, il débute une collaboration avec l’ENEPS (École nationale de l’éducation physique et sportive). Et au décès de son responsable, il prend sa succession. On est en 2002, il arrête d’entraîner et se tourne définitivement vers le domaine de l’administration du sport.
Le tournant de 2004
S’il a réussi à repousser les limites en tant qu’athlète, il ne va pas changer de logiciel une fois de l’autre côté de la barrière. D’abord chargé de coordonner les classes sportives du lycée Aline-Mayrisch, il développe avec ses collègues la structure sport-études à l’INS à partir de 2007.
Mais c’est en 2004, Année européenne de l’éducation par le sport, à la suite d’une rencontre avec des homologues de la Grande Région, qu’il a l’idée de mettre en place une structure entièrement dédiée au développement sportif et scolaire des jeunes athlètes luxembourgeois. Et au bout de longues années de lutte politique, lui et Pascal Schaul vont lancer le Sportlycée, qui voit le jour officiellement en 2012. Une immense fierté : «On a réussi à mettre en place une structure dont personne ne voulait au début. Et l’année dernière, on a fêté les dix ans!»
S’il voit d’un bon œil la délocalisation de son «bébé» à Mamer (on parle de 2027), il la suivra de loin. En effet, il a décidé de passer la main après 18 années à la tête du Sportlycée, qui a vu défiler des sportifs comme Jenny Warling, Bob Jungels, Raphaël Stacchiotti, Sarah De Nutte, Leandro Barreiro, Thomas Grün, Matthieu Osch ou Julie Meynen, qui font tous partie du Wall of Fame de l’institution.
Le Sportlycée avait 18 ans, il était majeur. C’était le bon moment pour une dernière étape dans ma vie professionnelle
Athlète, coach, directeur de lycée, Raymond Conzemius voulait boucler la boucle. Et mettre davantage les mains dans le cambouis. Quand, en 2020, on l’approche pour prendre la succession de Heinz Thews en tant que DTN du COSL, il n’hésite pas une seconde : «Je me suis dit que c’était une belle occasion d’avoir une dernière étape dans ma vie professionnelle. Le Sportlycée avait 18 ans, il était majeur. C’était le bon moment.»
Un vrai challenge pour un homme alors âgé de 54 ans : «Au début, ce n’était pas évident de quitter sa zone de confort. Mais désormais, je me sens parfaitement bien dans mon rôle et avec mes collègues. C’est parfois bien de se remettre en question. Et au final, c’était un très bon choix.»
Son adjoint à Cracovie, Laurent Carnol, apprécie le personnage : «C’est quelqu’un qui voue une véritable passion pour le sport. De haut niveau, bien sûr, mais pas seulement. Il connaît le sport et met tout en œuvre pour le faire progresser. Et quand il est convaincu du bien-fondé de quelque chose, il va tout faire pour aller au bout. Notre collaboration est très bonne. Je suis content d’avoir eu la chance de le rencontrer et de travailler avec lui», indique l’ancien nageur.
Au volant de la camionnette du COSL
Après avoir contribué au développement des sportifs derrière un bureau, Raymond Conzemius est de nouveau au volant. Au propre, puisque c’est lui qui conduit la camionnette du COSL pour faire les 1 300 km qui séparent le Luxembourg de Cracovie, où se tiennent depuis mardi les Jeux européens, dont il est chef de mission : «Je transporte tout ce qui est médical et équipement spécifique. Cela évite d’avoir de mauvaises surprises avec l’avion. Ce n’est pas trop loin, donc c’était possible de se déplacer.»
S’il n’a pas eu l’occasion de vivre l’expérience olympique en tant qu’athlète, il a pu goûter aux joies des Jeux en 2021, du côté de Tokyo, en tant qu’assistant de Heinz Thews. Et dans un an, il sera aux commandes pour Paris : «En tant que chef de mission, on est là pour faire en sorte que les athlètes puissent se préparer au mieux. Aider les fédérations à se développer. Et également mener la délégation aux JO. Mais je ne suis pas tout seul. Avec l’arrivée de Laurent Carnol ou de Burkhard Disch dans la direction technique, je suis très bien entouré.»
Rendez-vous à la rentrée
À nos lecteurs : il s’agit du dernier portrait avant plusieurs semaines. Rendez-vous à la rentrée pour découvrir le parcours de nombreuses autres personnalités du sport luxembourgeois.